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Transition : ce que la presse attend réellement du Colonel Mamadi Doumbouya

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« Je vous garantis la liberté d’expression, mais dans les limites de la loi. La liberté oui, mais le désordre non », c’est par ces propos que le patron de la junte au pouvoir en Guinée depuis le 5 septembre dernier s’est adressé aux journalistes à l’occasion du déjeuner de presse qu’il leur a offert le vendredi 7 janvier 2022 au Palais Mohamed V. Colonel Doumbouya dit avoir leurs doléances avant de prendre quelques engagements

Seulement voilà, il a trouvé une presse privée libre avec des faiblesses certes mais dynamique. Un acquis devenu possible grâce à une lutte menée par des pionniers de la presse au début des années 1990. Certains parmi eux, malheureusement ne sont plus de ce monde. Ces acquis obtenus aussi grâce à l’ouverture d’esprit d’un homme, Général Lansana Conté qui à travers certains de ses ministres à l’époque tels que Zainoul Abdine Sanoussi et Hervé Vincent Bangoura, a libéralisé la presse. Contrairement à son prédécesseur, Ahmed Sékou Touré qui bâillonné la liberté tout court durant son quart de siècle de règne sanguinaire et de la terreur au quotidien.

Cet héritage a été renforcé par le Capitaine Moussa Dadis Camara qui a rehaussé la subvention aux médias en multipliant par 7,5 le montant annuel alloué à la presse. Et pendant la Transition, version Sékouba Konaté, la presse guinéenne s’est dotée de deux lois (la loi sur la liberté de la presse dépénalisant les délits liés à l’exercice de la profession et celle portant sur la création, les attributions et le fonctionnement de la Haute Autorité de la Communication).  Ce cadre juridique accordé aux médias a placé la Guinée parmi les pays avancés en matière de liberté de la presse avec la dépénalisation de délits de presse, l’encadrement de la presse numérique et la dotation d’une  institution de régulation indépendante.

Des acquis que le président Alpha Condé, pourtant démocratiquement élu, va s’évertuer à amenuiser pendant sa décennie à la tête du pays. Et il finira par phagocyter la HAC en la transformant en une institution aux ordres. Alors qu’il a bénéficié l’appui d’une presse libre et coriace pendant qu’il combattait le régime de Lansana Conté en tant qu’opposant.

Le rappel de ces faits vise à faire comprendre au président Mamadi Doumbouya que son rôle est de renforcer ces acquis et de les améliorer. Des actes comme la construction de la maison de la presse, la réhabilitation des médias d’Etat, la révision du cadre juridique des médias dans un sens évolutif seraient appréciés parmi ces actifs à comptabiliser dans la transition.

Le Jour

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