Indice d’ouverture sur les visas en Afrique 2023 : Des progrès en matière d’ouverture sur les visas en Afrique
Les exigences de chaque pays en matière de visa sont analysées afin de déterminer dans quelle mesure les politiques de visa des pays facilitent les voyages sur leur territoire
L’Afrique progresse dans ses politiques d’ouverture sur les visas, ce qui est de bon augure pour les voyages transfrontaliers, la facilité de circulation et le commerce en 2024 et au-delà. L’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique 2023, publié mardi par l’Union africaine et la Banque africaine de développement, révèle de nombreux progrès depuis la publication de la septième édition du rapport en décembre 2022.
L’ouverture sur les visas a réalisé son score le plus élevé en 2023, dépassant des niveaux observés pour la dernière fois avant la pandémie de Covid-19. L’indice d’ouverture sur les visas en Afrique (AVOI) mesure le degré d’ouverture des pays africains aux visiteurs d’autres pays africains. Les exigences de chaque pays en matière de visa sont analysées afin de déterminer dans quelle mesure les politiques de visa des pays facilitent les voyages sur leur territoire.
Sur la période 2020-2021, les fermetures massives des frontières par de nombreux pays pour freiner la propagation du Covid-19, ont affecté les voyages terrestres et aériens, avec des restrictions supplémentaires dues aux mesures de dépistage, aux interdictions de rassemblements, aux quarantaines et autres, provoquant une stagnation en 2022.
En 2023, les données du rapport montrent que 50 pays ont amélioré ou maintenu leur score de 2022, seuls quatre pays ont obtenu un score inférieur. Depuis la publication du premier rapport en 2016, 36 pays ont amélioré leur score dans l’indice. 42 pays africains accordent l’entrée sans visa aux citoyens d’au moins cinq autres pays africains, tandis que 33 pays le font pour les citoyens d’au moins dix pays. Quatre pays – contre trois l’année dernière – ont supprimé toute exigence de visa pour les voyageurs africains. Il s’agit du Rwanda, du Bénin, de la Gambie et des Seychelles.
Toutes les matrices globales clés ont montré des améliorations en 2023. Dans 28 % de tous les scénarios de voyage intra-africain, les citoyens africains n’ont pas besoin de visa (une amélioration par rapport aux 27 % de 2022 et aux 20 % de 2016). Un visa est toujours nécessaire dans 46 % des scénarios de voyage sur le continent – en baisse par rapport aux 47 % de 2022 et aux 55 % de 2016.
« Les Africains peuvent ainsi plus facilement rendre visite à leur famille, poursuivre leurs études et leurs activités commerciales à l’étranger, et découvrir l’Afrique en tant que touristes. Cela contribue également à la réalisation des aspirations à un continent prospère et intégré où les gens peuvent développer leur potentiel sans être entravés par des régimes de visas trop restrictifs d’autres pays, marquant un record historique dans les privilèges de voyage sans visa réciproques », a déclaré Jean-Guy Afrika, directeur par intérim du Bureau de coordination de l’intégration régionale de la Banque africaine de développement.
Faits saillants de l’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique 2023 :
- L’Indice d’ouverture sur les visas a atteint son niveau le plus élevé en 2023, dépassant légèrement le précédent pic de 2020.
- L’Afrique compte désormais quatre champions (Rwanda, Bénin, Gambie et Seychelles) : des pays qui ont supprimé les visas pour les citoyens de tous les pays africains.
- 24 pays proposent désormais un visa électronique, soit près de trois fois plus qu’en 2016.
- 15 pays ont amélioré leur score en 2023, 35 ont maintenu leur score, et seuls quatre ont obtenu un score inférieur.
- Les pays d’Afrique de l’Ouest restent en tête du classement : sept des dix pays les plus performants du continent sont situés en Afrique de l’Ouest.
« Alors que nous publions la huitième édition de l’Indice d’ouverture sur les visas et évaluons les progrès réalisés depuis 2016, nous sommes fiers de la levée complète des restrictions de voyage imposées par la pandémie de Covid-19 et du dépassement des niveaux prépandémiques en matière d’ouverture sur les visas », a déclaré Marie-Laure Akin-Olugbade, vice-présidente de la Banque africaine de développement chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services. « Les progrès en cours dans divers aspects de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offrent des perspectives prometteuses pour que ses avantages se diffusent bientôt sur le continent. L’objectif est plus évident que jamais : promouvoir un continent hautement intégré où la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes entre les pays est une réalité », a ajouté Mme Akin-Olugbade.
Le Rwanda et les organisations régionales ouvrent la voie
Le Rwanda s’impose comme un nouveau champion en 2023, après avoir progressivement libéralisé son régime de visas au cours des huit dernières années. En 2016, ce pays enclavé permettait aux citoyens de près de 90 % des pays africains d’obtenir un visa à l’arrivée ; les citoyens des autres pays pouvant entrer dans le pays sans visa. Il a ensuite supprimé les frais de visa pour les citoyens africains et, en 2023, le Rwanda a supprimé toute obligation de visa pour les citoyens de l’ensemble du continent. « Cela a allégé le fardeau du voyage pour les citoyens de 35 pays africains qui avaient jusqu’à récemment encore besoin d’un visa », note le rapport. Autre évolution positive, selon certaines informations, le Kenya prévoirait de supprimer l’obligation de visa pour les voyageurs africains d’ici à la fin 2023.
Le rapport mesure également l’ouverture moyenne sur les visas au sein des Communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’Union africaine, et constate que l’ouverture moyenne sur les visas s’est améliorée dans six des huit CER au cours de l’année écoulée. Les CER continuent d’être des moteurs importants de l’ouverture sur les visas grâce à des initiatives régionales visant à supprimer les obstacles à la circulation des personnes.
À cet égard, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) obtient le meilleur score régional. C’est là que les citoyens africains jouissent des niveaux les plus élevés de liberté de circulation transfrontalière. La CEDEAO a adopté une position progressiste en matière d’ouverture sur les visas depuis des décennies, qu’elle a formalisée en 1979 par un protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.
En plus d’afficher le score régional de l’Indice d’ouverture sur les visas le plus élevé du continent, la CEDEAO enregistre également le taux de réciprocité le plus élevé en matière d’exemption de visa : cela correspond au taux auquel les politiques d’exemption de visa de chaque pays au sein de la CER font l’objet d’une réciprocité de la part de ses États membres. Dans 97 % des scénarios de voyage, les citoyens peuvent entrer dans un autre pays de la même CER sans avoir besoin d’un visa.
Quelle sera la prochaine étape pour l’Afrique ? Recommandations et solutions
Malgré les nombreuses améliorations, il reste encore des obstacles à surmonter. Dans près de la moitié des scénarios de voyage de pays à pays (46 %), les Africains sont tenus d’obtenir un visa avant leur départ pour se rendre dans d’autres pays africains. Les restrictions en matière de visas sont particulièrement prononcées en Afrique du Nord et en Afrique centrale. Il est essentiel de maintenir la dynamique de libéralisation des visas pour concrétiser la vision de « l’Afrique que nous voulons ». L’adoption de politiques libérales en matière de visas facilitera non seulement la fluidité des voyages, mais contribuera également de manière significative à améliorer les échanges de biens et de services, les investissements transfrontaliers et la prospérité partagée.
Les recommandations portent notamment sur les points suivants :
- Mettre en œuvre tous les engagements en cours sur la circulation sans visa au sein des communautés économiques régionales,
- Étendre les politiques d’exemption de visa à tous les États membres de l’Union africaine, par étapes si nécessaire (passer d’un visa avant le voyage à un visa à l’arrivée ou à une entrée sans visa ; passer d’un visa à l’arrivée à une entrée sans visa).
- Rationaliser et simplifier toutes les procédures de visa qui subsistent ainsi que les procédures transfrontalières qui y sont associées.
- Offrir aux citoyens africains toujours soumis à l’obligation de visa la possibilité d’obtenir un visa à l’arrivée.
- Mettre en œuvre et développer des systèmes de visas électroniques qui utilisent une plateforme sécurisée, fiable et adaptée aux mobiles, avec un temps de réponse garantie, pour tous les Africains qui sont encore tenus d’obtenir un visa avant leur voyage, afin d’alléger toute charge liée aux visas lors des voyages.
La Zone de libre-échange continentale africaine est un domaine clé pour lequel il est essentiel de progresser en matière d’ouverture sur les visas. « La libre circulation des personnes entre les frontières de l’Afrique n’est pas seulement un objectif important en soi, elle est aussi essentielle à l’intégration continentale », souligne le rapport. Avec trois nouveaux États membres de l’Union africaine qui ratifieront la ZLECAf en 2023, portant le total à 47 ratifications, l’impact durable des négociations, de la ratification et de l’exécution de la ZLECAf dépend dans une large mesure de la capacité des personnes à franchir les frontières africaines, sans être entravées par des barrières administratives excessives.
« L’essor du commerce des marchandises est étroitement lié à la libéralisation du commerce des services, qui dépendent tous deux de la circulation fluide des personnes à travers les frontières africaines, sans obstacle bureaucratique excessif », a déclaré Minata Samaté Cessouma, commissaire à la Santé, aux Affaires humanitaires et au Développement social à la Commission de l’Union africaine. « Nous n’avons jamais été aussi près de réaliser le potentiel de la ZLECAf en matière d’intégration du continent. L’Union africaine est fière des progrès réalisés par les pays en matière de libre circulation des personnes », a-t-elle ajouté.
Les commentaires sont fermés.