Huitième comparution de Moussa Dadis Camara en Guinée. L’ancien chef de la junte, au pouvoir lors du massacre du stade de Conakry, est toujours interrogé par les avocats des parties civiles. Il est l’un des principaux accusés dans ce procès qui tente de faire la lumière sur le meurtre, le 28 septembre 2009, de plus de 150 personnes. Un meeting de l’opposition avait été écrasé dans le sang par les forces de sécurité guinéennes.
Une audience ponctuée des éclats de voix de Moussa Dadis Camara. L’ex-putschiste n’a plus le calme qu’il arborait encore la journée précédente. Pour sa première comparution de la semaine, l’ancien président avait campé sur ses positions.
Ce mardi 10 janvier, par moment, il est apparu déstabilisé, haussant le ton contre l’avocate Halimatou Camara. Elle demande si, après le massacre, une enquête a été ouverte au sein du ministère de la Sécurité. « Je n’en avais pas besoin », rétorque Dadis qui assure que le ministre est passé de poste en poste à l’époque pour recommander aux agents de ne pas faire usage de leurs armes à feu. « C’était largement suffisant », conclut-il.
L’avocate reprend : « Ces vies humaines n’étaient pas importantes ? Situer les responsabilités n’était pas important ? » Le visage de Dadis se tord de colère. Il crie : « Posez votre question Madame, il faut que la question soit précise ! ».
À plusieurs reprises, le président du tribunal prend la parole pour rappeler à l’ordre le prévenu. « Ne commentez pas les questions ! » Moussa Dadis Camara tapote frénétiquement le pupitre derrière lequel il est assis. « Je vous dis souvent d’attendre, parce que vous êtes pressé, dit Ibrahima Sory Tounkara à l’ancien chef d’État. Vous commencez à parler alors que celui qui pose la question n’a même pas fini encore », explique-t-il.
Mais malgré ces rappels à l’ordre, Dadis Camara perd facilement son sang-froid face aux questions gênantes et embarrassantes des avocats des parties civiles. Les éclats de langage qui ont opposé l’avocate Me Halimatou Camara à l’ex-chef de la junte qui est apparu déstabilisé, ont même contraint la cour à interrompre les débats afin de ramener le calme dans la salle.
Ce qui fait réagir Mâadiou Diallo, passionné de ce procès, au micro de notre correspondant Mouctar Bah. « Dadis a intérêt à se calmer, il doit savoir qu’il n’est plus au pouvoir même s’il est nostalgique. Son règne est révolu justement depuis les massacres du 28 septembre 2009. Il est l’accusé numéro 1 dans ces évènements. Elever le ton ici ne plaide pas en sa faveur et d’ailleurs c’est une mauvaise stratégie pour sa défense ».
Ce procès est loin de livrer ses secrets dit cet autre passionné qui n’a manqué aucune des 34 audiences tenues depuis l’ouverture du procès début octobre 2022. « Dans ce procès on est loin des comptes, à l’allure où vont les choses, Dadis Camara va nous surprendre. Il a certainement des choses qu’il nous cache. Des révélations feront leur apparition au cours des plaidoiries, Il exigera la comparution de quelques gros bonnets en exil ».
En début d’après-midi, l’ex-putschiste a retrouvé sa sérénité face aux avocats de la défense qui vont continuer à l’interroger ce mercredi matin.
RFI
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