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La mafia nigériane impliquée dans le trafic d’êtres humains en Allemagne

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«Les renseignements allemands mettent en garde contre la mafia nigériane», titre l’hebdomadaire Spiegel. Cette analyse de la situation du crime organisé en Allemagne fait ressortir que les bandes nigérianes sont spécialisées dans l’esclavage sexuel. L’enquête a été menée par une unité du Service fédéral de renseignement allemand.

Les services secrets allemands affirment que les organisations mafieuses du Nigeria tentent d’utiliser le territoire allemand à leurs fins, écrit Nezavissimaïa gazeta. Le déplacement actif de réfugiés nigérians d’Italie en Allemagne risque d’entraîner une augmentation incontrôlée du nombre de «structures nigérianes actives de crime organisé extrêmement dangereuses», soulignent leur rapport.

D’après le Service fédéral des migrations et la police fédérale, plus de 10.000 Nigérians ont demandé l’asile en Allemagne en 2018. La majorité arrivent d’Italie, où se trouvent déjà plus de 100.000 réfugiés de ce pays. Les structures criminelles nigérianes comme Supreme Eiye Confraternity ou Black Axeу s’y sont solidement implantées.

Dans la plupart des cas, leur activité est devenue aussi dangereuse que celle de la mafia italienne, affirme le rapport du BND. La police italienne et espagnole considèrerait ces bandes comme une menace particulière et, en ce moment, ces dernières tenteraient de s’implanter en Allemagne. Parmi les réfugiés nigérians résidant en Allemagne, certains sont liés aux organisations qui tirent de grandes sommes d’argent de la traite des êtres humains.

Ainsi, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 80% de toutes les femmes nigérianes arrivant en Europe font en réalité partie de réseaux d’esclavage sexuel gérés par des structures criminelles. La violence psychique et les rituels vaudous seraient utilisés pour les forcer à une obéissance totale. Ils sont pratiqués au Nigeria par les ethnies Ewé et Yoruba.

Sachant que plus de 90% des femmes envoyées en Europe par les organisations criminelles, selon l’UNODC, sont originaires de Benin City, au sud du pays. D’ailleurs, au XVe siècle, cette ville était connue comme le centre du trafic d’esclaves organisé par les Portugais, et toute la région s’appelait alors Côte des Esclaves.

Le quotidien Die Welt rapporte qu’en 2017 déjà, le département pénal de la Rhénanie du Nord-Westphalie indiquait dans un communiqué sur la situation dans la région que les trafiquants nigérians d’êtres humains envoyaient spécialement des jeunes femmes en Allemagne à travers la Méditerranée pour les prostituer.

A Bochum, Düsseldorf, Duisburg et Oberhausen, une enquête a été menée sur l’activité de quatre bandes nigérianes qui transportaient les femmes et les forçaient à se prostituer. Des enquêtes similaires ont été menées en Bavière, qui étaient liées non seulement à la migration, mais également au trafic de stupéfiants.

La méthode utilisée par ces bandes est relativement simple: elles donnent à leurs victimes de faux documents pour les transporter par la route jusqu’en Libye, avant de les envoyer par bateau en Italie ou par avion en Turquie. Après quoi les femmes arrivaient en Allemagne via les Apennins ou les Balkans. Le prix d’un tel transfert peut coûter jusqu’à 60.000 euros, affirme Die Welt — des sommes que les femmes sont ensuite forcées de rembourser dans les maisons closes allemandes. Dans le cas contraire, les bandits menacent de tuer ou de mutiler les membres de leur famille au Nigeria.

Souvent, explique le quotidien, les femmes seraient forcées d’obéir à l’aide de rituels dits juju, notamment utilisés dans la pratique vaudou. Les amulettes et les «mots magiques» jouent un rôle décisif. Ils sont utilisés pour signer ce qu’on appelle des «pactes d’honneur» et pour contrôler leur exécution. De tels rituels sont souvent utilisés en Afrique aujourd’hui pour prédéterminer les résultats des matchs de
football. Ce qui témoigne de leur popularité.

D’après le renseignement allemand, les trafiquants nigérians utilisent actuellement de plus en plus souvent des vols directs. Pour cela, les réfugiés reçoivent les documents de Nigérians qui vivent déjà en Europe — la photo est modifiée, ou l’on choisit simplement des individus qui se ressemblent.

Le BND a refusé de répondre aux questions supplémentaires des journalistes vis-à-vis de cette enquête. Selon les agents, cela pourrait mettre en péril la vie des sources opérationnelles qui travaillent dans ces bandes. Dirk Steffen, directeur du département Afrique occidentale de la société Risk Intelligence, contacté par Die Welt pour obtenir des explications, pense que le refus des agents de donner des informations supplémentaires est tout à fait logique. Il pense que les bandes nigérianes sont plus enclines à la violence que d’autres groupes criminels en Europe. Et le danger est tout à fait réel pour les sources.

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.

Avec sputniknews

 

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