Le diplomate ivoirien Amara Essy s’est éteint ce mardi 8 avril 2025, à l’âge de 80 ans à son domicile familial. Une perte immense pour la Côte d’Ivoire et pour tout le continent africain, tant sa carrière incarne l’engagement, la discrétion et l’excellence dans le service diplomatique.
Diplomate chevronné, Amara Essy a occupé des fonctions de premier plan sur la scène internationale : secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) puis premier président de la Commission de l’Union africaine (2002-2003), représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies, président de la 49e session de l’Assemblée générale de l’ONU et envoyé spécial des Nations unies pour la Centrafrique en 2000.
Sa carrière débute en 1971 au Brésil comme premier conseiller de l’ambassade ivoirienne, à seulement 27 ans. Deux ans plus tard, il est affecté à la mission permanente de la Côte d’Ivoire à l’ONU, à New York. C’est le président Félix Houphouët-Boigny qui le nomme ensuite ambassadeur en Suisse, où il préside le « Groupe africain » et le Groupe des 77 à Genève, tout en contribuant à la transformation de l’ONUDI en agence spécialisée de l’ONU.
Ambassadeur à l’ONU de 1981 à 1990, il marque son passage par l’élection historique de la Côte d’Ivoire au Conseil de sécurité, dont il prend la présidence en janvier 1990. Cette même année, il est rappelé à Abidjan par Houphouët-Boigny pour devenir ministre des Affaires étrangères, poste qu’il occupera jusqu’en 1998, puis brièvement comme ministre d’État. Il devient l’un des artisans clés de la diplomatie ivoirienne et africaine, jouant un rôle majeur dans plusieurs processus de paix en Afrique (Angola, Liberia, Sierra Leone, Tchad, Somalie…).
Après la disparition de Houphouët-Boigny, il reste actif sous la présidence de Henri Konan Bédié. En 1994, il est élu président de l’Assemblée générale des Nations unies, devenant le premier Africain francophone à assumer cette fonction prestigieuse.
En 1999, après le coup d’État militaire en Côte d’Ivoire, il se retire brièvement, avant de revenir comme envoyé spécial de l’ONU pour l’Afrique centrale à l’appel de Kofi Annan. Soutenu par le président Laurent Gbagbo, il est élu secrétaire général de l’OUA en 2001, marquant le tournant vers la nouvelle Union africaine. Bien qu’il ne soit pas reconduit à la tête de la nouvelle institution, son empreinte sur sa transformation reste durable.
En 2014, fidèle à ses convictions, il se déclare candidat à l’élection présidentielle de 2015, en rupture avec les consignes de son parti, le PDCI.
Figure respectée, homme de réseaux et médiateur reconnu, Amara Essy aura traversé plusieurs décennies de bouleversements politiques africains sans jamais renier sa vision : une Afrique forte, unie, et respectée sur la scène internationale.
Le président de la République, les institutions ivoiriennes et la communauté internationale saluent aujourd’hui la mémoire d’un diplomate d’exception, artisan infatigable du dialogue et de la paix.
Par Aboubacar SAKHO
Juriste-journaliste
