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Guerre d’influence au sommet de l’État : Bah Oury et Gaoual, frères ennemis en terrain miné

Loin d’être une simple divergence de vues, l’antagonisme entre Bah Oury et Ousmane Gaoual Diallo prend désormais la forme d’une guerre feutrée au sein même du gouvernement de la Transition. Entre luttes d’influence, positionnements stratégiques et ambitions sous-jacentes, ces deux hommes, autrefois adversaires au sein de l’UFDG, poursuivent leur duel sous les lambris du pouvoir, au risque de fissurer un équilibre déjà précaire.

Dernier épisode en date : l’opposition flagrante entre le Premier ministre et son porte-parole sur la question des élections. Alors que Bah Oury, dans un exercice d’optimisme ou de survie politique, affirme que toutes les élections auront lieu cette année, Ousmane Gaoual, lui, tranche d’un réalisme froid : ce n’est pas faisable. Une dissonance qui ne doit rien au hasard. Elle reflète une bataille plus vaste, où chacun tente d’imposer son narratif et de se positionner comme le garant de la ligne officielle.

Déjà, lors de l’ ‘‘immersion gouvernementale’’ à l’intérieur du pays, Ousmane Gaoual a choisi de rester à Conakry, organisant sa propre ‘‘retraite stratégique’’, coupant ainsi l’herbe sous le pied du Premier ministre. Un acte hautement symbolique qui témoigne de son autonomie, voire d’une volonté d’émancipation de l’autorité de Bah Oury. Et comme si cela ne suffisait pas, il a même créé un Service d’information du gouvernement, venant faire de l’ombre à la cellule de communication du Premier ministre. Une manière à peine voilée d’affirmer son ascendant.

Mais la véritable clé de lecture de cette rivalité se trouve dans la question de l’adhésion à la ligne du Général Doumbouya. Si Ousmane Gaoual n’hésite pas à déclarer que le ‘‘général ne peut plus ne pas être candidat’’, Bah Oury, lui, tergiverse, affichant un soutien timide, insuffisant pour rassurer ceux qui décident dans l’ombre. Or, en cette période de transition où chacun doit prouver sa loyauté, l’ambiguïté peut coûter cher. Et l’histoire politique guinéenne regorge d’exemples de recalés du pouvoir pour moins que cela.

Dans cette guerre des tranchées, l’issue semble déjà se dessiner. Ousmane Gaoual, plus ancré dans les cercles du pouvoir, semble avoir l’oreille du Palais Mohamed V, tandis que Bah Oury apparaît en sursis. À trop vouloir ménager la chèvre et le chou, le Premier ministre pourrait bien être la première victime du prochain remaniement. Mais en Guinée, la politique est un théâtre où les rôles changent au gré des intrigues. Qui sait ? Peut-être que l’histoire réserve encore un retournement inattendu à ce duel au sommet.

 

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

Source :Guinee7.com