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Bref aperçu du secteur minier guinéen (Par Safayiou Diallo)

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Le secteur minier est souvent présenté comme porteur de croissance, vecteur du développement et de maintien du bien-être des populations. Malgré ce constat, les pays exportateurs de ressources minières restent sous-développés. D’où la théorie de la « malédiction des ressources » (Auty 1993 ; Sachts & Warner 1995).

La Guinée à l’image de beaucoup de pays en développement, fonde beaucoup d’espoir sur son secteur minier. Par ailleurs, les substances minérales produites dans notre cher pays sont entre autres : la bauxite, l’or et le diamant…

Parmi ces ressources minières, la bauxite occupe une place importante, avec des réserves évaluées à plus de 7 milliards de tonnes, soit la moitié des ressources mondiales. Le secteur minier constitue l’épine dorsale de l’économie guinéenne et contribue pour près de 20% au PIB et représente en moyenne 90% des recettes d’exportations et 25% des recettes propres de l’Etat (source, FMI 2018).

Nonobstant, le développement de ce secteur entraine la négligence des autres secteurs d’activités tels que : l’agriculture, l’élevage, la pêche (cas de la ville de Fria). Une telle politique a accru la vulnérabilité des populations locales car, au départ de Rusal, toute la population s’est retrouvé tout d’un coup dans le chômage. Pourtant, ce secteur serait le troisième employeur du pays après le secteur agricole et le secteur informel et cela malgré qu’il s’agit d’une activité qui nécessite beaucoup de capitaux et peu de main d’œuvre. Ainsi, selon le bulletin des statistiques minières parut en décembre 2018, le secteur minier ne fournirait que 18 843 emplois directs dans le pays.

Par ailleurs, l’exploitation minière s’est toujours soldée par des conflits en République de Guinée. Elle oppose notamment les populations locales aux opérateurs miniers autour du non-respect des engagements pris. Ces conflits peuvent provoquer des véritables émeutes, comme à Siguiri, en 2015, et à Boké, en 2017.

Cependant, la Guinée reste confrontée à la fluctuation du cours des matières premières sur le marché mondial (sur lequel d’ailleurs elle n’exerce aucun pouvoir de contrôle) mais aussi et surtout à la concentration en termes de destination de nos mines (la chine avec 99 % de la bauxite exportée puis l’inde 65% pour l’or).

En somme, des réformes courageuses devraient être entreprises dans le secteur minier afin de permettre au peuple guinéen de bénéficier de ce secteur, car, longtemps présenté comme un scandale géologique. A notre tous tour, nous disons que le paradoxe est que nous soyons nés dans ce scandale géologique, château d’eau de l’Afrique, avec une population majoritairement pauvre (55%), sans eau ni électricité ; alors qu’on vit dans un pays riche en ressources minières.

Mamadou Safayiou DIALLO
Analyste Économique
Enseignant-Chercheur

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