Comment un citoyen peut-il contribuer à la lutte contre la corruption ? (Par Ibrahima Diallo du FNDC)
Un cas pratique:
La Cheffe de cabinet du ministère de l’enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, l’agent du secrétariat central et Moi.
Le 17 octobre 2017, je suis allé déposer un courrier au ministère de l’enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique pour solliciter un partenariat dudit ministère dans le cadre d’un concours impliquant des étudiants start-up des universités guinéennes.
Arrivé au secrétariat central, je m’adresse à un agent du ministère pour enregistrer mon courrier.
Moi:
bonjour Monsieur, je suis venu déposer ce courrier adressé à Monsieur le Ministre.
L’agent :
oui Bonjour, d’accord vous devez payer 10.000 GNF pour l’enregistrement du courrier.
Moi:
non! c’est un service public gratuit non?
L’agent:
écoutez monsieur, c’est la règle ici, vous voyez celui qui vient de quitter? Il a payé pour lui.
Moi:
je suis désolé Monsieur, mais je ne peux pas payer.
L’agent:
d’accord, si vous ne payez pas, je ne vous garantis pas l’arrivée de votre courrier à destination.
Moi:
OK si c’est votre décision, mais je ne paye pas.
C’est ainsi que je suis sorti du Ministère.
Choqué par ce comportement de l’agent, je suis allé sur Tweeter pour dénoncer cette tentative de corruption en ces termes: “Au ministère de l’enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, pour déposer un courrier, on vous demande de payer 10.000 GNF. A défaut, votre courrier n’arrivera pas à destination”.
15 mn après, la Cheffe de cabinet du ministère, madame Zenab Camara, m’a contacté, par un message privé sur Tweeter, en laissant son numéro et me demandant de l’appeler.
Une demande à laquelle j’ai accédée.
Je l’ai appelé.
Moi :
bonjour madame, c’est Ibrahim, vous m’avez demandé de vous appeler.
La Cheffe de cabinet:
oui merci d’avoir appelé. Je voudrais vous rencontrer pour en savoir davantage sur le problème que vous auriez rencontré au ministère. Prière de passer à mon bureau.
Moi:
Ok madame, j’arrive.
Arrivé au bureau de la Cheffe de cabinet, elle m’a reçu et écouté avec respect et considération.
Par la suite, elle a regretté la situation et m’a expliqué les difficultés de sanctionner le mis en cause en raison de l’absence d’élément de preuve pendant l’action.
Une difficulté que j’ai comprise. Je l’ai remercié et exprimé ma reconnaissance pour sa démarche. On s’est séparé.
Animé de la volonté de mettre fin à cette pratique pour, au moins, éviter de nouvelles victimes, je me suis dit qu’il faudra que je trouve un moyen pour avoir cette preuve de corruption afin de provoquer une prise de sanction contre l’agent en question.
C’est ainsi, en quittant le bureau de la Cheffe de cabinet, je me suis dirigé directement au secrétariat central du ministère pour rencontrer l’agent corrupteur, avec la caméra de mon téléphone allumée dans la poche de ma chemise, en lui disant ceci:
“Monsieur, comme vous m’avez dit que si je ne paye pas 10.000fg pour enregistrer mon courrier, il n’arrivera pas à destination, voilà 20.000fg, prenez vos 10.000fg et retournez moi la monnaie”.
Il a pris les 10.000fg et a enregistré mon courrier en me remettant le numéro d’enregistrement.
Quand je suis sorti du secrétariat central, j’ai visualisé la vidéo du caméra cachée: les images étaient excellentes.
J’ai envoyé directement la vidéo à la cheffe de cabinet en guise de preuve de corruption.
Ainsi, pour joindre la parole à l’acte, elle a diligenté des mesures correctives contre l’agent du secrétariat central.
Le 20 octobre 2017, elle m’a informé de la décision (une mise à pieds) prise contre l’agent corrupteur et m’a remercié pour la collaboration.
Nb: je fais ce témoignage pour mettre en exergue le rôle des citoyens dans la lutte contre la corruption. En espérant qu’il servira d’exemple chez les gouvernants et gouvernés.
Ibrahima Diallo
Activiste de la société civile,
Responsable des Opérations du FNDC
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