Les deux amies passeront le mois prochain à faire du bénévolat pendant que l’équipage du navire effectuera des opérations chirurgicales et formera plus de 200 professionnels de la santé sierra-léonais
Catherine, 18 ans, risquait de mourir avec son bébé lorsque l’infirmière Aly a entendu ses cris ; aujourd’hui, les deux femmes sont réunies après 30 ans et travaillent ensemble à bord du nouveau navire-hôpital de Mercy Ships
Une femme a retrouvé cette semaine l’infirmière qui lui a sauvé la vie il y a 30 ans, alors qu’elle travaille bénévolement pour l’organisation humanitaire à laquelle appartenaient ses sauveteurs.
En 1993, Catherine Conteh vivait depuis quatre jours un accouchement angoissant dans un lit d’hôpital en Sierra Leone. Elle et son bébé risquaient de mourir.
Une infirmière néo-zélandaise et un anesthésiste britannique ont entendu les cris de la jeune femme de 18 ans. Ils travaillaient tous les deux bénévolement dans l’un des hôpitaux flottants de l’organisation humanitaire internationale Mercy Ships, amarré au port de Freetown.
Aly Hogarth-Hall et le Dr Keith Thomson visitaient la maternité Princess Christian lorsqu’ils se sont renseignés sur la femme qu’ils avaient entendue souffrir.
Aly, aujourd’hui âgée de 52 ans, raconte : « Alors que Catherine était en travail depuis quatre jours, l’infirmière m’a dit qu’elle et son bébé allaient mourir. La manière dont elle m’a dit cela, très factuelle, m’a vraiment choquée. La fin était attendue, sans que personne intervienne. Je n’avais jamais rien vu de tel. Je ne savais pas quoi faire, alors j’ai prié. »
L’aide finalement est arrivée : le Dr Thomson a proposé de payer intégralement l’opération.
Malgré le stress d’un accouchement difficile de quatre jours, Catherine et son bébé, une fille nommée Regina, étaient en parfaite santé.
Catherine a reçu l’aide dont elle avait besoin ; mais en Sierra Leone, 26 ans plus tard, en 2019, 717 mères meurent chaque année pour 100 000 naissances vivantes, selon l’OMS. Ce taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés au monde.
En repensant à ce jour, Catherine se souvient de ses craintes : « Je vais perdre la vie. Si rien ne se passe, je vais mourir. Cette pensée n’a cessé de résonner dans mon cœur, dans mon esprit ».
Elle se souvient qu’une infirmière de l’hôpital lui a dit : « Écoutez, ces étrangers vont financer votre césarienne. Nous attendons que le médecin arrive, et nous pourrons alors commencer l’opération. »
« Aly a prié pour moi, je suis reconnaissante à Dieu. Parce que prier pour quelqu’un, c’est un véritable acte de générosité. »
Après la césarienne d’urgence, Aly et Catherine ont tissé des liens pour la vie. L’Américaine Gina Willig et Aly ont rendu visite à Catherine à l’hôpital pendant sa convalescence.
« Je l’appelle ‘sœur’ et elle m’appelle ‘sœur' », témoigne Catherine, « parce qu’il faut un cœur pur et un amour pur pour rencontrer quelqu’un et l’aimer immédiatement et inconditionnellement ».
Leurs routes se sont séparées car Aly est retournée en Nouvelle-Zélande tandis que Catherine a dû demander l’asile en Australie avec sa famille à la suite du conflit croissant en Sierra Leone, son pays d’origine.
Les deux femmes se sont perdues de vue au fil des ans, mais Catherine a toujours gardé Aly dans son cœur. Sa fille a grandi en sachant qu’elle devait leurs vies à la générosité d’étrangers et Catherine et Regina sont toutes les deux devenues infirmières, tout comme Aly.
Cette année, le Dr Thomson a réuni Aly et Catherine au téléphone avant qu’il ne décède d’un cancer.
Catherine raconte : « Après presque trois décennies, entendre à nouveau sa voix a été très émouvant. J’espère qu’Aly et moi pourrons nous voir physiquement et nous serrer dans les bras. Louer Dieu ensemble aussi. »
Réunies de nouveau
Trente ans plus tard, le 1er octobre, Catherine a retrouvé Aly, toutes les deux bénévoles à bord du Global Mercy, le dernier navire-hôpital de l’organisation humanitaire internationale Mercy Ships. Ce navire va effectuer plus de 2 350 opérations chirurgicales au cours des dix prochains mois.
C’était la première fois qu’elles se revoyaient depuis son accouchement à l’hôpital de Freetown.
Aly est bénévole à bord du Global Mercy avec son mari pour trois mois pendant sa mission en Sierra Leone. Pour Catherine, qui venait à bord du navire-hôpital faire du bénévolat dans la salle à manger, ce moment avait une signification encore plus profonde.
Catherine raconte : « Je n’arrivais pas à croire que je la revoyais en personne. Nous avons pleuré et pleuré. »
« L’autre aspect », précise-t-elle, « c’est que Freetown est ma ville natale. Je reviens à la maison pour servir, non seulement Mercy Ships, mais aussi mon pays. »
« Revoir Catherine », témoigne Aly, « c’est vraiment surréaliste, je ne m’y attendais pas jusqu’à ce que nous reprenions contact, il y a environ 18 mois. C’était vraiment bouleversant ».
Les deux amies ont évoqué le Dr Thomson et l’émotion qu’il aurait ressentie de les voir réunies. Aly a déclaré : « C’est son héritage en quelque sorte ; c’est un hommage qui lui est rendu à bien des égards, car son rêve était de nous voir réunies ici. »
Catherine a expliqué qu’elle avait fait le voyage depuis l’Australie, encouragée par sa fille Regina, aujourd’hui âgée de 30 ans et mère d’un fils.
Elle a ajouté : « C’est un honneur pour moi de servir à bord. Outre le fait d’être sierra-léonaise, tout ce qui a trait au service de son prochain est un privilège. Vous n’aurez peut-être pas cette opportunité demain, alors saisissez-la aujourd’hui. Je me sens bénie de revenir et de servir mon peuple ».
Les deux amies passeront le mois prochain à faire du bénévolat pendant que l’équipage du navire effectuera des opérations chirurgicales et formera plus de 200 professionnels de la santé sierra-léonais.
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