Incroyable ! Quelle démonstration flagrante d’incompétence ou de naïveté — ou peut-être les deux réunies ! Charles Katty (photo), directeur adjoint de l’Office Guinéen de Publicité — OGP —, semble confondre superbement intérim et consécration. Voilà qu’il s’enorgueillit publiquement de cette « promotion » provisoire, à coups de remerciements emphatiques, comme si le décret présidentiel était une célébration de ses mérites indiscutables. Pour peu, il aurait remercié le ciel et planifié une tournée triomphale, oubliant que l’intérim n’est qu’une solution transitoire dans une institution en pleine tourmente :
« C’est avec une grande joie et une certaine gravité que je viens d’apprendre ma promotion dans les nouvelles fonctions de Directeur Général par intérim de l’Office Guinéen de Publicité (OGP). C’est un immense défi. Ma gratitude va bien entendu à l’endroit de Son Excellence le Général d’armée Mamadi Doumbouya, Président de la République, chef de l’Etat, dont la confiance n’a jamais fait défaut à mon niveau. Qu’il en soit infiniment remercié.
Je tiens à rendre hommage à l’ensemble du personnel de l’OGP, à mes parents, amis, proches et à tous ceux qui œuvrent pour l’essor de la Guinée.
Je prends donc l’engagement de travailler inlassablement pour mériter cette confiance placée en moi par le chef de l’Etat. C’est pourquoi, je demande à l’ensemble des cadres, employés de l’OGP de se remobiliser pour redresser cette entreprise qui reste et demeure l’un des fleurons de notre pays. »
Sapristi, quel aplomb ! Et surtout, quelle méconnaissance des réalités. Ce discours pompeux prouve déjà qu’il n’a absolument rien compris de la gravité de la situation. Une décision d’intérim destinée uniquement à expédier les affaires courantes est ici perçue comme une consécration personnelle. Cela augure mal de sa capacité à assumer cette responsabilité, même de façon temporaire.
Il est évident que, dans le contexte actuel, marqué par une crise majeure et des accusations de mauvaise gestion, l’intérim confié à Charles Katty ne vise qu’à maintenir un semblant de continuité jusqu’à l’installation d’une nouvelle équipe dirigeante. Il est tout aussi évident que, comme adjoint, il porte une part de responsabilité dans la gabegie ayant conduit au limogeage du directeur général Mandian Sidibé. Ce dernier a été évincé après une crise d’ampleur, marquée par une grève retentissante et une manifestation publique devant le Conseil national de transition.
Le décret présidentiel mentionne sans équivoque des faits de « mauvaise gestion ». Cela implique des audits rigoureux et des enquêtes approfondies, qui pourraient bien faire intervenir la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) pour un nettoyage en règle des écuries d’Augias qu’est devenue l’OGP. Ce n’est qu’après ces démarches que Mandian Sidibé et, éventuellement, Charles Katty, sauront si leur avenir se dessine sur des lauriers ou sur les bancs de la maison centrale de Coronthie.
Peut-être que Charles Katty compte sur une forme de protection pour échapper à toute responsabilité. Mais qu’il se souvienne que Mandian Sidibé, avant sa chute, avait lui aussi ses assurances. Surtout, qu’il n’oublie pas que dans la lutte contre la corruption — comme il l’a maintes fois réitéré — le Général Mamadi Doumbouya « ne connaît ni proches ni intouchables, et que sa main, ferme et déterminée, ne tremble jamais ». Mandian Sidibé lui-même en était persuadé jusqu’au dernier moment, avant de découvrir l’inflexibilité du Général face à la mauvaise gestion et aux scandales financiers.
Il faut rappeler que Mandian Sidibé n’était pas seul responsable de la gabegie : il avait une équipe. Et Charles Katty, en tant qu’adjoint, ne saurait se dédouaner de sa part de responsabilité. Les discours creux ne changeront rien à la situation : seuls les audits, ou mieux encore, la CRIEF, pourront établir la vérité. Alors, qu’il se prépare à affronter cette tempête avec moins d’illusion et plus d’humilité.
Par MACO