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Zambie : le candidat d’opposition Hakainde Hichilema remporte la présidentielle

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Cet homme d’affaires autodidacte, éternel battu jusqu’alors, succède au président sortant, Edgar Lungu, qui dirigeait le pays depuis 2015.

Le chef de l’opposition zambienne Hakainde Hichilema a très largement remporté l’élection présidentielle du pays, a annoncé la commission électorale dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 août.

La course était annoncée serrée depuis des semaines, mais l’opposant historique, surnommé « HH », bat ainsi de près d’un million de voix le président sortant Edgar Lungu qui dirige le pays depuis 2015. M. Hichilema a remporté un total de 2 801 757 suffrages, contre 1 814 201 pour M. Lungu, a précisé Esau Chulu, président de la commission.

On ignore le résultat d’une seule des 156 circonscriptions du pays d’Afrique australe, mais la commission a estimé que quel que soit celui-ci, cela « ne risquait pas d’influer » sur la victoire de M. Hichilema.

Forte participation

Le scrutin a eu lieu jeudi, à l’issue d’une campagne tendue, sur fond d’inflation et de difficultés économiques. La participation, très forte à plus de 70 %, confirme l’engouement pour ce scrutin, durant lequel certains bureaux sont restés ouverts jusqu’à 5 heures du matin, pour permettre aux électeurs faisant la queue depuis la fin d’après-midi de voter.

Quatorze autres candidats étaient en lice, mais la course se jouait essentiellement entre MM. Lungu, 64 ans, et Hichilema, 59 ans, un homme d’affaires autodidacte et charismatique qui se présentait pour la sixième fois. En 2016, M. Hichilema avait perdu d’un peu plus de 100 000 voix.

Les deux hommes ont sillonné depuis mai le pays enclavé d’Afrique australe, riche en cuivre, en dépit d’une campagne limitée par les restrictions liées à la pandémie de Covid-19. La hausse du coût de la vie a érodé la base de soutien du président sortant, un avocat de formation, critiqué pour avoir emprunté de façon excessive, notamment auprès de créanciers chinois, pour lancer de grands travaux d’infrastructure. L’inflation a grimpé à plus de 20 % sous sa présidence, et à la fin de 2020 la Zambie est devenue le premier pays d’Afrique à se retrouver en défaut de paiement depuis l’apparition du Covid-19.

Eternel opposant

Avant d’arriver à la tête de l’Etat, Hakainde Hichilema était la figure même de l’éternel opposant, toujours battu. La persévérance de cet homme d’affaires parti de rien, mais aujourd’hui à la tête d’une grande fortune personnelle, a enfin porté ses fruits.

Celui que la rue surnomme aussi « Bally », terme affectueux réservé aux pères ou aux aînés, a perdu toutes les élections régulières ou anticipées organisées dans le pays depuis 2006, mais a fait progresser son pourcentage de voix à chaque tentative. Arrêté une quinzaine de fois depuis qu’il fait de la politique, il a passé quatre mois à l’isolement en prison pour « trahison » après avoir refusé le passage à un convoi présidentiel juste après l’élection de 2016.

Orateur éloquent, M. Hichilema a mené une campagne habile sur les réseaux sociaux et travaillé dur pour se débarrasser de son image élitiste, troquant ses costumes sur mesure pour des treillis ou des jeans plus décontractés. Il a promis de redresser l’économie, et d’offrir aux Zambiens « une vie meilleure ».

« Cela me peine de voir des citoyens se coucher sans avoir mangé dans un tel pays », a-t-il expliqué, déplorant le potentiel sous-exploité des ressources naturelles de la Zambie, deuxième producteur de cuivre en Afrique. « Des actifs valant des milliards de dollars ne rapportent rien… pour améliorer nos vies », a-t-il insisté.

« Cran » et « détermination »

Né en 1962 dans une famille pauvre du sud du pays, c’est son « cran » et sa « détermination » à l’école, raconte-t-il, qui lui ont valu une bourse déterminante à l’université de Zambie. Il en sort diplômé en économie et gestion des affaires, avant de prolonger ses études avec un MBA à l’université de Birmingham, en Angleterre. A l’âge de 26 ans, il est PDG de la branche zambienne d’un cabinet comptable international.

Il commence dans l’immobilier, investissant progressivement dans la finance, l’élevage, la santé et le tourisme. HH a siégé au conseil d’administration de plusieurs grandes entreprises zambiennes.

Ses détracteurs le considèrent comme un « outsider » politique, un entrepreneur au jargon économique qui a été catapulté à la tête du parti UPND, qu’il finançait déjà, à la mort de son ancien leader, en 2006. Chrétien de l’ethnie Tonga, et mécène à ses heures, il finance des écoles et paye les frais de scolarité d’enfants défavorisés.

Le Monde avec AFP

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