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Troisième mandat du président guinéen : quand Condé dresse le bûcher contre son pays

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On le voyait venir et il est enfin arrivé. Alpha Condé sera bel et bien sur la ligne de départ de la prochaine présidentielle en Guinée. L’annonce en a été officiellement faite le 31 août dernier, à travers un communiqué radiotélévisé signé de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) Arc-en-ciel, et des partis alliés. Honnis soient donc tous ceux qui disaient qu’on prêtait des intentions malveillantes au chef de l’Etat guinéen et demandaient de ne pas devancer l’iguane dans l’eau. Maintenant que le petit reptile est dans l’eau, le débat sur un éventuel départ du président guinéen dans la course à sa propre succession, semble à présent clos. En tout cas, le locataire du palais Sékoutoureya, par ailleurs scénariste en chef de cette candidature contestée, n’est pas resté insensible aux « supplications » de ses partisans pour consentir le « douloureux sacrifice » de sa personne pour le « bonheur » de son peuple. Quel patriotisme ! Seulement, le scénario de l’ombre qu’il a choisi, semble révélateur du fait que, même sans le dire, Alpha Condé est ou a toujours été gêné aux entournures par la question du troisième mandat qui a fait, au-delà des vagues et des gorges chaudes, de nombreux morts parmi ses compatriotes.

La question est maintenant de savoir où l’annonce de cette candidature peut conduire la Guinée

Même si tout cela ne constitue pas pour lui un cas de conscience, il est conscient de la forfaiture qu’il s’apprête à commettre dans son pays. D’où la stratégie d’avancer masqué, pour ne tomber le masque qu’au dernier moment. Mais c’est aussi la preuve qu’Alpha Condé refuse d’assumer pleinement son acte parce qu’il sait en son for intérieur, que l’acte qu’il cherchait depuis longtemps à poser, est loin d’être un acte de noblesse. Cela dit, on peut avoir la faiblesse de croire que la récente décision du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), de se lancer lui aussi à la conquête  d’un troisième mandat, a dopé le président guinéen qui faisait déjà face à une forte contestation à l’intérieur, sans oublier les alarmes sonnées depuis l’extérieur comme cette mission de médiation de ses pairs de la CEDEAO qu’il avait diplomatiquement éconduite ou encore l’avertissement de la CPI (Cour pénale internationale) qui sonnait comme un coup de semonce qui ne l’a pourtant pas fait reculer. Autant de faits   qui viennent fonder l’argument qu’en annonçant sa candidature à ce troisième mandat querellé, Alpha Condé dresse le bûcher contre son pays. La Guinée peut brûler, pourvu que lui, Condé, atteigne son objectif de conservation du pouvoir. C’est dire si le Professeur a choisi la voie de la brutalité pour imposer sa candidature, quelles que soient les conséquences qui pourront en découler. Mais il aura été prévenu. Et l’on ne serait pas étonné qu’il n’y ait personne pour le pleurer, si malheur lui arrivait sur le chemin périlleux qu’il a choisi d’emprunter en son âme et conscience. La question est maintenant de savoir où l’annonce de cette candidature peut conduire la Guinée. Dans le cas d’espèce, on peut s’attendre à entrer dans une zone de fortes turbulences avant, pendant et après l’élection présidentielle. Et il faut craindre le pire.

Il est affligeant de voir des chefs d’Etat africains sonner l’heure des coups d’Etat constitutionnels

Car, l’une des conséquences immédiates de cette candidature, est que non seulement la rue va gronder à nouveau, mais aussi l’on peut craindre qu’il pleuve des torrents de larmes sur Conakry où le sang des Guinéens va couler encore à flots, rien que pour un fauteuil. Cela en vaut-il  vraiment la peine, ce fauteuil, fût-il présidentiel ? Assurément, non ! C’est dire si après deux quinquennats successifs, la sagesse n’aura pas prévalu dans la décision de l’octogénaire président guinéen. Jusqu’au bout !  Cela dit, on sait que généralement, les dictateurs africains au rang desquels Condé, comptent sur le soutien de la Grande muette pour parvenir
à leurs fins. C’est donc le lieu d’appeler l’armée guinéenne à rester républicaine et à ne pas retourner ses armes contre le peuple, à défaut de faire le choix de ce même peuple contre le tyran. Quoi qu’il en soit, pour quelqu’un qui se dit démocrate, on se demande de quelle démocratie parle Alpha Condé. S’il s’agit de   patrimonialisation du pouvoir, ce n’est pas pour cela que les Guinéens avaient fait confiance à l’opposant historique qu’il était.  En tout état de cause, maintenant que les dés de la candidature de Condé sont jetés, on attend de voir la suite et surtout la réaction de ses contempteurs réunis au sein du Front national de défense de la Constitution (FNDC). En attendant, à l’heure où l’Afrique en quête de démocratie véritable, est encore à la recherche de ses marques, il est affligeant de voir, après le printemps des coups d’Etat militaires que l’on croyait révolus, des chefs d’Etat africains sonner l’heure des coups d’Etat constitutionnels. La déception est encore plus grande quand le mauvais exemple vient de ces opposants historiques devenus présidents, mais qui finissent, à l’épreuve du pouvoir, par se montrer sous leur vrai jour en s’érigeant en véritables fossoyeurs de la démocratie et en premiers ennemis de l’alternance. Il faut cesser de tromper le peuple et de jouer avec son avenir.

«  Le Pays »

 

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