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Sécurité physique et numérique : arrestation et détention

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La couverture de certains sujets — tels que les violations des droits de l’homme, la corruption ou les troubles civils — peut vous exposer à un risque accru d’arrestation et de détention, en particulier dans les pays à régime autoritaire ou à forte présence militaire et policière.

Lorsque vous êtes confronté(e) aux autorités, il est généralement prudent de vous conformer à leurs ordres, même s’ils ne sont pas légaux, afin de protéger votre sécurité.

Les journalistes doivent tenir compte des conseils de sécurité numérique et physique suivants pour mieux se protéger.

Conseils en matière de sécurité numérique

Prendre des mesures pour sécuriser vos appareils et vos données avant une éventuelle détention ou arrestation peut réduire la possibilité que d’autres personnes aient accès à des informations sur vous et vos sources.

Préparation de vos dispositifs

Si vous êtes arrêté(e) ou détenu(e), vos appareils peuvent être confisqués et fouillés.

Prenez les mesures suivantes pour sécuriser votre appareil et vos données :

  • Sécurisez vos appareils à l’aide d’un verrou par code d’accès ou d’un mot de passe. Sachez que cela n’empêchera peut-être pas les autorités de le déverrouiller.
  • Connaissez la législation relative à l’utilisation du cryptage dans le pays où vous vous rendez et envisagez d’activer le cryptage pour vos ordinateurs et appareils Android. Les derniers iPhones sont équipés d’un cryptage standard. Vous devrez éteindre votre appareil pour activer le cryptage.
  • Sachez quelles données, y compris les documents et les photos, sont conservées sur vos appareils et où elles se trouvent. Supprimez les données qui, selon vous, vous mettent en danger.
  • Sauvegardez régulièrement vos informations sur un périphérique de stockage externe, tel qu’un disque dur. Vous devez ensuite supprimer de l’appareil le contenu sauvegardé. Sachez que les autorités ou des groupes criminels dotés de moyens techniques sophistiqués peuvent toujours récupérer le contenu supprimé.
  • Cryptez vos disques externes. Il est conseillé de conserver des copies de vos données sur plusieurs disques et de les stocker dans des endroits séparés, préférablement pas chez vous ou au bureau, où l’on pourrait entreprendre des fouilles si vous êtes détenu(e).
  • Effacez régulièrement votre historique de navigation et déconnectez-vous régulièrement de tous vos comptes.
  • Sachez quel est le contenu de vos applications de messagerie et mettez en place un processus de sauvegarde et de suppression régulière du contenu.
  • Gérez les contacts enregistrés dans vos téléphones et vos applications de messagerie. Supprimez les informations concernant les personnes qui, selon vous, pourraient vous mettre en danger ou les mettre en danger. Sachez que les contacts sont stockés dans les applications et dans le nuage, ainsi que sur la carte SIM.
  • Configurez vos appareils pour un effacement à distance. Si vous craignez de ne pas avoir le temps d’effacer vos appareils en cas d’arrestation ou de détention, vous devriez demander à un contact de confiance de les effacer pour vous. Un appareil ne s’efface que s’il est connecté à Internet ou à des données mobiles. Demandez-vous si le fait d’effacer votre appareil vous rendra plus suspect.
  • Si vos appareils quittent votre champ de vision et vous sont ensuite rendus à une date ultérieure, il se peut qu’ils aient été infectés par un logiciel espion. Si possible, vous devriez acheter de nouveaux appareils. Si ce n’est pas possible, vous devez effectuer une réinitialisation de votre téléphone en usine, mais sachez qu’elle ne supprimera peut-être pas le logiciel espion.

Protéger vos comptes

Si vous êtes détenu(e), on vous demandera peut-être de donner vos mots de passe pour vos comptes en ligne. Bien que vous ne puissiez pas empêcher les gens d’accéder à vos comptes, vous pouvez prendre des mesures préventives pour limiter les données dont ils disposent.

Limitez l’accès des personnes au contenu de vos comptes :

  • Vérifiez régulièrement le contenu de tous vos comptes, en particulier le courrier électronique et les médias sociaux. Sachez quelles informations pourraient vous mettre en danger ou mettre d’autres personnes en danger.
  • Sauvegardez et supprimez régulièrement le contenu de ces comptes, y compris les anciens courriels et messages sur les médias sociaux. Sachez que ce contenu ne sera supprimé que de votre compte à vous ; il ne sera pas supprimé du compte de la personne avec laquelle vous êtes en contact. À moins que le service que vous utilisez ne soit crypté de bout en bout, comme Signal ou WhatsApp, une copie de toutes vos données, y compris les e-mails et les messages, est conservée par la société et peut faire l’objet d’une citation à comparaître par les gouvernements.
  • Vos comptes de médias sociaux livrent beaucoup d’informations sur les personnes avec lesquelles vous êtes en contact via vos listes de suiveurs et d’amis. Ces informations peuvent être utilisées pour dresser la carte de vos réseaux personnels et professionnels. Passez en revue vos amis et vos suiveurs sur les médias sociaux et retirez toute personne qui, selon vous, met votre vie ou celle d’autres personnes en danger. Une copie de ces données existera toujours sur le serveur de la société et pourra faire l’objet d’une citation à comparaître par les gouvernements.
  • Sachez que les photos et les vidéos détenues dans les services en ligne peuvent être utilisées pour identifier des contacts personnels, tels que des membres de la famille, ainsi que des contacts professionnels, y compris les sources.
  • Rendez l’accès à vos comptes plus difficile en vous déconnectant de vos comptes et en effaçant régulièrement votre historique de navigation. Limitez le nombre d’applications de messagerie et de services de courrier électronique sur votre téléphone ou votre ordinateur.

Conseils de sécurité physique

Avant l’affectation

  • Recherchez et comprenez quels sont vos droits légaux en tant que journaliste dans le pays où vous effectuez votre reportage. Essayez de savoir :

–Ce pour quoi vous pouvez/ne pouvez pas être arrêté(e) ;

–Les détails de précédentes arrestations de journalistes et la façon dont ils ont été traités ;

–Les unités susceptibles de procéder à des arrestations le jour même (c’est-à-dire la police en uniforme, les agents de couverture/en infiltration, l’armée, etc.) ;

–Combien de temps vous pouvez être détenu(e) avant d’être inculpé(e) ;

–Si vous serez autorisé(e) à passer un ou plusieurs appels téléphoniques et à qui ;

–Si vous aurez accès à un avocat/représentant légal qui peut parler votre langue ;

–Qui paiera pour tout avocat/représentant légal ;

–Si votre ambassade ou votre consulat sera informé de votre arrestation (le cas échéant) ;

–Où vous serez probablement emmené(e) si vous êtes arrêté(e).

  • Réfléchissez si le fait d’emporter avec vous des objets ou du matériel lors de votre mission peut augmenter vos chances d’être arrêté(e) (par exemple, téléphone satellite, talkie-walkie, jumelles, vêtements de style militaire, lunettes de vision nocturne, etc.).
  • Assurez-vous d’avoir toujours sur vous des documents corrects et en cours de validité (par exemple, carte de presse, permis de conduire, passeport, visa, etc.).
  • Emportez avec vous un téléphone portable entièrement chargé, de l’argent liquide, les médicaments que vous prenez éventuellement et des produits de base comme de l’eau potable, des en-cas énergétiques et des vêtements chauds.
  • Habillez-vous en fonction des conditions de détention. Si vous êtes détenu(e) par la police, il se peut que vous portiez les mêmes vêtements pendant un certain temps.
  • Réfléchissez à la façon dont vous réagirez si vous êtes arrêté(e). Sachez que les policiers peuvent être violents et agressifs selon le lieu et la situation.
  • Prenez le minimum de matériel nécessaire pour éviter les pertes de matériel.
  • Pour plus d’informations, veuillez consulter le modèle d’Évaluation des risques du CPJ.

Communication

  • Identifiez un représentant légal qui peut être contacté si vous êtes arrêté(e). Conservez son nom et son numéro de téléphone sur votre téléphone, ainsi que sur un morceau de papier et/ou écrit sur votre bras.
  • Si vous travaillez à l’étranger, enregistrez dans votre téléphone les coordonnées de votre ambassade ou consulat en cas d’urgence.
  • Essayez d’éviter de travailler seul. Si vous le faites, cela peut prendre plus de temps pour lancer l’alerte si vous êtes détenu(e)/arrêté(e).
  • S’il y a un risque de détention/arrestation, mettez en place une procédure d’enregistrement régulier avec votre bureau, votre famille ou vos amis. Faites-leur savoir à quelle fréquence vous prévoyez de vous enregistrer (signaler votre heure de départ et d’arrivée), entendez-vous sur une procédure à suivre en cas de retard (heure à laquelle ils peuvent attendre votre arrivée/départ).

Au cours de votre affectation

  • Essayez d’éviter de traîner au même endroit pendant une période prolongée, surtout si vous vous trouvez dans une zone sensible comme à l’extérieur d’un bâtiment politique.
  • Dans de nombreux pays, les policiers n’aiment pas être filmés ou photographiés. Soyez-en conscient(e) lorsque vous travaillez à proximité ou autour de la police.
  • Ne portez jamais d’armes, d’alcool, de drogues ou d’autres matériaux sensibles qui pourraient augmenter vos chances d’être arrêté(e).

Si vous êtes détenu(e)/arrêté(e)

  • Avant de vous arrêter, l’officier de police doit vous dire que vous êtes arrêté(e) et pour quelle raison. Faites attention au lieu, à l’heure et aux circonstances de l’arrestation.
  • Restez toujours calme et soyez respectueux/-euse. Si vous portez un chapeau et/ou des lunettes de soleil, enlevez-les. Maintenez un contact visuel avec l’agent si possible et ne résistez pas.
  • Il est conseillé d’éviter de photographier ou de filmer l’arrestation – cela pourrait provoquer la police et entraîner l’endommagement ou la confiscation de votre équipement.
  • Dans la mesure du possible, gardez votre sac, votre équipement et vos appareils électroniques dans votre champ de vision.
  • Informez la police de tout problème de santé dont vous souffrez éventuellement, tel que l’asthme ou le diabète. Prévenez la police dès votre arrestation si vous prenez des médicaments pour contrôler votre état.
  • Informez la police si vous avez des antécédents de problèmes de santé mentale ou si vous avez des problèmes de santé mentale à ce moment-là.
  • Si possible, consignez autant d’informations que possible sur les policiers concernés, y compris leurs noms, numéros, services et caractéristiques facilement identifiables (par exemple, tatouages, poils faciaux, etc.)
  • Soyez attentif aux personnes qui se trouvent autour de vous et qui pourraient être témoins de votre arrestation. Si nécessaire, demandez-leur de donner l’alerte.
  • Si vous ne parlez pas ou ne pouvez pas lire la langue locale, ne signez aucun document ou n’admettez rien tant qu’un traducteur et/ou un avocat ou un représentant légal n’est pas présent.
  • L’agent de police peut vous fouiller ou procéder à une fouille corporelle s’il pense que vous pourriez cacher des objets illégaux. Une fouille à nu doit être effectuée dans un lieu privé où vous pourriez être plus vulnérable. Plusieurs agents doivent toujours être présents lors d’une fouille à nu, et les femmes doivent insister pour que toute fouille à nu soit effectuée par un agent féminin.
  • Selon l’endroit où vous vous trouvez, les agents de police peuvent tenter de vous intimider et/ou de vous contraindre à admettre un crime. Dans de telles circonstances, tenez-vous en à votre histoire, évitez d’admettre quoi que ce soit que vous n’avez pas fait et attendez l’arrivée d’un soutien juridique.
  • Si vous êtes agressé(e) par un officier de police, essayez de garder une trace de vos blessures, des soins médicaux reçus et de toute visite à l’hôpital. Essayez de prendre des notes sur les noms et une description visuelle des responsables.

Le Kit de sécurité en ligne du CPJ fournit aux journalistes et aux salles de rédaction des informations de base sur les ressources et outils de sécurité physique, numérique et psychologique, y compris la couverture des troubles civils. Si vous avez besoin d’aide, contactez le CPJ via emergencies@cpj.org.

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