Selon nos informations, Emmanuel Macron a confié craindre que le troisième mandat contesté de son homologue ivoirien puisse susciter des tensions sociopolitiques dans le pays, alors que des violences ont déjà fait plusieurs morts dans différentes localités mi-août.
Le président français a suggéré à Alassane Ouattara (ADO) de procéder à un report du scrutin afin de lui permettre, ainsi qu’à Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, de se retirer. Ce délai lui donnerait en effet la possibilité de faciliter l’ouverture d’un dialogue avec ses deux principaux opposants et de trouver un successeur pour opérer le « changement générationnel » initialement promis. Mais le chef de l’État ivoirien a refusé.
Des violences « téléguidées »
Ce dernier, très déterminé, a rappelé à son hôte qu’il n’avait pas eu d’autre choix que de se représenter après le décès de son dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet.
ADO lui a également assuré qu’il ne fallait pas s’inquiéter sur la tournure que pouvaient prendre les événements. Il lui a garanti que la situation est aujourd’hui « sous contrôle », lui expliquant notamment que les dernières violences étaient très localisées et téléguidées par Henri Konan Bédié et Simone Gbagbo. Un discours résolument optimiste versant parfois, selon une source française, dans « l’excès de confiance ».
Bédié, Gbagbo et Soro
De son côté, Emmanuel Macron a alerté son homologue sur le risque de crise post-électorale si des gestes d’apaisement n’étaient pas effectués en amont du scrutin. Outre un report de l’élection, le cas de Laurent Gbagbo et de son retour en Côte d’Ivoire a aussi été évoqué. Le chef de l’État français a insisté sur les capacités de mobilisation de l’ex-président ivoirien et la nécessité de parvenir à un accord avec lui.
ADO lui a répondu qu’une fois réélu, il engagerait une réconciliation avec Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo et qu’il favoriserait le retour au pays de ce dernier. Une éventuelle libération des députés proches de Guillaume Soro détenus à Abidjan a également été abordée.
Alassane Ouattara s’est néanmoins plaint du comportement de l’ancien président de l’Assemblée nationale, qui multiplie les critiques à son encontre depuis Paris. Emmanuel Macron a répondu qu’il ne pouvait pas empêcher un opposant de s’exprimer sur la politique de son pays mais qu’il n’acceptait pas d’être utilisé comme un argument de campagne électorale.
Message lui a donc été passé, par l’Élysée, de cesser ses attaques personnelles « inacceptables » contre le président.
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