L’ancien Premier ministre togolais, Apollinaire Yaovi Agboyibor, est décédé, hier, samedi 30 mai 2020 à Paris, à 77 ans. La disparition de l’ancien bâtonnier devenu homme politique est une grande perte dans l’arène politique togolaise.
Dans son Kouvé natal, on l’appelle « maître » pour sa profession d’avocat, le métier qu’il a exercé plusieurs années durant. Grand orateur, froid dans ses plaidoiries et cynique dans la défense comme disent ceux qui l’ont croisé dans le prétoire. Il est l’artisan du barreau moderne du Togo.
Réclame la liberté d’expression
Seul député indépendant, aimait-il à répéter, au Parlement du parti unique en 1984, Apollinaire Yaovi Agboyibor a réussi à convaincre Eyadéma Gnassingbé, créant en 1987, la commission nationale des droits de l’homme au Togo, une première en Afrique.
Il trouve alors de l’espace, réclame la liberté d’expression et prend le devant de la lutte pour la démocratisation à la fin de ces années 80 pendant que les tracts de dénonciation circulaient sous le manteau.
« Institutions verrouillées »
L’avocat rentre en politique en 1990 avec son parti, le Comité d’action pour le renouveau (CAR), le parti des déshérités. Candidat à la présidentielle de 98, il n’obtient que 9,5% des voix. Eyadéma est réélu, mais les résultats sont contestés par Gilchrist Olympio, principal opposant. A ses côtés, Yaovi Agboyibor parvient à conclure l’Accord cadre de Lomé.
Mais l’entente censée calmer les dissensions entre parti au pouvoir et opposition ne dure pas : en 2001, Agboyibor est emprisonné suite à une plainte en diffamation déposée par Agbéyomé Kodjo. Candidat malheureux aux présidentielles de 2003 et de 2010, cet avocat avait pris ses distances du jeu politique. Très critique sur le déroulement des derniers scrutins de cette année et de la posture prise par l’opposition, Yawovi Agboyibor était persuadé que « des institutions verrouillées » ne pouvaient pas conduire à des élections équitables.
RFI
Les commentaires sont fermés.