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Bénin : le président Patrice Talon réélu avec 86 % des voix

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D’après la vice-présidente de la Commission électorale nationale autonome, Geneviève Boko, le taux de participation s’élevait à 50,17 %.

Le président béninois Patrice Talon a été réélu sans surprise, avec 86 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés mardi 13 avril au soir par la Commission électorale, dans un scrutin où le chef de l’État faisait face à des candidats de l’opposition quasiment inconnus. « Le duo Patrice Talon et Mariam Talata (candidate à la vice-présidence à ses côtés) obtient dès le premier tour la majorité des suffrages exprimés », a déclaré Geneviève Boko Nadjo, la vice-présidente de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Elle a également déclaré que le taux de participation s’élevait à 50,17 %.

De leur côté, les observateurs de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ont dit avoir constaté « un faible taux de participation des électeurs » suivi « d’une légère amélioration », et ceux de la Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ont noté une « mobilisation des électeurs relativement faible tout au long de la journée ». La Cour constitutionnelle devra vérifier ces chiffres dans les prochains jours et prononcera les résultats définitifs.

Alassane Soumanou avait dénoncé des « bourrages d’urnes »

Patrice Talon, richissime homme d’affaires ayant fait fortune dans le coton, est accusé d’avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire et de n’avoir aucune opposition ni au Parlement, à la Cour constitutionnelle ou dans les communes, presque toutes exclusivement acquises au parti au pouvoir. L’opposition n’a pour l’instant pas réagi à l’annonce de cette victoire attendue, mais l’opposant Alassane Soumanou, en lice contre Patrice Talon et quasiment inconnu du grand public, avait dénoncé des « bourrages d’urnes » et une élection non transparente.

Réagissant à ces accusations et à des vidéos de fraudes diffusées sur les réseaux sociaux, Alain Orounla, le porte-parole du gouvernement, a assuré mardi, peu avant l’annonce des résultats, que « le but [des auteurs des fraudes] était réellement de discréditer le processus électoral après avoir échoué dans leur projet de déstabilisation du pays », et a assuré qu’ils seraient poursuivis en justice.

L’absence des grandes figures de l’opposition

Des violences ont éclaté la semaine dernière et ont fait au moins deux morts à Savè, dans le centre-Nord, le fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi, grand adversaire politique et économique de l’actuel chef de l’État. L’élection a été annulée dans les villes voisines de Tchaourou, Bantè et Houesse, a annoncé la CENA, estimant qu’elle n’avait pas pu se dérouler dans de bonnes conditions.

Selon un journaliste de l’Agence France-Presse sur place, les bureaux de vote sont restés vides toute la journée de dimanche. Des urnes ont été parfois brûlées par des inconnus et les populations sont restées terrées chez elles après plusieurs jours de tensions et de violences. La réélection dès le premier tour du président Patrice Talon est sans surprise, les grandes figures de l’opposition étant soit en exil, soit incarcérées, frappées d’inéligibilité ou empêchées de participer à l’élection.

« Les résultats sont déjà connus d’avance »

Des opposants avaient d’ailleurs appelé au boycott du scrutin, dénonçant une élection gagnée d’avance, avec un président « face à lui-même ». « Cette élection, c’était du folklore », regrette Georges Kpatchavi, restaurateur de 42 ans. « On n’attend pas les résultats car ils sont déjà connus d’avance. » Un avis partagé par beaucoup à Cotonou, capitale économique d’un pays longtemps vu comme un modèle de démocratie, où les rues étaient inhabituellement calmes.

Patrice Talon a dit vouloir engager le Bénin dans le développement et le pays d’Afrique de l’Ouest enregistre des taux de croissance plutôt bons dans un contexte de crise économique globale (5 % de prévision pour 2021). Il a déclaré vendredi dernier lors de son dernier meeting de campagne que sa victoire « par K.O. » ne ferait aucun doute et que « les chantiers commencés seraient terminés ».

AFP

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