Une deuxième personne est morte vendredi, au lendemain de la dispersion de manifestants à balles réelles dans le centre du Bénin, ont indiqué les autorités locales au dernier jour de campagne avant la présidentielle.
« Un des blessés par balles a succombé ce (vendredi) matin, le bilan se monte désormais à deux morts et au moins cinq blessés », a déclaré à l’AFP Denis Oba Chabi, maire de Savè où l’armée s’est déployée jeudi pour déloger des manifestants protestant contre l’absence de l’opposition à la présidentielle de dimanche.
« Le calme est revenu, les jeunes n’ont pas érigé de nouvelles barricades et, après des négociations avec l’armée, les militaires sont rentrés dans leur garnison », a-t-il ajouté.
Néanmoins de nombreux habitants continuaient à quitter la ville à travers des chemins de brousse, craignant des violences et des représailles.
« Il faut préserver sa vie. Personne ne sait quand les manifestations prendront fin et le retour à la paix n’est pas pour bientôt », rapporte Marcellin B., la trentaine, un habitant de Savè.
Un peu plus au nord, à Tchaourou, « les affrontements ont repris tard dans la soirée et ont duré toute la nuit. Les gens n’osent plus sortir de chez eux », témoigne une source locale sous couvert d’anonymat.
Depuis mardi, les habitants de plusieurs villes du centre et du Nord du pays, fiefs de l’opposition, bloquaient des centaines de voitures et transporteurs sur la route menant vers le Nord du pays et vers le Niger.
Ils protestaient contre le président Patrice Talon, candidat à sa propre succession et accusé par l’opposition d’avoir confisqué le scrutin et de l’avoir empêchée d’y participer grâce au nouveau code électoral et sa réforme institutionnelle.
Après deux jours de blocage, l’armée a été déployée jeudi à Savè à bord de blindés. Les militaires ont d’abord tiré des gaz lacrymogènes, ont observé des journalistes de l’AFP sur place qui ont également entendu des coups de feu.
L’armée a finalement réussi à lever le barrage permettant à la circulation entre le Sud et le Nord du pays de reprendre en fin d’après-midi.
Contacté par l’AFP, le porte-parole du gouvernement Alain Orounla avait fustigé jeudi « une horde de jeunes drogués et armés » s’étant attaqués aux forces de l’ordre, lesquelles « essuyant des tirs » avaient « dû les repousser ». « L’élection aura lieu dimanche », avait-il assuré.
« Le droit de notre peuple de manifester dans la rue, de s’exprimer et de faire entendre sa voix, est un droit constitutionnel », a déclaré dans un communiqué un des candidats de l’opposition recalés du processus électoral, l’universitaire Joël Aïvo. « La jouissance de ce droit constitutionnel ne peut être criminalisée, pas plus qu’elle ne peut valoir aux manifestants prison ou mort ».
Le président Talon, qui n’a jusqu’ici fait aucun commentaire sur les violences et les arrestations, était attendu vendredi en début d’après-midi à Godomey, dans la banlieue de Cotonou (Sud) pour son dernier meeting avant la clôture de la campagne électorale à minuit (23H00 GMT).
AFP
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