Face à la montée du chômage, le Congrès des syndicats sud-africains a appelé le gouvernement à amender la loi régissant les contrats de travail afin de rendre plus difficile le licenciement des travailleurs par les employeurs. Malheureusement, une telle mesure aura une conséquence dévastatrice : de moins en moins d’emplois seront créés.
Une incitation à ne surtout pas embaucher !
L’Afrique du Sud a bien au contraire un grand besoin de liberté dans son régime de droit du travail pour aider les chômeurs à trouver du travail. En effet, son environnement de travail est extrêmement peu attractif en raison de la difficulté de se conformer aux exigences légales et réglementaires, et en raison des pouvoirs quasi-étatiques des syndicats militants leur permettant d’imposer leur volonté, souvent avec violence. Ceux qui travaille en étroite collaboration avec la Commission de conciliation, de médiation et d’arbitrage dans le monde des ressources humaines racontent que leurs clients (les employeurs) préfèrent désormais ne pas embaucher de personnel tant il est devenu fastidieux de traiter avec le ministère du travail et de répondre aux revendications irraisonnables des syndicats. Ils préfèrent garder un petit nombre d’employés dignes de confiance et loyaux malgré la perte d’opportunités qui en résulte, ou, s’ils en sont capables, de mécaniser ou informatiser totalement leur production.
Mais, la véritable tragédie du droit de travail déjà lourd de l’Afrique du Sud n’est pas l’effet délétère qu’il a sur les créateurs d’emploi potentiels. Le véritable problème, ce sont les conséquences pour les personnes qui n’ont pas d’emploi. Plus de 10 millions de sans-emploi en Afrique du Sud se trouvent dans une situation impossible. Beaucoup d’entre eux sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à prendre n’importe quel travail, pour n’importe quel salaire. Ils ont des bouches à nourrir et des compétences à acquérir. Sans expérience, cependant, ils ne peuvent pas trouver de travail en raison du coût élevé du travail imposé (salaire minimum) par les lois et les politiques du gouvernement.
Un socle de pauvreté
Sur un marché du travail libre, les chômeurs seraient en mesure de trouver des emplois peu rémunérés nécessitant peu ou pas d’expérience, ce qui leur permettrait de développer leurs compétences et de trouver un meilleur travail par la suite. En effet, l’indice de la liberté économique dans le monde est révélateur à cet égard. Il en ressort que sur les marchés les plus libres, les 10% des plus pauvres de la population (premier quartile du classement) gagnent environ huit fois plus d’argent que les 10% les plus pauvres (quatrième quartile du classement) des marchés les plus réglementés au monde. L’Afrique du Sud se situe dans le troisième quartile, et son rang est en recul dans le classement de liberté économique. Plus nous réglementons en général, en particulier le secteur du travail, moins les pauvres gagneront d’argent.
Sur le marché de travail sur-réglementé en Afrique du Sud, parce que les employeurs doivent franchir de multiples obstacles bureaucratiques et politiques (par exemple, gérer des relations délicates avec les syndicats et les régulateurs et veiller à se conformer aux nombreuses lois et réglementations), et à cause du nouveau salaire minimum national, les employeurs deviennent forcément plus exigeants et ils insistent sur le fait que les travailleurs soient suffisamment expérimentés pour que leur embauche devienne rentable. Les chômeurs, s’ils ne sont pas qualifiés, sont condamnés à une indigence perpétuelle et on doit dire clairement que leur situation est directement liée au lobby des syndicats irresponsables. La modification de la loi pour compliquer les procédures de licenciements, poussera les créateurs d’emplois potentiels à réduire drastiquement leurs offres d’emplois.
La sonnette d’alarme a non seulement retenti pour les chômeurs actuels, mais également pour les futurs
entrepreneurs désireux de se lancer sur un marché nouveaux avec une idée commerciale innovante. Ces entrepreneurs risquent en effet reculer face à la difficultés d’un environnement encadré de contraintes et de freins. Il faut donc bien comprendre que ce n’est pas parce que nos lois du travail sont trop laxistes que le chômage progresse, mais bien au contraire, parce qu’elles sont trop rigides et coercitives.
Tenter la liberté qui a marché ailleurs
L’urgence du gouvernement est de rapidement améliorer l’environnement du travail en Afrique du Sud pour ramener les investisseurs. Pour cela, il faut plus de liberté. Des mesures certes attractives mais peu réfléchies, telles que le salaire minimum national, doivent être immédiatement abrogées. Le pays doit s’inspirer des bonnes politiques menées avec succès ailleurs tout en faisant l’effort de les adapter au contexte. Par exemple, un employé devrait être autorisé à se retirer volontairement des prétendues protections qui lui sont offertes par le droit du travail en vigueur, de manière à conclure un contrat qu’il juge avantageux pour lui.
Pour beaucoup de personnes, la liberté est une pilule parfois amère à avaler, et on ne peut que comprendre leur raisonnement. Personne ne veut que les citoyens les plus vulnérables soient exploités par de puissants intérêts commerciaux. La situation en Afrique du Sud est cependant désastreuse. Les particuliers fortunés, toujours créateurs d’emplois, quittent nos rivages en masse et emportent leur capital avec eux. Ils ont perdu tout intérêt pour l’Afrique du Sud parce que le gouvernement et ses alliés, les syndicats, les ont empêchés d’exercer leur activité. Si les chômeurs pouvaient se permettre de quitter l’Afrique du Sud, ils le feraient pour la même raison mais malheureusement, n’en ayant pas les moyens, ils demeurent captifs.
L’histoire nous a montré comment les pauvres fuyaient des environnements économiques réglementés tels que la Corée du Nord, l’Allemagne de l’Est et Cuba vers des environnements économiques relativement libres tels que la Corée du Sud, l’Allemagne de l’Ouest et les États-Unis. Malheureusement pour les pauvres de l’Afrique du Sud, il n’existe pas de Mecque du libre marché de l’autre côté des frontières qui puisse absorber des millions de migrants économiques.
Nous sommes confrontés à des choix difficiles que personne ne veut faire, mais qui sont inévitables. Si nous suivons l’initiative de la Centrale syndicale Cosatu, cela pourrait être idéologiquement satisfaisant, mais cela mènerait à une ruine à long terme. L’Afrique du Sud doit au contraire examiner ce qui a fonctionné sans exception à l’étranger: des marchés plus libres, avec moins d’obstacles gouvernementaux, génèrent la prospérité, en particulier pour les pauvres.
Martin Van Staden, analyste pour the Free Market Foundation.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.
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