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CNT Guinée : De la démission de Maître Mohamed Traoré*

Sans surprise, l’ancien bâtonnier guinéen Maître Mohamed Traoré, connu pour son engagement en faveur de l’État de droit, du respect des droits humains et des principes démocratiques, rend sa démission au Conseil national de la transition (CNT). Dans une lettre adressée au Président de l’organe législatif de la transition du CNRD, Maître Traoré justifie sa décision par l’expiration du délai légal de la transition que le CNT a adopté le 11 mai 2022, au nom du peuple de Guinée.

Trente-six (36) mois, c’est le délai qui a été adopté par la majorité des conseillers nationaux pour marquer la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel civil et démocratique. Son adoption fait suite à une proposition de 39 mois faite par le Comité national du Rassemblement pour le développement (CNRD), l’organe central de la transition.

Ce délai légal de 36 mois étant arrivé à terme le 31 décembre 2024, Maître Mohamed Traoré, homme de droit en harmonie avec sa conscience et les valeurs qu’il défend, estime que sa mission est arrivée à terme.

La transition guinéenne qui se trouve désormais dans l’illégalité après plus de 40 mois, soit 3 ans, 4 mois et 8 jours. Pendant tout ce temps, les autorités du CNRD n’ont véritablement rien entrepris pour le respect du calendrier légal et des engagements qu’elles ont pris devant la communauté nationale et internationale. Tout semble désormais évoluer en faveur de la confiscation du pouvoir. Les communications officielles des membres du gouvernement, notamment du Premier ministre, du ministre porte-parole du gouvernement et de celui des Affaires étrangères, ainsi que du secrétaire général de la Présidence, indiquent clairement que l’organisation d’élections n’est pour le moment pas à l’ordre du jour.

Contrairement à eux, le 31 décembre dernier, dans son adresse de nouvel an, le Président de la transition Mamadi Doumbouya a promis l’organisation du référendum en 2025. Dans le même discours, il a prononcé que l’année 2025 sera une année électorale. Sauf que, dans la réalité des choses, rien ne semble aller dans ce sens. Jusqu’à date, il n’y a aucune visibilité ni de lisibilité sur le niveau d’exécution des activités contenues dans le chronogramme de la transition.

Aussi, dans la présentation du projet de loi des finances initiales de 2025, finalement adopté par le CNT, aucune ligne budgétaire n’a été consacrée à l’organisation d’une quelconque élection courant de cette année. Alors, sur quoi faut-il croire aux promesses du chef de la junte qui viennent s’ajouter à tant d’autres qui n’ont jamais été honorées malgré le serment d’officier qu’il a tant clamé et les dispositions de la charte de la transition qui fait office de constitution provisoire ?

Par ailleurs, jusque-là, la Guinée ne dispose ni d’organe électoral, ni de fichier électoral, encore moins d’une activité visible sur le terrain allant dans le sens du processus électoral devant mettre fin à la transition.

Selon les informations, plusieurs conseillers nationaux pourraient emboîter le pas à Maître Mohamed Traoré dans les jours à venir. Les motivations seraient les mêmes : le non-respect par le CNRD du délai de la transition et des engagements pris devant le peuple de Guinée. Si cela venait à être concrétisé, les Guinéens pourraient retrouver l’espoir en certains de leurs compatriotes quant au respect des lois et des engagements dans la défense de l’intérêt supérieur de la nation.

Babila Keita