Le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz, figure emblématique du secteur minier mondial, a été définitivement condamné par le Tribunal fédéral suisse pour corruption d’agents publics étrangers dans le cadre de l’acquisition de concessions minières en Guinée. Cette décision marque la fin d’un long feuilleton judiciaire à fort retentissement international.
Trois ans de prison dont 18 mois ferme
La plus haute juridiction helvétique a confirmé la peine de trois ans de prison, dont 18 mois ferme, infligée en première instance par le Tribunal correctionnel de Genève en 2021. Steinmetz avait été reconnu coupable d’avoir mis en place, entre 2005 et 2010, un vaste système de pots-de-vin pour obtenir l’un des gisements de fer les plus convoités au monde : Simandou, situé dans le sud-est de la Guinée.
Le stratagème consistait, selon les juges, à verser plusieurs millions de dollars à des proches de l’ex-président guinéen Lansana Conté, décédé en 2008, afin d’écarter la société rivale Rio Tinto et sécuriser des droits miniers au profit de la société BSGR (Beny Steinmetz Group Resources).
Une défense offensive
Dans un communiqué diffusé après la décision du Tribunal fédéral, Beny Steinmetz, aujourd’hui âgé de 69 ans, a dénoncé la « politisation du système judiciaire suisse ». Il affirme être la cible d’une « campagne mondiale de diffamation », qu’il attribue au milliardaire américain George Soros, connu pour son engagement philanthropique mais aussi pour ses affrontements avec divers oligarques à travers le monde.
L’homme d’affaires dénonce un « procès politique », sans toutefois convaincre les magistrats suisses, qui ont considéré que les preuves étaient suffisamment solides et que les accusations reposaient sur des faits avérés.
Un symbole de la lutte contre la corruption
Cette affaire illustre l’ampleur de la corruption qui peut entacher les contrats miniers en Afrique, notamment dans des pays riches en ressources naturelles mais où les institutions restent fragiles. Elle met également en lumière la volonté de certaines juridictions occidentales, comme la Suisse, de poursuivre des actes de corruption commis à l’étranger lorsque leurs ressortissants ou des entreprises locales sont impliqués.
Pour la Guinée, cette condamnation renforce les critiques formulées depuis plus d’une décennie sur les conditions opaques dans lesquelles certaines richesses du pays ont été bradées au détriment de l’intérêt général. Depuis l’annulation par le gouvernement guinéen des droits miniers de BSGR en 2014, le site de Simandou est devenu un enjeu stratégique pour l’État guinéen qui tente désormais de le développer dans un cadre plus transparent.
Fatoumata Camara/Lejour.Info