Carte nationale d’identité biométrique gratuite en Guinée : une mesure présidentielle freinée par des obstacles administratifs.
Dans un décret pris le dimanche 2 février 2025, le Président de la République, Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, a décidé de rendre gratuite l’obtention de la carte nationale d’identité biométrique pour tous les citoyens guinéens effectuant une première demande. Une mesure saluée par les populations, mais dont l’application semble se heurter à des difficultés sur le terrain.
L’acte présidentiel précise que les conditions et modalités de mise en œuvre de cette gratuité seront définies par un arrêté conjoint des Ministres en charge de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, de la Sécurité et de la Protection Civile, ainsi que des Affaires Étrangères. Toutefois, près d’un mois après son adoption, cette décision tarde à être appliquée, suscitant frustrations et incompréhensions.
●À Conakry, une procédure coûteuse et lente :
Dans la capitale guinéenne, où l’annonce présidentielle avait été accueillie avec enthousiasme, les citoyens font face à une tout autre réalité. Les agents communaux continuent d’exiger des frais de 65 000 francs guinéens pour la délivrance d’un reçu, en plus de l’ancien extrait de naissance et de deux photos d’identité sur fond blanc. Pire, les délais d’attente pour obtenir l’extrait de naissance biométrique sont interminables, contraignant les citoyens à patienter plusieurs mois.
Face à cette lenteur, une procédure « accélérée » a émergé, moyennant 150 000 francs guinéens, garantissant la délivrance du précieux document en 72 heures seulement. Une fois en possession de l’extrait de naissance biométrique, le citoyen doit ensuite se rendre dans un commissariat pour finaliser la demande de carte nationale d’identité biométrique.
●Dans l’arrière-pays, des disparités tarifaires et des délais interminables.
À l’intérieur du pays, les montants exigés varient d’une préfecture à une autre. À Dabola, par exemple, les citoyens doivent s’acquitter de 220 000 francs guinéens, auxquels s’ajoutent des « pourboires » pour les agents en charge du traitement du dossier. Une fois le dossier constitué, il est envoyé à Faranah, et les demandeurs doivent attendre des mois avant de recevoir leur carte d’identité biométrique.
●Qu’en est-il pour les Guinéens de l’étranger ?
Si les citoyens en Guinée rencontrent déjà d’énormes obstacles pour obtenir leur carte d’identité biométrique, la situation des Guinéens vivant à l’étranger reste une grande inconnue. Dans les ambassades guinéennes, la procédure et les délais de délivrance demeurent flous, alimentant l’inquiétude de la diaspora.
●Un appel au Président pour une application effective de la mesure.
La décision du Général Mamadi Doumbouya de rendre gratuite la première demande de carte nationale d’identité biométrique est une initiative louable, qui répond aux attentes des citoyens en matière de facilitation des démarches administratives. Cependant, son application est entravée par des lenteurs, des coûts injustifiés et des pratiques opaques.
Face à cette situation, nous attirons l’attention bienveillante du Président de la République, Chef de l’État sur la nécessité d’assurer le respect strict de sa décision. Une intervention décisive de sa part permettrait de garantir une mise en œuvre effective et transparente de cette réforme, qui reste très attendue par les citoyens guinéens.
Par Aboubacar SAKHO
Juriste-journaliste