Des éléments de la garde nationale ont tenté jeudi soir de libérer des responsables gouvernementaux qui se trouvaient en garde à vue avant de se retrancher dans une caserne aux environs de laquelle des tirs nourris ont été entendus vendredi matin. Les forces spéciales sont ensuite intervenues contre la garde nationale avant que le calme ne revienne.
Des tirs nourris ont été entendus vendredi 1er décembre au matin dans les environs d’une caserne à Bissau, quelques heures après le placement en garde à vue de deux hauts responsables de l’État dont le ministre chargé des Finances, selon un correspondant de l’AFP et des sources militaires et du renseignement.
Ces tirs provenaient d’une caserne du quartier de Santa Luzia, dans le sud de la capitale Bissau, où se sont retranchés des éléments de la garde nationale, une unité de l’armée, selon le correspondant de l’AFP et les mêmes sources militaires et du renseignement.
Ces événements surviennent alors que le président Umaro Sissoco Embalo, élu en décembre 2019 pour cinq ans, est en voyage à Dubaï dans le cadre de la 28e conférence des Nations Unies sur le climat (COP 28). Ils surviennent dans ce petit pays pauvre ouest-africain, habitué aux coups d’État, dans une région ouest-africaine théâtre depuis août 2020 d’une série de coups d’État militaires et de tentatives de coups de force, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée et cette semaine en Sierra Leone.
Les éléments de la garde nationale ont tenté jeudi vers 22 h (même heure GMT) de libérer le ministre bissau-guinéen de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’Etat au Trésor public, Antonio Monteiro, qui se trouvaient en garde à vue dans des locaux de la police judiciaire à Bissau, selon les mêmes sources militaires et du renseignement. Ils avaient subi un interrogatoire de plusieurs heures sur un retrait d’une somme de dix millions de dollars des caisses de l’État, selon les mêmes sources, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Souleiman Seidi avait été interpellé lundi par des députés sur ce retrait, lors d’une séance à l’Assemblée nationale. Il avait affirmé que ce retrait des dix millions était légal et était destiné à soutenir le secteur privé national.
Instabilité politique chronique
Les éléments de la garde nationale ont réussi vendredi à l’exfiltrer avec Antonio Monteiro des locaux de la police judiciaire, ont conduit les deux responsables vers une destination inconnue puis se sont retranchés dans une caserne située dans le quartier de Santa Luzia, ont affirmé les mêmes sources. Les forces spéciales sont ensuite intervenues contre la garde nationale après plusieurs tentatives de médiation infructueuses. Il s’est ensuivi un échange de tirs avant que le calme ne revienne, ont-elles ajouté.
Des éléments de la force d’appui pour la stabilisation de la Guinée-Bissau, déployés dans ce pays par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, ont été vus vendredi matin en patrouille dans les rues de Bissau, a constaté un journaliste de l’AFP.
La Guinée-Bissau souffre d’une instabilité politique chronique et a été victime depuis son indépendance du Portugal en 1974 d’une kyrielle de coups d’État ou de tentatives de coup d’État, la dernière en février 2022.
France24 avec AFP
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