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Afrique du Sud : comment l’État manipule le peuple

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Nous l’avons souvent vu, lorsque le gouvernement introduit une taxe ou une réglementation qui a des conséquences indésirables, et n’apporte rien, il crée une autre taxe ou autre réglementation. C’est malheureusement cette spirale que le gouvernement sud-africain a choisie pour générer des revenus.

Des taxes en cascade

Le Trésor public a annoncé que la taxe sur le carbone, apparemment «faible» en Afrique du Sud, serait remplacée par une taxe «élevée» en 2023. Cela signifie que les différentes exonérations fiscales existantes seront supprimées. En 2023, l’entreprise d’État Eskom deviendra alors redevable de la taxe. En tant que premier émetteur de carbone du pays, cela coûtera à l’entreprise publique 11 milliards de rands de taxes par an pour se conformer à la nouvelle réglementation.

C’est la situation idéale pour un gouvernement qui cherche de l’argent. Du fait du nouvel impôt à payer, Eskom répercutera d’évidence le coût sur ses tarifs. C’est bien sur le consommateur qui paiera la taxe. Ainsi, non seulement le gouvernement augmentera ses propres revenus en obligeant les Sud-Africains à payer le nouvel impôt, mais ce qui est absurde est de faire payer cet impôt à Eskom. Cette situation grotesque revient à prendre de l’argent de sa poche gauche pour le mettre dans sa poche droite. Entre temps, le consommateur va devoir payer. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement adopte un comportement aussi ridicule.

Compliquer l’embauche et augmenter le chômage

Il ne fait maintenant aucun doute que le fort taux de chômage de l’Afrique du Sud est le résultat d’un environnement très contraignant en matière de politique du travail. Les entreprises, en particulier les petites entreprises, hésitent à embaucher du personnel car elles ne peuvent tout simplement pas se permettre de se conformer à la multitude d’exigences définies par la législation du travail ou encore la Charte minière. Alors, que font-elles? Elles mécanisent, informatisent ou simplement ferment boutique et le chômage augmente.

Les pouvoirs que la loi confère aux syndicats n’inspirent pas non plus confiance aux investisseurs nationaux ou internationaux. Cela s’ajoute à l’environnement général hostile aux entreprises dans lequel celles-ci doivent opérer, avec des réglementations et des taxes qui entravent toute forme d’innovation ou d’expansion. La plupart des autres économies du monde, en particulier en Afrique, sont en croissance, l’Afrique du Sud dans tout cela est une exception.

En résumé, la récession économique et le problème de l’emploi de l’Afrique du Sud ne sont dus qu’à l’intervention du gouvernement sur le marché, et non à un «environnement économique international» nébuleux. Pourtant, le gouvernement a continue à proposer des solutions : un programme élargi de travaux publics, des pôles d’innovation, des centres d’emplois municipaux, ainsi qu’une multitude d’interventions, d’organisations et de groupes de travail destinés à aider les Sud-Africains à trouver du travail.

Ce sont les pauvres qui au final seront encore plus pauvres

Tous ces programmes et politiques coûtent très cher aux contribuables. En d’autres termes, encore une fois, le gouvernement a créé un problème et a ensuite proposé des «solutions» apparentes qui en définitive ne servent qu’à gonfler ses caisses à nos frais. La perversité de cette situation est encore aggravée: tous les impôts, sans exception, sont au final des impôts payés par les pauvres.

En effet, quel que soit le nombre de produits exemptés de la TVA, les charges de l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés censées être supportées par les riches sont ensuite répercutées sur le consommateur. Qu’il soit riche ou pauvre, il doit payer le même prix. En effet, les fournisseurs n’ont d’autre choix que d’augmenter le prix de vente de leurs biens et services. Tout le monde paie alors plus et ce sont les pauvres, qui ont moins de revenus disponibles,
qui en souffrent le plus. Si l’on prend l’exemple de la taxe sur le sucre de 1 rand sur une boisson coutant 11 rands, une personne n’ayant que 50 rands par mois à dépenser cela sera affectée de manière bien plus importante qu’une personne possédant 200 rands. Cela est vrai pour chaque taxe, car elle entraîne des coûts de mise en conformité plus élevés, et tous les coûts de mise en conformité sont considérés comme faisant partie des dépenses que les particuliers et les entreprises doivent répercuter sur ses clients.

Des militants se disant «pro-pauvres», malgré la noble cause qu’ils affichent, réclament des taxes plus élevées au nom de «la redistribution» ou de la «justice sociale». Avec leurs grandes idées moralisatrices, au final, ils compliquent la vie des plus vulnérables de notre société. Leurs nobles intentions les rendent aveugles aux conséquences involontaires mais réelles de leurs revendications.

La manière dont notre gouvernement se comporte pour capter l’argent du contribuable est profondément contraire à l’esprit de la Constitution, engageant l’Afrique du Sud à promouvoir les droits et les libertés individuels et à respecter l’état de droit. Ces valeurs sont bafouées. Les populations croulent sous les règlementations avec de moins en moins d’argent entre les mains. Sinon, comment le président pourrait-il organiser un somptueux sommet sur l’emploi ou comment South African Airways pourrait-elle continuer à voler?

Les nombreuses taxes arbitraires et les réglementations de plus en plus nombreuses et lourdes étouffent de l’état de droit. Bien que les gens n’aiment pas l’entendre, l’Afrique du Sud ne pourra échapper à sa crise économique qu’en réduisant considérablement les impôts, en allégeant les règlementations, et en libéralisant l’économie. Cela donnera un bol d’oxygène à l’économie qui lui manque depuis le milieu des années 2000. Cela permettra également aux plus démunis de conserver une plus grande partie du peu d’argent dont ils disposent et de trouver un emploi qu’ils méritent, sans avoir à participer à un programme d’emploi du gouvernement. Seule la liberté peut créer la prospérité.

Martin Van Staden, analyste pour The Free Market Foundation.

Article publié en collaboration avec Libre Afrique.

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