La signature récente des contrats relatifs à la reconstruction de deux axes routiers stratégiques en Guinée, confiés à des entrepreneurs nationaux, marque une étape importante dans la politique de promotion des entreprises locales. Ces entrepreneurs ont même juré sur le Coran de mener à bien leur mission, symbolisant ainsi leur engagement. Cette approche, si elle est bien encadrée, peut effectivement stimuler l’économie nationale et renforcer les infrastructures. Cependant, elle soulève aussi des défis majeurs qu’il est urgent de relever pour garantir des résultats durables.
Dans tous les pays soucieux de leur développement, qu’il soit économique, infrastructurel ou stratégique, la priorité est donnée à la création de champions locaux. En confiant des marchés publics aux entreprises nationales, l’État favorise :
– La rétention des capitaux : les fonds investis restent dans le pays, alimentant les banques locales et stimulant l’économie nationale ;
– La création d’emplois: les travailleurs guinéens sont privilégiés, réduisant ainsi le chômage et améliorant le pouvoir d’achat.
Quant aux entrepreneurs chargés d’exécuter ces travaux, leur attachement patriotique devrait les motiver à fournir un travail de qualité par amour pour leur nation. Contrairement aux entreprises étrangères, qui rapatrient souvent leurs bénéfices et n’ont pas toujours le même souci d’excellence, les acteurs nationaux pourraient incarner une solution plus durable.
Malheureusement, en Guinée, la réalité est souvent différente. Certains entrepreneurs locaux se révèlent pires que les étrangers, avec des pratiques nuisibles au développement du pays :
1. Corruption et opacité: les contrats sont obtenus par connivence avec des responsables étatiques exigeant des pots-de-vin exorbitants, plutôt que sur la base du mérite ;
2. Travaux bâclés et manque de professionnalisme: certaines entreprises réalisent des infrastructures de mauvaise qualité, mettant en danger les usagers et gaspillant l’argent public ;
3. Exploitation des travailleurs : les employés sont sous-payés, tandis que les bénéfices sont détournés au lieu d’être réinvestis.
Ces pratiques minent la confiance des citoyens et discréditent une politique pourtant essentielle à l’autonomie économique de la Guinée.
Comment garantir l’efficacité de cette approche ?
Monsieur le Président de la République, pour que la préférence nationale soit un succès, des réformes strictes doivent être mises en place :
1. Transparence dans l’attribution des marchés:
instaurer des appels d’offres équitables, avec un contrôle indépendant pour éviter les favoritismes ;
2. Suivi rigoureux des réalisations: audits techniques et financiers pour garantir le respect des normes ;
3. Scanctions exemplaires: pénaliser les entreprises et responsables coupables de corruption ou de malfaçon, et les exclure des futurs projets ;
4. Formation des entrepreneurs: renforcer leurs compétences pour améliorer leur professionnalisme.
Si ces mesures sont appliquées, la Guinée pourra enfin espérer des progrès significatifs.
**Signé : CLP
