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Exception africaine, le Cap-Vert élit ses députés sans drame ni contestation

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Les Cap-Verdiens élisent leurs députés dimanche avec à l’esprit l’état de leur économie et de leur secteur touristique durement affectés par la pandémie, bien plus que l’exemplarité démocratique qui fait pourtant de leur archipel une exception durable en Afrique.

Indice de cette singularité sous les tropiques, l’issue de la consultation est incertaine entre les deux partis historiques, quand, ailleurs au cours du même mois, le président de Djibouti vient d’être réélu avec 98,58% après 22 ans à la tête du pays, que celui du Bénin l’a été avec 86% et que celui du Tchad, au pouvoir depuis 30 ans, attend sans trembler la confirmation d’un sixième mandat.

Une nouvelle alternance est même envisageable entre le Mouvement pour la démocratie (MpD, centre droit) du Premier ministre Ulisses Correia e Silva et le Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV, socialiste) de Janira Hopffer Almada, qui ambitionne de devenir la première femme à diriger le gouvernement de cet archipel de 550.000 habitants en plein Atlantique, à environ 600 km au large du Sénégal.

Ce changement de majorité serait tout sauf inédit depuis l’instauration du multipartisme qui avait mis fin au régime du PAICV comme parti unique en 1990 et les premières élections libres de 1991. En 2016, le MpD avait défait le PAICV, au pouvoir depuis 15 ans, en s’assurant une majorité absolue de 40 sièges sur les 72 de l’Asssemblée nationale, chambre unique du Parlement.

C’est cette configuration qui est remise en jeu dimanche en un seul tour. Et après une campagne rythmée par les meetings festifs où les partisans des candidats ont dansé en musique, tout indique qu’alternance ou pas, les résultats seront acceptés sans les violences, les contestations ou simplement les suspicions qui ternissent tant d’élections sur le continent.

« Le Cap-Vert est un exemple de stabilité politique et démocratique en Afrique », explique Alioune Tine, fondateur du centre de réflexion Afrikajom Center, auteur en 2020 d’un rapport constatant avec préoccupation le recul des droits humains, de l’Etat de droit et des transitions démocratiques en Afrique depuis les années 2000.

 

– « Notre pétrole » –

 

L’archipel est un « petit pays modèle » parce qu’il est « pratiquement le seul à ne pas connaître de crise électorale ni de crise démocratique », explique-t-il.

« La stabilité (…) est notre pétrole, notre diamant », abonde le Premier ministre en marge de la campagne au cours de laquelle il va à la rencontre des électeurs en jeans et en polo.

« Pour nous, la liberté, les institutions et le contrôle du pouvoir sont une priorité », et « c’est pourquoi nous avons une opposition », ajoute-t-il au cours d’un entretien avec l’AFP à Praia, la capitale.

Ulisses Correia e Silva, 58 ans, diplômé au Portugal, l’ancienne puissance coloniale jusqu’à l’indépendance de 1975, se dit « confiant » en la sauvegarde de sa majorité absolue.

Les années de mandat de l’ancien haut cadre de la banque du Cap-Vert, ex-ministre et ex-maire de Praia, avait de quoi mettre à l’épreuve le calme qui le caractérise.

A trois années d’extrême sécheresse est venue s’ajouter la pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques désastreuses, notamment sur le tourisme qui représente 25% du PIB de cet archipel très prisé des vacanciers étrangers.

 

– Présidentielle en vue –

 

Pour relancer l’économie, les candidats promettent une large vaccination et des mesures pour diversifier les revenus du pays.

Mais l’opposition, PAICV en tête, attaque le Premier ministre sur la gestion de la crise sanitaire par son gouvernement et l’absence ou la lenteur des mesures d’aide à la population.

« Beaucoup d’entre elles n’ont pas été mises en ½uvre au moment où elles auraient été utiles » et « beaucoup d’autres n’ont pas atteint leurs destinataires », a déclaré Janira Hopffer Almada à l’agence de presse portugaise Lusa.

A 42 ans, l’avocate énergique et élancée, ancienne ministre elle aussi, pourrait devenir la première femme chef du gouvernement en cas de victoire de son parti, après être devenue la première présidente (et la plus jeune) du PAICV en 2014.

Quatre autre petits partis briguent les suffrages. Les résultats provisoires sont attendus dès la nuit de dimanche à lundi.

Les Cap-Verdiens éliront leur président le 17 octobre. Dans ce système semi-parlementaire, le Premier ministre domine l’exécutif, le président exerçant un rôle d’arbitre.

AFP

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