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Mamady Sinkoun Kaba : hommage à un frère, un ami, parti trop tôt (Par Sékou Koundouno)

Jeudi 2 janvier 2025, à 12 h 37. Cette date, cette heure, ce moment précis resteront gravés en moi comme une blessure éternelle. Ce fut notre dernière conversation. Deux minutes et trente-six secondes. Un échange court, si court, mais qui résonne encore dans mon âme comme un écho que je n’oublierai jamais.

Ta voix, habituellement forte et assurée, était ce jour-là basse, presque chuchotée, comme une flamme vacillante. Mais tu voulais me rassurer. Tu m’as dit que tu étais malade depuis un moment, mais que tu allais mieux. Tu m’as promis qu’on se retrouverait bientôt, à Paris, pour parler de ce qui nous unissait tant : notre Guinée.

Dans mon lit, j’ai senti une inquiétude sourde, un pressentiment que je n’arrivais pas à nommer. Cette voix n’était pas la tienne. Pas celle de l’homme déterminé, passionné, qui portait sur ses épaules les espoirs d’un pays. Mais je voulais te croire. Je voulais croire que ce « mieux » était réel, que ce rendez-vous à Paris serait une évidence.

Hélas, ce rendez-vous n’aura jamais lieu. Et maintenant, cher frère, il ne reste que le silence. Ce silence cruel, ce vide insupportable que tu laisses derrière toi.

Depuis deux ans, notre rencontre a marqué ma vie comme peu d’autres. Tu étais bien plus qu’un frère de lutte. Tu étais un homme d’une rare humanité. Tu croyais à l’unité, au dialogue, à la force des idées partagées. Tu portais en toi une vision pour notre Guinée : celle d’un pays réconcilié avec lui-même, debout, fier et uni.

En septembre dernier, tu as écrit ces mots, comme une vérité intemporelle :

« Il est facile de montrer fidélité et loyauté quand tout va bien, quand le vent souffle dans la bonne direction et que le pouvoir est entre de bonnes mains. Mais c’est dans les moments d’incertitude, lorsque les équilibres changent, que l’on découvre où se trouve vraiment la loyauté de chacun. »

Ces paroles, empreintes de sagesse, résonnent aujourd’hui avec une force que nul ne peut ignorer. Elles sont le reflet de ta vie : une vie marquée par une fidélité sans faille à tes principes, une loyauté inébranlable envers ta patrie, même dans les moments les plus difficiles. Nous méditerons sur ces mots, car ils nous interpellent, ils nous rappellent l’importance de rester fidèles à ce qui est juste, même lorsque tout vacille autour de nous.

Et pourtant, la vie t’a infligé une épreuve que tu ne méritais pas. Tu es mort en exil, loin des tiens, loin de ta terre, avec un sentiment d’injustice que seul le Seigneur peut mesurer. Comment comprendre que quelqu’un comme toi, qui portait tant d’amour et de lumière, ait dû partir ainsi ?

Aujourd’hui, nous sommes là. Ta famille, tes amis, tous ceux que tu as touchés par ton humanité. Nous sommes là pour te dire adieu. Mais comment dire adieu à quelqu’un qui a tant donné, à quelqu’un qui semblait invincible ? Tu es parti bien trop tôt, et ton absence est une douleur que rien ne peut apaiser.

À ta famille, ta mère, tes frères et sœurs, ton épouse, tes enfants : à eux, je veux dire ceci : vous n’êtes pas seuls. Nous partageons votre peine, et nous portons tous un morceau de cet héritage qu’il a laissé.

Cher frère, tu vivras dans nos luttes, dans nos souvenirs, dans ce que nous continuerons à bâtir en ton nom. Tu es parti, mais tu resteras pour toujours une part de nous-mêmes.

Repose en paix, toi qui as tant donné au monde. Un jour, nous nous retrouverons. Et ce jour-là, ce sera comme si le temps n’avait pas existé.

 

𝗦𝗘𝗞𝗢𝗨 𝗞𝗢𝗨𝗡𝗗𝗢𝗨𝗡𝗢

𝗥𝗘𝗦𝗣𝗢𝗡𝗦𝗔𝗕𝗟𝗘 𝗗𝗘𝗦 𝗦𝗧𝗥𝗔𝗧𝗘́𝗚𝗜𝗘𝗦 𝗘𝗧 𝗣𝗟𝗔𝗡𝗜𝗙𝗜𝗖𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗨 𝗙𝗡𝗗𝗖