Autrefois prospère grâce à ses activités minières, la ville de Siguiri a vu son essor ralentir. L’or devient de plus en plus rare, et ce déclin a des conséquences désastreuses sur la communauté. Les jeunes générations se tournent de plus en plus vers des comportements autodestructeurs, tels que la prostitution, l’alcool, les stupéfiants et la drogue.
À l’époque de la prospérité minière, plusieurs travailleuses du sexe affluaient à Siguiri, et l’alcool ainsi que les drogues étaient largement disponibles. Les mineurs utilisaient divers stimulants, connus sous différentes appellations, comme le B-52, le Panneau, le Missinmanin, pour pouvoir travailler dans des conditions éprouvantes. De l’avis de certains , ces pratiques ont été importés par les personnes d’autres localités du pays et des pays frontaliers.
Bien que quelques individus aient engrangé des millions de francs grâce à l’exploitation minière, profitant à une minorité, dont certains orpailleurs, l’exploitation minière artisanale, autrefois un pilier économique de Siguiri, a maintenant pris une tournure néfaste. Les mines ont été épuisées, laissant derrière elles des terres stériles et une population désespérée. Les effets de cette exploitation sur la population sont dévastateurs, en particulier pour la jeunesse. Attirés par la promesse de richesse, beaucoup de jeunes ont abandonné leurs études et métiers, croyant à tort qu’ils pourraient accumuler des richesses en quelques mois. Ils se sont retrouvés piégés dans un cycle de pauvreté et de désespoir, sans moyen de subsistance.
L’exploitation minière artisanale a également causé d’importants dommages environnementaux à Siguiri, ainsi qu’à ses villages voisins, tels que Sèkè (Doko, Tombonin , Kouré Malé ), Bouré (Kintignan et Didi) et Manden dans Niagassola. Les eaux sont empoisonnées par des produits chimiques toxiques utilisés dans le processus d’extraction de l’or, et les forêts ont été dévastées pour fournir du bois et créer des mines à ciel ouvert. La canicule et les niveaux record de chaleur sont devenus la norme, affectant la qualité de vie des habitants de Siguiri et menaçant les générations futures.
Autres ces maux , il est un autre qui n’est pas nommé mais dont la gravité est aussi grande. Ce sont les conflits domaniaux . A Siguiri, les villages se disputent les terres soit parce qu’on a découvert de l’or , soit parce qu’on peut y pratiquer une activité agricole rencontre. Ces affrontements finissent dans le sang et endeuillent des familles. L’avenir de Siguiri pourrait être émaillé de conflits domaniaux si rien n’est fait. L’accès à la terre y crée des inégalités qui entretenues amplifieraient les conflits .
A Siguiri, les gens se déshumanisent. Soit les gueux et bandits y braquent les orpailleurs, commerçants ou banques en plein jour, soit on profane les tombes pour reprendre le linceul d’un riche décédé, suivant les exhortations d’un féticheur ou d’un marabout. Soit on égorge une femme par rancœur parce qu’elle a séparé un amoureux de sa compagne travailleuse du sexe, soit un jeune se fait tuer dans une rixe dans un motel parce qu’il veut repartir rapidement avec sa compagne qui est marchande du sexe. La situation à Siguiri est devenue intenable. Chaque semaine, de nouvelles tragédies surviennent, de jeunes vies sont perdues, et l’environnement se dégrade davantage.
Il est impératif que les autorités de transition prennent des mesures immédiates pour mettre fin à cette spirale de violence et de désespoir. Chacun doit y contribuer car Siguiri se porte mal, s’abîme. Son cas clinique appelle à l’action nationale. Il ne s’agit pas de charité, mais de réfléchir au drame qui le frappe, au désœuvrement de sa jeunesse, à la misère des exploitants artisanaux de l’or qui périssent dans les éboulements, à la triste condition de vie des travailleuses du sexe qui doivent être réinsérées dans la société, aux angoisses des jeunes qui ont abandonné les études et les métiers pour des promesses non tenues de richesse, à la dégradation avancée de l’environnement dont les eaux sont empoisonnées et les cours d’eau tarissent. Il est urgent d’éviter que Siguiri ne devienne une catastrophe. Cela appelle une action publique et des initiatives collectives et individuelles. Il est temps d’agir pour sauver cette ville d’un destin funeste.
Ibrahima Sanoh
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