La reconnaissance de sa défaite par Mahamudu Bawumia face à John Dramani Mahama lors des élections présidentielles tenues ce week-end au Ghana illustre la maturité et la solidité de la démocratie ghanéenne. Dans un contexte où de nombreux pays voisins souffrent de dictatures et de corruption, le Ghana se distingue par ses alternances politiques réussies et l’engagement de son élite intellectuelle.
La récente reconnaissance de sa défaite par Mahamudu Bawumia, vice-président du Ghana et candidat du parti au pouvoir, le Nouveau parti patriotique (NPP), face à l’ancien président John Dramani Mahama (ancienprésident 2012-2017), suite aux élections législatives et présidentielles tenues ce samedi 7 décembre témoigne d’une maturité politique remarquable et d’une solidité de la démocratie ghanéenne. En félicitant son adversaire avant même la publication des résultats officiels, Bawumia a non seulement respecté la volonté du peuple, mais a également contribué à préserver la paix et la stabilité dans le pays. Ce geste est emblématique d’une culture politique où l’acceptation des résultats électoraux est la norme, et non l’exception.
Le Ghana se distingue par son impressionnant bilan d’alternances politiques réussies. Depuis le retour à la démocratie en 1992, le pays a connu plusieurs transitions pacifiques entre différents partis politiques, un exploit rare dans une région où de nombreux pays francophones sont encore en proie à des dictatures militaires ou à des gouvernements civils corrompus. Cette stabilité politique est le fruit d’un engagement collectif envers la démocratie, soutenu par une élite intellectuelle patriote qui a su guider le pays à travers des périodes de turbulence.
L’ancien président Jerry Rawlings a joué un rôle crucial dans cette évolution. En tant que leader charismatique, il a non seulement initié des réformes démocratiques, mais a également encouragé une culture de responsabilité et de transparence au sein des institutions ghanéennes. Son héritage perdure, et son influence se fait encore sentir dans la politique actuelle, où le respect des règles du jeu démocratique est devenu une valeur fondamentale.
La maturité du peuple ghanéen, qui se manifeste par sa capacité à voter de manière éclairée et à accepter les résultats des élections, est également le reflet d’un niveau intellectuel élevé et d’un patriotisme ancré. Les Ghanéens, conscients des défis économiques auxquels leur pays est confronté, ont su faire preuve de discernement en plaçant leurs préoccupations au cur de leur choix électoral. Les difficultés économiques, telles que l’inflation et l’endettement, ont été des facteurs déterminants dans cette élection, mais elles n’ont pas altéré la volonté des citoyens de faire entendre leur voix de manière pacifique et constructive.
En conclusion, le Ghana se positionne comme une école de démocratie en Afrique de l’Ouest. Son engagement envers le respect de la loi, la bonne gouvernance et la solidité démocratique est un exemple à suivre pour d’autres nations du continent. Alors que les peuples voisins continuent de lutter contre des régimes autoritaires, le Ghana démontre qu’une démocratie solide est non seulement possible en Afrique, mais qu’elle peut également prospérer grâce à l’intelligence et au patriotisme de son élite et de sa population.
Oumar Kateb Yacine
Analyste-Consultant Géopolitique