Par Saliou Samb
Sans âme, le Syli national de Guinée s’est effondré sous les pattes des Fennecs d’Algérie, sur le score sans appel de 3 buts à 0. Plus que le résultat technique, c’est le contenu affligeant qui a révélé les failles d’une sélection qui n’a jamais retrouvé son équilibre des matches éliminatoires, joués avant la Coupe d’Afrique des Nations.
Comme il fallait s’y attendre l’Algérie a proposé un bloc bas, des transitions subtiles et un jeu de contres qui a fait beaucoup de dégâts dans la défense guinéenne. Le match proposé par les joueurs du Syli était d’une telle pauvreté, le manque d’engagement et les hésitations sur des actions clés étaient si visibles, qu’après moins d’une mi-temps, beaucoup d’observateurs avaient compris que seul un miracle pouvait sauver une hypothétique qualification. Contrairement à ce que les experts et autres commentateurs soutiennent, je ne pense pas que l’Algérie ait été particulièrement brillante dans ce match très mal négocié (une nouvelle fois !) par l’entraîneur Paul Put. C’est lui, l’entraîneur, qui porte l’entière responsabilité de cette défaite, bâti à partir d’une défense déséquilibrée qui a faussé tous les plans d’une équipe qui s’est révélée poussive jusqu’à la dernière minute.
Je vais revenir sur un point sur lequel j’ai beaucoup insisté au cours de mes chroniques : à quoi a servi, dans cette phase finale de CAN, la sélection de Mikael Dyrestam, cet arrière latéral qui a du mal à s’impliquer résolument dans le jeu, à faire de bons appels de balles et surtout a défendre avec conviction contre ses adversaires ? A rien. Ce joueur n’aura contribué qu’à rompre la sérénité de la défense guinéenne et hormis le match contre le Burundi (victoire 2-0), où la cage du Syli n’a pas été violée, il a été au moins impliqué dans la quasi-totalité des buts encaissés par son équipe. Pour le bilan d’un défenseur qui a provoqué la mise à l’écart de joueurs comme Abdoulaye Paye Camara (Horoya AC), Alseny Camara (Horoya AC) et tous ceux qui, beaucoup plus méritants et plus talentueux que lui, écument les terrains du championnat guinéen, c’est un fiasco. Heureusement que Put ne s’est pas entêté de la même manière avec Julian Janvier, quand il a aligné ce dernier lors du match raté contre les Bareas de Madagascar (2-2 de justesse !).
Une autre critique que l’on pourrait formuler à l’endroit de l’entraineur Put, c’est cette sélection faite de bric et de broc, pas du tout complémentaire, ne respectant pas le critère fondamental de la performance, au nom d’une certaine idée du football qui veut que les meilleurs soient forcément expatriés (ce qui est archi faux). D’ailleurs, même en acceptant cette approche, pourquoi des joueurs de base, qui ont contribué grandement à la qualification de l’équipe (Sadio Diallo, Seydouba Soumah « Konkolé », Ibrahima Sory Conté « Maïbra », etc) ont été laissés en rade, effacés sournoisement de la sélection qui s’est rendue en Egypte ? Pourquoi un milieu de terrain aussi performant qu’Ibrahima Sory Sankhon (Saint Tron, Belgique) n’a pas été sélectionné ? Pourquoi un Boniface Haba, qui joue la ligue des champions d’Afrique (comme Paye Camara et Alseny Camara), ne devrait-il pas avoir la chance de jouer la CAN ? Enfin, pourquoi cette sensation d’impuissance pour une équipe guinéenne, incapable de sonner la révolte, même après avoir été menée au score contre l’Algérie ? Du jamais vu ! Par le passé, même battue, l’équipe nationale de Guinée a toujours trouvé les ressources pour se révolter et tomber les armes à la main. Cette CAN et cet entraîneur (dont on ne comprend la logique !) marque un tournant inquiétant que les dirigeants sportifs doivent très vite rectifier. Apprendre de ses erreurs est fondamental si on veut tirer les leçons d’un énième échec après avoir entretenu tant d’espoirs dans la tête des supporters. La vérité est que le Syli doit repartir sur de nouvelles bases et fixer un nouveau cap, beaucoup plus ambitieux et beaucoup plus
rigoureux.
L’équipe nationale ne devrait en aucun cas être le lieu d’expérimentation de joueurs inconnus au bataillon, sans aucun palmarès, et qui ne cherchent qu’une étiquette d’international. On a connu le cas Kevin Constant, qui a dégringolé des lambris dorés du Milan AC à la pénombre d’un petit club… iranien. Le Syli ne devrait pas non plus être la vache laitière de tous les opportunistes qui ne pensent qu’à leur propre gloire et (qui sait ?) à la meilleure manière de capitaliser sur d’éventuelles « révélations ». La CAN a montré que les équipes africaines ont progressé et très peu de place est désormais laissée à l’improvisation, à la fantaisie et aux choix aventureux.
LES NOTES DU MATCH
Ibrahima Koné (6) : S’il est un peu fautif sur le premier but pour n’avoir pas réduit l’angle de tir, on ne peut pas lui reprocher grand-chose. Il sauve plusieurs actions de buts. Avec Aly Keïta, le Syli tient un gardien de buts intéressant.
Simon Falette (5,5) : Pas à son aise face au colosse Baghdad Bounedja, il n’a pas livré une très grande partie. Mais, comme d’habitude il a soigné ses relances. Peut mieux faire.
Ernest Seka (5) : Mis en difficulté tout au long du match, il fut hésitant et très peu inspiré sur au moins 2 buts. Match à oublier.
Mikael Dyrestam (2) : Encore un très mauvais match du joueur de Xanthi. Il doit sensiblement améliorer son niveau de jeu. Catastrophique.
Issiaga Sylla (6,5) : Un des rares joueurs qui a pris des initiatives dans ce match difficile. Revers de la médaille, les Algériens ont beaucoup profité de ses montées pour apporter le surnombre en attaque.
Amadou Diawara (5,5) : Il n’a pas réalisé le match de sa vie. Il n’a pas été déterminant dans la partie.
Mohamed Lamine Yattara (6) : Une étoile dans la nuit noire du Caire. Il s’est démené comme un beau diable en attaque, prenant souvent le latéral adverse à défaut. Mais il était seul dans ses efforts. Trop seul.
Mady Camara (6,5) : Il a été très impliqué dans le match. Sans doute le meilleur guinéen dans cette partie. On sent en lui cet esprit de compétiteur.
Ibrahima Cissé (5) : Volontariste mais dépassé par la tournure des événements. Match pauvre.
Ibrahima Traoré (5,5) : Capitaine courage mais à l’image de Yattara, il n’était pas ni soutenu, ni bien servi.
José Martinez Kanté (5,5) : Il a voulu apporter un plus dans la détermination mais revenant de blessure, le manque de rythme lui a joué des tours. Match moyen et il finit sur les rotules avant d’être remplacé.
Lass Bangoura (6) : Sa rentrée a permis d’apporter un peu de percussion en attaque mais les carottes étaient cuites.
Fodé Koïta, François Kamano (non noté)
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