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Affaire projet de 3e mandat : esquisse de portrait des 20 (premiers) accusés du FNDC

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Les partisans de l’alternance démocratique réunis au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) sont déterminés à barrer la route à tout projet de nouvelle loi fondamentale devant permettre au président actuel de trouver l’occasion de se présenter candidat à sa propre succession en 2020. Ils ont déjà mis à l’index

20 promoteurs du 3e mandat en Guinée. Qui sont-ils ?  Voici notre esquisse de portrait !

Au cours d’une conférence de presse, les membres du FNDC ont publié vendredi 31 mai 2019 une première liste de 20 personnalités

dont des membres du gouvernement et de la galaxie Alpha Condé qui s’agitent «en faveur d’un troisième mandat au profit de l’actuel président de la république».Ce sont :

1 – Dr Mohamed Diané, Ministre de la Défense Nationale. Premier sur la liste, il fait partie des fidèles de l’actuel chef de l’Etat. Ancien gardien du temple du RPG (rebaptisé Rpg Arc-en-ciel) pendant les années de braise, Dr Diané a été de tous les combats pour l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir.

2- Ibrahima Kassory Fofana, Premier Ministre.

Il a bénéficié de cette haute fonction le 24 mai 2018 après avoir fondu sa formation politique le GPT au parti au pouvoir, le Rpg Arc-en-ciel.

Sous le régime du général Lansana Conté, cet économiste a été patron de l’Administration et contrôle des grands projets publics (ACGP). Il occupe plus tard le poste de ministre des Finances. Limogé, Fofana s’offre un exil doré aux Etats-Unis où il acquiert une coquette résidence et un diplôme qui font aujourd’hui l’objet de controverses.

3 – Naby Y. Kiridi Bangoura, ministre-secrétaire général à la Présidence.

Sociologue formé en France, il rentre au pays alors sous le régime du général Lansana Conté. Se présente comme un critique du régime pendant les rencontres publiques, mais très vite, il intègre l’administration Conté. Participe aux victoires électorales  du parti au pouvoir le PUP, puis devient ministre. En 2010, il est coopté par le directoire de campagne d’Alpha Condé qui récompense sa contribution par un poste de ministre à la Présidence.

4-Cheick Taliby Sylla, Ministre de l’Energie.

Ingénieur formé en Russie pendant l’époque soviétique, il doit sa nomination à sa participation remarquée dans la campagne présidentielle à Kindia où avec Oyé Guilavogui de l’Environnement, un autre natif de la localité, Taliby réussit à faire gagner Alpha Condé en 2010 et 2015.

5- Bantama Sow, ministre en charge de la Culture, des Sports et du patrimoine historique.

Alors étudiant à Kankan comme son homologue le ministre en charge de l’Habitat Dr Ibrahima Kourouma, il a très tôt marqué les années d’opposition de l’actuel parti au pouvoir.

Exilé en Côte d’Ivoire puis aux Etats-Unis, Sow doit tout ou presque à Alpha Condé. Au sein de la galaxie présidentielle, il est considéré comme l’enfant terrible du Rpg Arc-en-ciel.

6- Lansana Komara, Ministre de l’Enseignement Technique et de la formation professionnelle.

Illustre inconnu, il se présente comme un fidèle militant du Rpg Arc-en-ciel ayant tout sacrifié pour l’avènement d’Alpha Condé à la magistrature suprême. Son poste de secrétaire administratif du parti est une récompense qu’il doit aux caciques du régime dont l’un est l’actuel ministre de la Justice.

7-A.Damaro Camara, Député.

L’homme au crâne rasé fait partie du cercle des durs du Rpg Arc-en-ciel. Mais reste critiqué pour sa présumée responsabilité dans l’échec du fameux «Coup Diarra» de 1985 contre le régime Conté. Chef du groupe parlementaire de la majorité au pouvoir, Damaro Camara a été écarté à la dernière minute du Top5 des Premiers ministrables en faveur de Kassory Fofana.

8-Mohamed Saïd Fofana, Médiateur de la République.

Son soutien au projet de 3e mandat n’est pas nouveau. Ancien Premier
ministre, il est resté malléable. Sa docilité fait partie de ce qui lui a valu l’actuel poste de médiateur.

9- Amara Somparé, Ministre de la Communication.

Jeune loup aux dents longues, il est pourtant promu à un bel avenir de dirigeant moderne. Fils de l’ancien président de l’Assemblée nationale sous la dernière mandature du président Conté, il a su apporter du sang neuf à son département.

10-Baidy Aribot, Vice-gouverneur de la Banque Centrale.

Cet initiateur du mouvement «Tout Sauf Alpha», s’est allié à l’Ufr de Sidya Touré pour conquérir le poste de député uninominal de la commune de Kaloum à Conakry.

Devenu  secrétaire exécutif de l’Ufr, il renoue ses relations avec Alpha Condé qui fait nommer Touré Haut représentant et accorde au parti un poste de ministre de l’Elevage.

Comme récompense à Aribot, le locataire du palais présidentiel lui offre le très convoité poste de Vice-gouverneur de la Banque centrale.

11- A.Makissa Camara, Directeur national des Impôts.

Cet inspecteur des Impôts est très actif dans la zone de Fria, en Basse Guinée. Son nom apparait dans la quasi-totalité des manifestations officielles de soutien aux actions d’Alpha Condé et son régime.

12-Mouctar Diallo, Ministre de la jeunesse et de l’Emploi jeunes.

Leader du parti dénommé Nouvelles forces démocratiques (NFD), il se fait remarquer en 2009 au sein des Forces vives avec son glossaire « Dadis doit partir ». Nommé ministre de l’Elevage dans le gouvernement Jean-Marie Doré en 2010, il reprend sa place dans l’opposition dès la fin de la Transition dirigée par le général Sékouba Konaté. Lui et son actuel homologue Aboubacar Sylla des Transports, se font élire députés sous la bannière de l’Ufdg, le principal parti d’opposition au régime Alpha Condé. Habitué aux faveurs du pouvoir, il assène un coup de pied à ses compagnons pour s’embarquer à bord du navire aux commandes de l’Etat.

13- Malick Sankon, Directeur de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.

Ancien ambassadeur directeur du protocole d’Etat sous le régime Condé, puis leader de La Cause commune (LCC), parti fondu au Rpg Arc-en-ciel, ce champion de judo est un pilier du régime de l’opposant historique. Sa capacité de mobilisation en est pour beaucoup dans sa position actuelle de soutien inconditionnel de l’action d’Alpha Condé.

14- Boubacar Barry, Ministre du Commerce.

Ministre en charge de l’Habitat en 2008 sous le règne du capitaine Dadis Camra, Bouba Big Up est de ceux qui, à l’image de Kassory Fofana, ont fondu leur parti au Rpg Arc-en-ciel en 2018 dans le but d’obtenir une place au soleil durant les dernières années du régime Alpha Condé.

15-Ismaël Dioubaté, Ministre du Budget.

Financier de bonne carrure, il a été promu lors des campagnes de réélection d’Alpha Condé en 2015.

Au sein du parti au pouvoir, il est perçu comme un spécialiste en stratégies électorales doublé de financier respectueux de l’orthodoxie.

16-A. Makanéra Kaké,ancien Ministre.

Self-made man, cet homme à la petite taille doit sa position dans le régime Alpha Condé non pas à ses qualités de leader de minuscule parti, mais à son aptitude à exceller à droite et à gauche dans la défense de ses intérêts personnels et circonstanciels. Lui qui s’improvisait mouton du sacrifice contre tout éventuel maintien d’Alpha Condé au-delà de 2020 au palais présidentiel, soutient mordicus le changement de constitution.

17- Boucounta Diallo, avocat au Sénégal.

Dans son rôle de conseil, le robin sénégalais a toujours brillé par son soutien à Alpha Condé depuis le régime Conté. D’où l’inscription de son nom sur la première liste des promoteurs d’un éventuel 3e mandat en Guinée.

18-Albert Bourgi, juriste, France.

Avocat et conseiller politique de plusieurs présidents africains, Bourgi est dans son rôle et dans toutes
les sauces de Dakar à Bangui, en passant Conakry et Brazzaville. En Guinée, il aiguillonne tout ce qui s’oppose au changement de position de ses hommes-liges ou de ses honorables représentants. En France, il appartient au club des têtes brûlées qui ont coulé la droite française dont les ténors n’ont jamais pu reprendre du poil de la bête depuis la fin de l’ère Nicolas Sarkozy.

19-Pr Zogbélémou Togba, universitaire.

Appelé à diriger le ministère de la Justice dans le gouvernement Sidya Touré

en 1996, cet enseignant de carrière est venu tout frais de l’université de Cocody à Abidjan où il donnait des cours. Plusieurs fois député de l’Ufr, le «professeur» s’est sérieusement brouillé avec ce parti avant de prêter ses services à celui de l’actuel président de la République.

20-Toumany Sangaré, Directeur général de la Douane guinéenne.

Ce gabelou a jusque-là évolué dans la discrétion. N’associant ses activités sociales à aucune connotation politique, il apparait subitement sur la liste des 20 promoteurs d’un éventuel 3e mandat en complément d’effectif.

Toutefois, dans le tableau du FNDC, la lecture qui s’y fait de toutes ces personnalités est que leur action individuelle ou collective, suscite non seulement la violation de la Charte fondamentale de ce pays, mais serait responsable, complice de tous les manquements aux droits de l’homme qui peuvent en découler. D’ailleurs, les membres du FNDC menacent de saisir plusieurs juridictions et institutions internationales à savoir: la Cour pénale internationale (CPI), la Cour de justice de la Cedeao, le Haut commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH), l’Union Africaine (UA), la Cedeao, le Quai d’Orsay, Matignon, l’Elysée, l’Union européenne (UE) et le Secrétariat d’État américain contre toutes ces personnes incriminées et d’autres dont les noms seront publiés au fur et à mesure.

Réaction de la mouvance présidentielle

Au lendemain de la publication de la liste des 20 par le FNDC, la mouvance présidentielle a mis sur la place publique une déclaration dans laquelle elle écrit que «ces individus (du FNDC) ont, délibérément, choisi, au mépris des exigences de la démocratie et en violation flagrante de notre constitution qu’ils prétendent défendre, de prêcher la haine et la violence, de diffamer et calomnier des personnalités guinéennes et étrangères respectables, des acteurs politiques majeurs et plus légitimes qu’eux de la vie politique nationale.»

La mouvance note que les «victimes» de (ces) «dénonciations calomnieuses, ont la latitude d’user toutes les voies de recours pour défendre leur honneur et tous leurs Droits».

L’autre constat fait par la majorité présidentielle est «que beaucoup de ceux qui se réclament de la société civile, devenue une véritable nébuleuse et le réceptacle de toutes les médiocrités et de toutes les transgressions, ont tous un passé trouble et un parcours personnel plus trouble encore incompatibles avec leurs prétentions d’aujourd’hui et le rôle qu’ils voudraient jouer demain.»

Un constat qui l’amène à se demander si les membres du FNDC peuvent «parler, au nom du peuple, sans avoir reçu son mandat, à travers le suffrage universel ?»

Conclusion, la mouvance présidentielle estime que «tous (ces) individus (du FNDC) qui, par ignorance ou bêtise ou les deux à la fois, s’invitent imprudemment dans le débat public pour dire n’importe quoi sur n’importe qui se trompent d’époque et se méprennent à propos de la détermination des patriotes et des démocrates plus nombreux dans le pays à refuser toute forme de terrorisme intellectuel et de défiance à l’encontre de l’ordre établi».

Tout en prévenant «qu’aucune tentative ou tentation de remettre en cause les acquis démocratiques et d’attaquer les institutions du pays ne passera», la mouvance présidentielle affirme qu’elle «publiera (en temps utile) la liste de ses
ennemis publics»
.

Pour la simple raison que «ce sont ces individus qui se sont lancés dans une croisade de haine, de division du peuple, d’opposition entre les Guinéens, d’agression contre les citoyens et les institutions de la République qui méritent de figurer sur la liste noire et funeste des ennemis de la République et de fossoyeurs et pourfendeurs de la démocratie».

Et qui, obiter dictum, ne font qu’«alimenter la chronique des faits divers et nourrir les médias du pays».

Source : Le Populaire

 

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