Les Russes votent dimanche pour le dernier jour d’un scrutin censé maintenir pour six années supplémentaires Vladimir Poutine à la tête du Kremlin, et marqué par des frappes meurtrières et des tentatives d’incursion armées depuis l’Ukraine sur le territoire russe. Les opposants au président ont appelé tout ceux voulant lui faire barrage à venir voter en masse à midi.
L’opposition appelle à voter massivement contre Vladimir Poutine à midi. Les Russes votent dimanche 17 mars pour le troisième et dernier jour d’un scrutin sur mesure destiné à réélire triomphalement l’actuel président, l’opposition ayant été éradiquée et le Kremlin présentant l’union nationale comme un devoir patriotique, en plein assaut contre l’Ukraine.
Les détracteurs du président russe, aux commandes du pays depuis 24 ans, vont néanmoins tenter de se faire entendre, malgré les mises en garde des autorités, en appelant leurs partisans à venir voter en masse à midi.
De premières estimations et les résultats d’un sondage d’un institut étatique, Vtsiom, devraient être connus peu après la fermeture des derniers bureaux de vote à 19 h GMT dans l’enclave de Kaliningrad.
L’issue du scrutin ne fait aucun doute, l’opposition à Vladimir Poutine ayant été décimée par des années d’une répression qui s’est encore accélérée avec le conflit en Ukraine, toile de fond de ces élections.
Toute la semaine a été marquée par des frappes meurtrières et des tentatives d’incursion armées depuis l’Ukraine sur le territoire russe.
Dimanche, une nouvelle attaque de drones imputée à l’Ukraine a provoqué l’incendie d’une raffinerie dans le sud de la Russie, les autorités régionales faisant état d’un mort après une crise cardiaque.
Vladimir Poutine a juré vengeance vendredi, alors que ces attaques interviennent en réplique aux bombardements quotidiens de l’Ukraine par la Russie depuis le 24 février 2022.
Le maître du Kremlin, qui peut compter sur une popularité bien réelle, voit l’élection comme une démonstration d’unité des Russes derrière lui.
« Il nous faut confirmer notre unité et détermination à aller de l’avant », a-t-il martelé jeudi, jugeant « critique de ne pas se détourner du chemin », le pays étant, dans son esprit, la cible d’une guerre ourdie par l’Occident.
L’opposition à midi
Une vision partagée par nombre de ses compatriotes. « Les actions que l’Occident nous inflige ne font qu’unir davantage le peuple russe », jure auprès de l’AFP Lioubov Piankova, une retraitée de 70 ans de Saint-Pétersbourg, ville natale du chef de l’État.
Les principaux détracteurs de Vladimir Poutine sont, quant à eux, morts, en prison ou en exil, une répression qui a culminé avec le mystérieux décès d’Alexeï Navalny dans une prison d’une contrée reculée de l’Arctique russe.
Si les opposants n’ont aucune chance de peser sur le vote, ils veulent néanmoins montrer qu’ils existent, comme lors des obsèques de Navalny lorsque des foules lui ont rendu hommage à Moscou.
Ioulia Navalnaïa, qui a promis malgré son exil de reprendre le flambeau de son défunt mari, a appelé ses partisans à aller aux urnes au même moment, à midi dimanche (9 h GMT), et donner leur voix à n’importe quel candidat autre que Poutine.
Un jeune habitant de Moscou, qui a préféré rester anonyme pour des raisons de sécurité, a affirmé à l’AFP qu’il irait voter à cette heure-là « juste pour voir de jeunes visages positifs autour de moi » et apercevoir « la lumière dans ce sombre tunnel ».
Les autorités de la capitale ont mis en garde contre toute forme de protestation. Le jeune homme interrogé par l’AFP s’est toutefois dit serein, car l’action à laquelle il participera « ne viole aucune loi ».
Les premiers jours de vote se sont déroulés sans accroc, hormis quelques incidents isolés : peinture versée dans des urnes, tentatives d’incendie… Mais les motifs précis de ces actes n’ont pas été révélés. Plusieurs de leurs auteurs ont été incarcérés.
Incursions depuis l’Ukraine par des unités russes anti-Poutine
S’agissant de l’Ukraine, alors que le conflit a coûté la vie probablement à des dizaines de milliers de soldats russes, Moscou s’efforce de présenter avec triomphalisme de récentes conquêtes, à l’importance pourtant limitée, et de marteler que la Russie joue sa survie face à l’Occident.
Toute la semaine, l’armée russe a aussi dit repousser des tentatives d’incursions armées depuis l’Ukraine voisine dans les régions de Belgorod et Koursk, des assauts revendiqués par des unités anti-Poutine se disant composées de Russes.
Samedi encore, l’un de ces groupes, « Légion Liberté de la Russie », a appelé les civils à évacuer la ville de Belgorod : « vous n’êtes pas obligés d’être les boucliers humains de Poutine ».
Plusieurs personnes sont mortes dans ces régions ces derniers jours en outre dans des attaques de drones, de roquette et d’artillerie, même si la défense anti-aérienne russe semble en mesure d’abattre l’essentiel des projectiles.
L’armée russe a dit dimanche avoir détruit dans la nuit 35 drones ukrainiens volant au-dessus de plusieurs régions de la Russie, dont celle de Moscou, un chiffre particulièrement élevé.
Un responsable de l’occupation dans le sud de l’Ukraine, Vladimir Rogov, a également accusé l’armée de Kiev d’avoir attaqué un bureau de vote de la région de Zaporijjia à l’aide de drones, provoquant un incendie mais ne faisant pas de victime.
Moscou continue pour sa part ses bombardements de l’Ukraine. Une frappe a tué 21 personnes à Odessa vendredi
France24 avec AFP
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