La Commission électorale nationale indépendante du Togo a annoncé, dans la nuit de dimanche à lundi, que le chef de l’État Faure Gnassingbé avait été largement réélu dès le premier tour de la présidentielle qui s’est tenue samedi. L’opposition dénonce des fraudes et revendique la victoire.
Une réélection dès le premier tour et un quatrième mandat pour Faure Gnassingbé. C’est ce qu’a proclamé, dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 février, la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Selon ces résultats officiels préliminaires, le président togolais obtient 72,36 % des voix, très loin devant le candidat de l’opposition Agbéyomé Kodjo, qui récolte seulement 18,37 % des suffrages. Ce dernier dénonce des fraudes et revendique lui aussi la victoire. Le troisième candidat, Jean-Pierre Fabre, se contente de 4,35 % des voix. Sept candidats au total étaient en lice. La Cour suprême doit communiquer les résultats définitifs dans les prochains jours.
Le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, qui est aussi l’un des premiers soutiens du chef de l’État, a évoqué « un score inédit » et un « plébiscite » pour le candidat du parti au pouvoir, Union pour la République (Unir). Il avait été élu avec un peu plus de 58 % des voix il y a cinq ans.
Hausse de la participation
Le taux de participation est de 76,63 %, là aussi bien plus élevé qu’en 2015 (60,99 %). C’est la première fois que des résultats sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin présidentiel qui s’est déroulé samedi dans le calme.
Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassigbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins très contestés par l’opposition.
Quelques heures avant l’annonce des résultats officiels, l’outsider de l’opposition Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, s’était quant à lui autoproclamé « président démocratiquement élu ».
« Au regard des résultats que nous avons compilés à travers les procès verbaux en notre disposition notre candidat a gagné l’élection présidentielle (…) au premier tour avec un score oscillant entre 57 et 61 % », a-t-il déclaré à la presse depuis son domicile à Lomé. « Je suis le président démocratiquement élu, et je m’engage à former un gouvernement inclusif dans les prochains jours », a-t-il ajouté, invitant le président sortant à « un sursaut patriotique pour un transfert pacifique du pouvoir ».
« Nombreuses fraudes »
Agbéyomé Kodjo avait dès samedi soir dénoncé de « nombreuses fraudes » ayant émaillé le scrutin, assurant que le vote avait été « un véritable tsunami » en sa faveur. Le candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD) avait créé la surprise samedi lors du dépouillement, notamment à Lomé, la capitale, où il a devancé l’Alliance nationale pour le changement (ANC), le parti du leader historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre.
Le vote s’est déroulé sans violence, mais la société civile a recensé des bourrages d’urnes et des inversions de résultats. Des délégués de l’opposition se sont également vu refuser les accès dans certains bureaux de vote, selon l’opposition, et Internet a été coupé par intermittence dans la capitale ou totalement dans certaines régions sensibles.
Ces incidents s’ajoutent au retrait d’accréditation de nombreux observateurs de l’Église et de la société civile ainsi qu’à l’abandon du système de sécurisation électronique des résultats quelques jours avant le vote.
Ces résultats sont un coup de massue pour l’opposant historique Jean-Pierre Fabre, qui avait d’ailleurs reconnu sa défaite dès samedi soir par un bref communiqué.
Nombre de Togolais reprochaient à ce rival historique du chef de l’État de ne pas avoir su tirer profit des manifestations monstres de 2017-2018, où des dizaines de milliers de personnes sont régulièrement descendues dans les rues pour demander la démission de « Faure ».
Avec AFP/France24
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