Cet ancien soldat devenu entrepreneur et philanthrope avait été emprisonné pendant vingt mois. Relâché en janvier, il avait décidé au début du mois de fonder un groupe rebelle, le mouvement du 7 octobre. Les forces de sécurité ont finalement annoncé l’avoir abattu dimanche dans le centre du pays après quatre jours d’affrontements.
Dix jours seulement après avoir lancé son groupe rebelle, Kerbino Wol a été tué. Il a été abattu dans un village avec trois combattants « alors qu’il allait lancer des attaques contre l’armée et ne voulait pas négocier », a déclaré le porte-parole des forces de défense. Le major-général Lul Ruai Koang a ajouté que des renseignements avaient permis de le localiser, de l’attaquer et d’« étouffer cette rébellion dans l’œuf ».
Kerbino Wol avait connu un destin hors norme. Lui et sa famille avait fui vers l’Éthiopie durant la guerre civile contre Khartoum, lorsque le Soudan était encore unifié. Durant son exil, il avait été recruté dans l’armée rouge, un contingent d’enfant soldats. Il aurait ensuite combattu parmi les rebelles, servi de garde de corps ou encore travaillé dans les renseignements.
Après la guerre, il était devenu entrepreneur et philanthrope. Avec 200 dollars en poche, il avait fondé KASS, aujourd’hui l’une des principales sociétés de sécurité du pays, employant 2000 jeunes.
Il avait ouvert la Fondation Nil pour aider la jeunesse sud-soudanaise. Arrêté en avril 2018, il a été détenu par les services secrets pendant des mois sans aucune charge. Amnesty International avait souvent dénoncé son incarcération.
Finalement condamné à quinze ans de prison pour mutinerie, il avait été relâché en janvier à la faveur d’une amnistie. « Sa décision de prendre les armes résulte de l’injustice que lui et son pays ont subi », a réagi le politicien Wol Deng Atak, en apprenant la mort de Kerbino Wol.
RFI
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