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Le procès d’un criminel de guerre présumé libérien débute en Suisse

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Le procès doublement historique de l’ex-commandant rebelle libérien Alieu Kosiah, accusé d’avoir commis des atrocités entre 1993 et 1995 pendant la guerre civile dans son pays, s’est ouvert jeudi en Suisse.

Détenu depuis novembre 2014 après son arrestation en Suisse, Kosiah, 45 ans, s’est présenté devant le Tribunal pénal fédéral, à Bellinzone, en compagnie de son avocat commis d’office Me Dimitri Gianoli.

Les débats ne sont pas à huis-clos mais le nombre de places dans la salle d’audience est extrêmement restreint en raison de la crise sanitaire.

Interrogé par le président de la cour Jean-Luc Bacher, Kosiah a souligné qu’il était en prison « depuis six ans et un mois », a rapporté l’agence de presse suisse ATS. Il est ressorti des premiers échanges que l’accusé conteste tous les faits qui lui sont reprochés.

Aucun Libérien n’a été condamné jusqu’ici, dans son pays ou à l’étranger, pour des crimes de guerre commis pendant la guerre civile au Liberia.

En outre, comme l’explique Human Rights Watch (HRW), Alieu Kosiah « est le premier individu à être jugé pour crimes de guerre par un tribunal pénal non militaire en Suisse ».

Un des principaux acteurs du conflit, l’ex-chef de guerre devenu président (1997-2003) Charles Taylor, avait été condamné en 2012 pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone, voisin du Liberia, mais il n’a pas été inquiété pour les atrocités commises dans son propre pays d’Afrique de l’Ouest.

Le conflit au Libéria, l’un des plus atroces survenus sur le continent africain, a fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003.

La plupart des commandants des différents groupes armés ont fui le pays après la guerre.

Kosiah, qui vivait en Suisse depuis 1999 selon HRW, a été arrêté à la suite de plaintes pénales déposées par des victimes.

Utilisation d’enfants soldats

En raison de la pandémie de Covid-19, les victimes, qui résident en Afrique, ne seront pas entendues avant 2021. Ce que déplore l’organisation Civitas Maxima, qui représente une partie d’entre elles.

« C’est un dossier où Kosiah prétend qu’ils mentent tous et qu’il n’a commis aucun crime. Nous, nous voulons que ce débat contradictoire ait lieu », a expliqué à l’AFP Romain Wavre, avocat chez Civitas Maxima.

Le parquet fédéral helvétique accuse Alieu Kosiah d’avoir commis, entre 1993 et 1995, en qualité de membre de l’ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy), faction de groupes armés hostiles au mouvement de Charles Taylor (le Front national patriotique du Liberia, NPFL), plusieurs infractions constitutives de « crimes de guerre ».

A savoir: recrutement et utilisation d’enfants soldats, transports forcés, pillage, traitement cruel de civils, tentative de meurtre, meurtres (directement ou par ordre), profanation d’un cadavre et viol.

« Impunité »

En France, le parquet antiterroriste a récemment requis un procès aux assises contre un autre ex-commandant rebelle libérien, Kunti K., accusé d’actes de torture.

« Alieu Kosiah et Kunti K. étaient deux des commandants du même groupe armé – ULIMO – et combattaient au même moment dans le Lofa County, dans le nord du Libéria », a expliqué M. Wavre, de Civitas Maxima.

Plus de quinze ans après la fin du confit, un grand nombre de personnalités directement impliquées dans la guerre civile occupent toujours des positions importantes dans les sphères du pouvoir politique et économique.

Les recommandations du rapport de la Commission vérité et réconciliation (TRC) publié en 2009 sont restées largement lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix.

« Il y a une énorme frustration de beaucoup de victimes au Liberia parce qu’il y a une complète impunité qui règne dans ce pays quand il s’agit de la poursuite des crimes de guerre », a déploré le directeur de Civitas Maxima, l’avocat Alain Werner.

AFP

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