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Guinée : dernière ligne droite d’une campagne mouvementée

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Les Guinéens assistent à une campagne électorale émaillée de violences verbales et physiques, des violences qui ont pris le pas sur l’échange démocratique.

Les Guinéens sont appelés aux urnes le 18 octobre prochain pour l’élection présidentielle. Outre la pandémie de Covid-19, la fermeture des frontières avec certains pays voisins, les Guinéens ont aussi assisté à une campagne électorale émaillée de violences verbales et physiques, des violences qui ont pris le pas sur l’échange démocratique autour des programmes des candidats.

A moins d’une semaine du scrutin, les appels à la haine ethnique et les violences se sont multipliées. Une dégradation qui a provoqué une mise en garde de Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.

Cellou Dalein Diallo, le principal opposant à Alpha Condé, a par exemple été empêché le week-end dernier de se rendre à Kankan, dans le nord du pays, dans une région considérée comme étant le fief du chef de l’Etat.

Ce lundi (12.10.2020) lors d’une conférence de presse, l’opposant a dénoncé une intimidation du pouvoir, qui aurat dépêché une centaine de jeunes pour barrer la route à son cortège en pleine brousse.

L’opposant a mis en garde contre une tentative de « hold-up » de l’élection, et prévenu que « la rue sera là » et prête à se mobiliser en fonction des résultats.

Risque de violences ethniques ?

Ces messages occultent les vrais thèmes de campagne des candidats, comme l’explique Helene Zogbelemou, membre de la société civile guinéenne.

‘’La campagne n’est pas en train d’être menée sur les faits de société mais ce sont des violences, ce sont des propos incendiaires, des propos extrémistes qui sont tenus par nos partis politiques. Cela fait qu’aujourd’hui franchement nous sommes sur une braise, on ne sait pas quand ça va s’enflammer  ».

Difficile d’avoir une campagne électorale sur la base d’un débat démocratique en Guinée car les candidats s’appuient sur l’instrumentalisation de  la population, estime le sociologue guinéen Mamadou Sounoussy Diallo.

‘’Les candidats n’ont pas de projets de société à présenter à la population, ou s’ils en ont, ils ne savent pas les expliquer. La population est instrumentalisée, elle est analphabète, donc c’est l’instrumentalisation, l’ethno-stratégie qui existe entre les ethnies en Guinée qui a été valorisée par les politiciens pour arriver à leurs fins. »

Le contexte guinéen est banalement violent

Les affrontements entre partisans du gouvernement et de l’opposition lors de la campagne ont ravivé les vieilles tensions politiques et ethniques dans le pays. Le mois dernier, deux organisations des droits de l’homme, Amnesty International et Human Rights Watch, ont mis en garde contre les dérapages constatés pendant cette campagne électorale.

Fabien Offner est chercheur à Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest.

‘’Les personnalités politiques utilisent en grande partie le facteur ethnique pour mobiliser des voix. Et ce qui amène effectivement certains discours potentiellement très dangereux. Donc le contexte guinéen est banalement violent‘’.

La campagne électorale est comme souvent agitée en Guinée, avec plusieurs morts recensés, dont un fin septembre à Dalaba, au centre du pays.

DW

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