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La grâce présidentielle : un pouvoir discrétionnaire au service de la justice et de la réconciliation

La grâce présidentielle est une prérogative accordée au chef de l’État par la Constitution ou d’autres textes légaux, lui permettant de dispenser une personne condamnée de tout ou partie de la peine prononcée à son rencontre. C’est un acte individuel ou collectif qui s’inscrit dans un cadre humanitaire, symbolique ou politique. Mais qui peut en bénéficier ? Quels délits sont concernés ? Et quelles sont les procédures associées ?

 

▪︎Qui peut bénéficier de la grâce présidentielle ?

La grâce présidentielle peut être accordée à toute personne ayant été condamnée par une juridiction et dont la condamnation est devenue définitive. Cela inclut :

▪︎Les détenus purgeant leur peine : La grâce peut entraîner une réduction de peine, voire une libération anticipée.

▪︎Les condamnés en liberté conditionnelle ou surveillée : Elle peut annuler le reliquat de la peine ou certaines obligations.

▪︎Les condamnés absents ou en fuite : Bien que rarement appliqué, un individu en fuite peut bénéficier d’une grâce sous certaines conditions.

Cependant, il est important de noter que la grâce présidentielle ne supprime pas la condamnation elle-même. L’individu gracié reste coupable aux yeux de la loi, mais il est dispensé de subir la peine ou une partie de celle-ci.

▪︎Quels types de délits peuvent être concernés ?

La grâce présidentielle n’est pas limitée à un type spécifique de délit, mais elle est généralement accordée dans les cas suivants :

▪︎Les infractions mineures : Par exemple, des délits non-violents comme des délits financiers ou des infractions routières.

▪︎Les délits liés à des circonstances particulières : Cas de réhabilitation sociale, santé précaire ou situation familiale difficile.

▪︎Les infractions politiques : Dans certains contextes, des opposants politiques ou activistes emprisonnés pour leurs opinions peuvent être graciés, souvent dans un esprit de réconciliation nationale.

▪︎Les condamnations symboliques : Dans des affaires très médiatisées, la grâce peut être utilisée pour apaiser les tensions sociales ou corriger une injustice perçue.

En revanche, les crimes graves comme les actes de terrorisme, les violations ou les meurtres prémédités sont généralement exclus des mesures de grâce, bien que des exceptions puissent exister selon les contextes et les objectifs politiques.

 

▪︎Comment obtient-on la grâce présidentielle ?

 

L’obtention de la grâce suit une procédure précise :

 

▪︎Demande ou recommandation : Elle peut être initiée par le condamné, ses proches, ou par une autorité compétente (juge, avocat ou ONG).

▪︎Examen du dossier : Les services juridiques ou un comité spécialisé analysent la demande, en tenant compte de la gravité de l’infraction, du comportement du condamné et des circonstances atténuantes.

▪︎Décision du Président : Le chef de l’État, après consultation de ses conseillers ou du ministère de la Justice, prend une décision finale.

▪︎Publication du décret : La grâce est formalisée par un décret publié dans le journal officiel ou un document équivalent.Un outil au service de la justice et de la paix sociale.

La grâce présidentielle dépasse souvent le cadre strict de la justice. Elle est un symbole de pardon, d’humanité et parfois de réconciliation nationale. Cependant, elle suscite aussi des débats : certains la voient comme un privilège pouvant être utilisé à des fins politiques, tandis que d’autres y voient un levier essentiel pour corriger certaines injustices ou désamorcer des crises sociales.

En somme, bien que son exercice soit discrétionnaire, la grâce présidentielle doit toujours répondre à un objectif d’équité, de justice et d’intérêt général.

 

Par Aboubacar SAKHO 

Juriste-journaliste