La Côte d’Ivoire a un nouveau vice-président: le banquier central Tiémoko Meyliet Koné a été nommé mardi par le chef de l’Etat Alassane Ouattara à ce poste vacant depuis près de deux ans, tandis que le premier ministre Patrick Achi a été reconduit dans ses fonctions.
Gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest (BCEAO) depuis 2011, M. Koné est « un brillant économiste » et un « technocrate hors pair », selon Alassane Ouattara qui a annoncé sa nomination devant les parlementaires réunis en Congrès – Assemblée nationale et Sénat – dans la capitale politique Yamoussoukro.
« C’est un homme de consensus et de probité qui a toute ma confiance », a ajouté le chef de l’Etat. Ovationné par les parlementaires, M. Koné est monté à la tribune serrer la main du président. Il devrait prêter serment dans les jours prochains.
Né en 1949, cet économiste peu connu du grand public va donc quitter la BCEAO dont il était le gouverneur depuis 2011 et où il a supervisé notamment la réforme en cours du franc CFA. Avant de devenir gouverneur de la BCEAO, il avait mené une longue carrière au sein de l’institution.
Il a aussi eu une courte carrière politique en Côte d’Ivoire: il a été directeur de cabinet du Premier ministre Guillaume Soro entre 2007 et 2010, ministre de la Construction, puis ensuite conseiller spécial du président de la République Alassane Ouattara, chargé des questions économiques et monétaires.
« Il s’agit d’une personnalité qui a fait la preuve de ses qualités personnelles et professionnelles dans toutes les hautes fonctions qu’elle a occupées dans l’administration publique, le gouvernement ivoirien et à l’extérieur de la Côte d’Ivoire », a ajouté le chef de l’Etat.
Le poste de vice-président, sanctuarisé dans la dernière réforme constitutionnelle de 2016, était vacant depuis juillet 2020 et la démission de Daniel Kablan Duncan pour « convenance personnelle ».
La nomination d’un vice-président était attendue depuis quelques jours, après la démission du gouvernement mercredi dernier qui laissait présager un remaniement de l’exécutif. Préssenti par des observateurs pour prendre ce poste, le Premier ministre sortant Patrick Achi a finalement été reconduit dans ses fonctions, six jours après avoir démissionné.
« C’est pour tenir compte de la conjoncture économique mondiale et la nécessaire réduction des dépenses de l’Etat que le gouvernement qui sera mis en place cette semaine sera resserré. Monsieur le Premier Ministre vous avez mes instructions à cet effet », a lancé Alassane Ouattara en s’adressant à Patrick Achi, sous un tonnerre d’applaudissements. Ce dernier doit désormais proposer une équipe gouvernementale d’une trentaine de noms contre une quarantaine actuellement.
Flou sur la succession
Ces nominations relancent la question de la succession d’Alassane Ouattara, bien qu’il ne se soit pas encore officiellement prononcé sur sa volonté ou non de briguer un nouveau mandat lors de la prochaine présidentielle de 2025.
« Sur la succession, aucun message n’est donné aujourd’hui. Personne n’incarne cette succession, de ce point de vue on est dans le flou total », estime Arthur Banga, analyste politique et historien. « Le Premier ministre a plus d’impact politique que le vice-président, mais on ne sait pas encore comment le président va répartir les rôles », poursuit-il.
Dans une interview à RFI et France 24 en février, le chef de l’Etat avait déclaré: « En 2025, nous verrons bien. J’ai à peu près une demi-douzaine de noms à qui je pense ». Outre ces nominations attendues, Alassane Ouattara a égrené dans un discours d’une trentaine de minutes les réalisations de son gouvernement depuis sa réélection en octobre 2020.
« La situation sécuritaire est calme et sous contrôle sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il affirmé en référence à la menace jihadiste dans le nord de la Côte d’Ivoire, venue de ses voisins, le Mali et le Burkina Faso, en proie depuis plusieurs années à la violence de groupes liés à Al-Qaïda et à l’Etat Islamique.
Sur le plan politique, il a également salué la consolidation de la « paix et de la stabilité » et la mise en place d’un « dialogue politique qui a contribué à apaiser davantage » le pays.
Après deux mois et demi de débats, les partis politiques s’étaient notamment engagés « à se départir de la violence comme mode d’accession au pouvoir ». Ce dialogue avait été convoqué après les violences électorales de la présidentielle de 2020 qui avaient fait 85 morts et 500 blessés.
AFP
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