En Guinée, le ministère de l’Environnement, des Eaux et forêts interdit à compter de ce lundi 14 juin « la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du territoire national, et ce, jusqu’à nouvel ordre »
La délivrance de permis de coupe est également interdite. Une mesure justifiée par le ministère par le « constat de coupe abusive et l’exploitation illicite des ressources forestières ». Ce communiqué fait suite à l’annonce de saisies de bois coupés illégalement dans les préfectures de Faranah et Mamou.
Pour le Réseau national de la société civile pour l’environnement et le développement durable, l’interdiction totale de la coupe est irréaliste, car de nombreux Guinéens la pratiquent pour leurs besoins quotidiens. Le Réseau plaide plutôt pour une gestion durable des forêts. Pour Sékou Amadou Diakité responsable du Rénascedd, qui s’exprime au micro de Moktar Bah, le ministère de l’Environnement et des eaux et forêts devrait d’abord se concerter avec les opérateurs du bois avant de prendre une telle décision.
Il dénonce par la même occasion la faiblesse de ce communiqué qui selon lui ne précise pas les modalités d’application de cette interdiction.
Les services qui sont chargés de faire appliquer cette décision, parfois, sont inexistants, mais aussi sont mal équipés. Donc ma première réaction est mitigée. Ça va être difficile à être suivi. la deuxième, c’est que je suis pour la gestion durable des ressources mais non à l’interdiction totale. Nous sommes dans des zones rurales. Les communautés ont le droit d’usage. C’est à dire que les communautés peuvent utiliser ce bois-là pour construire leurs maisons, pour faire leurs activités quotidiennes. 85% des communautés vivent des ressources naturelles. Nous, nous travaillons avec le ministère de l’Environnement, des Eaux et forêts. Nous sommes des partenaires de ce ministère, et en principe, les partenaires devraient être informés, associés à de telles décisions.
En revanche, pour Ibrahima Balaya Diallo, président du Forum civil guinéen, ONG de la bonne gouvernance, une mesure radicale comme cette interdiction totale de la coupe du bois est nécessaire. Il l’explique au micro d’Amélie Tulet.
Aujourd’hui, la forêt guinéenne est dévastée.
Aujourd’hui, la forêt guinéenne est dévastée. En 1960, on avait 14 millions d’hectares de forêt, aujourd’hui on est à 700 000 hectares. Les causes, ce sont l’utilisation du charbon de bois dans les foyers, c’est l’introduction de nouvelles cultures qui nécessitent une déforestation, comme l’huile de palme, le cacao, ou le café. Toutes ces nouvelles cultures demandent beaucoup de déforestation. Il y a aussi l’intrusion des cadres de l’administration, qui aujourd’hui donnent des licences à des personnes, qui aujourd’hui coupent le bois guinéen et le fait transiter dans les pays limitrophes, comme la Sierra Leone, pour qu’il parte pour l’Asie. Donc, si aujourd’hui, le gouvernement n’avait pas pris ce genre de décision, je suis persuadé qu’à terme, nous n’aurons même plus 100 000 hectares dans ce pays. Imaginez, il n’en reste que 700 000 déjà.
RFI
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