Depuis qu’il a été nommé au gouvernement et choisi pour porter la parole de ce dernier, il y a des acteurs politiques qui lui en valent pour maintes raisons. Du nombre de ses détracteurs se trouvent ceux avec qui il a de longues dates collaboré à l’UFDG. Ils l’accusent de traitrise , d’avoir des ambitions démesurées et de vouloir se tailler des habits qui lui sont plus grands pour avoir dit être candidat à la présidence du parti duquel il se dit toujours membre malgré qu’on l’y a exclu. A chaque fois qu’il parle, le parti qui a le pied dans le béton se lève pour l’accabler. C’est triste que l’UFDG soit réduit à réagir aux propos de Monsieur Ousmane Gaoual Diallo, de l’accuser de marauder dans ses eaux, de le fracturer et de l’affaiblir débauchant ses cadres. Mais peut-on débaucher des cadres, des hommes et des femmes convaincus par les idéaux et valeurs du parti ? Autrement, comment peut-on alléguer qu’on puisse les acheter ? Peut-être existent-ils à l’UFDG des hommes et femmes marchandises, des girouettes vénales ?
« La faim est un infidèle », dit le proverbe arabe. A l’UFDG,la politique utilisée et éprouvée depuis toujours a fait des affamés. Des affamés de la justice, du changement et du renouveau. La logique de confrontation qui est y en vigueur à tout ordre établi qu’il soit transitoire ou non a usé les forcesdes militants et a brisé leurs espérances. Elle n’a pas produit d’effets positifs. Au lieu de la changer, de la remplacer, la rigidité cognitive conduit les responsables de ce parti à s’adonner aux déballages dans la presse au point de transformer la politique en une poubelle puante. Dire qu’on aspire à la présidence du parti, qu’on souhaite qu’il y ait des primaires, qu’on doit y renouveler les instances vermoulues, est-ce bien un péché pour l’expiation duquel on doit être agoni d’injures nuits et jours et traité de va-de-la- gueule ?
A mon propos, je ne serais pas surpris d’entendre que j’ai pris fait et cause pour Ousmane Gaoual. J’aurais bien aimé le défendre, mais il est trop grand pour ne pas se défendre lui-même. Stoïque, il sait résister à tous les coups qu’il prend, aux tacles qu’on lui fait. La preuve est qu’il ne se cache pas pour dire ce qu’il pense, qu’il n’est pas ventriloque au point de s’exprimer à travers des gens. Il assume son propos et mieux le tient en plein jour. Sa liberté de ton agace par moment au point où se demande s’il devait tenir tel ou tel propos. Il est toujours au combat, il se bat pour ses idées, pour ses convictions, pour porter haut la parole du gouvernement et expliquer ses actions. Ces derniers temps, il a fait de son nouveau cheval de bataille l’instauration de la démocratie dans les partis politiques. Il ne fait pas de la pratique de la démocratie à l’UFDG une fixette, il évoque ce qu’il sait le mieux pour généraliser son propos à l’ensemble des formations politiques où existent des deus ex machinas, des factotums, des dirigeants à vie, des dictateurs, de potentiels candidats à mandats à vie.
En politique, c’est aussi le cas dans la vie, ce qui est dit n’est pas forcément pensé. Ce qui est pensé n’est pas forcément verbalisé. Entre le verbalisé et le tu, il existe un écart. Les commentateurs cherchent à savoir ce qui se serait dit pour s’en extasier ou s’en offusquer. L’homme qui gouverne préfère souvent la liberté floue de l’implicite à la clarté trop souvent contraignante de l’explicite. Cela ne s’applique pas à Ousmane Gaoual Diallo.
Le nouveau combat qu’il mène est d’une utilité plus que nationale. En effet, le rôle des partis politiques dans la démocratie ou dans son essor est souvent négligé. Or, pour le moment, et dans nombre de pas, ce sont les partis qui concourent au suffrage universel. Ils participent au débat public et en s’opposant par les idées et les outils démocratiques aux pratiques du pouvoir de ceux qui dirigent, les partis politiques souvent d’opposition permettant au peuple d’identifier des offres politiques alternatives et de les préférer à d’autres à l’occasion des joutes électorales. En Guinée, ces partis qui doivent jouer ces fonctions essentielles ne se portent pas bien. Ils ne se sont pas pour l’essentiel démocratiques, ils tournent autour des hommes et femmes qui les ont créés, qu’on ne peut changer à aucune occasion, qu’on ne doit pas contredire. Ces hommes-là meurent avec leurs partis, s’ils trépassent les partis n’auront plus rien que leurs dénominations. Les dirigeants des partis ne sont élus par personne, ils s’imposent à tous. Ils veulent que tout le monde s’y jette à leurs pieds.
Les coups d’Etat qui se produisent sur le continent s’expliquent en partie par la pratique du pouvoir à l’intérieur des partis. En Guinée, si le RPG Arc-en-ciel avait été démocratique, il aurait dit au Président Alpha Condé de s’arrêter aux haltes prévues dans la Constitution de 2010, mieux il lui aurait dit qu’on lui préférait un autre candidat. Si les primaires s’étaient tenus dans ce parti, un autre membre du parti lui aurait vaincu soit par les idées, soit à l’issue des votes des militants. Si dans ce parti, les mandats des dirigeants avaient fait l’objet de limitation, Monsieur Alpha Condé n’aurait jamais été son candidat en 2010. Peut-être le coup d’Etat du 5 septembre 2021 ne se serait jamais produit. Bien que la Côte d’Ivoire n’ait pas connu un coup d’Etat à la suite du 3e mandat du Président Ouattara ; si son parti avait été bâti sur un modèle de démocratie il aurait trouvé un autre candidat en son sein à la mort de Gon Coulibaly. Mais AlassaneOuattara est présenté comme le seul homme capable le parti était dépourvu des femmes et d’hommes pouvant réaliser ses exploits actuels. Au Gabon, si le PDG avait présenté un autre candidat autre que Ali Bongo, le coup d’Etat qui vient de s’y produire n’aurait peut-être pas eu lieu. Ali Bongo est éprouvé par la maladie et son aptitude physique à assumer la charge de président de la République ne doit même pas faire l’objet d’un débat. Comment comprendre que son parti n’ait pas pu présenter un autre candidat. Comment comprendre qu’on l’ait préféré aux autres cadres du parti. Le PDG, c’est sa chose, après avoir été celle de son père, c’est la chose de sa famille aussi.
La crise de démocratie dans les partis politiques doit être résolue. C’est cette chance que nous donne les prises de position de Monsieur Ousmane Gaoual Diallo en nous l’exposant. Il nous dit avec une constance qui appelle l’admiration des vérités que nous n’avons pas eu le courage d’évoquer et de dire. C’est en cela qu’il doit être défendu et soutenu dans ce nouveau combat. Mieux se porteront nos partis, mieux ira notre démocratie. Les partis qui se portent bien sont des partis dont les instances ne sont inféodées à des hommes et femmes qui les président au prétexte qu’ils sont leurs créateurs. Les partis qui se portent mieux sont des partis où les militants et les fédérations ne prêtent pas allégeances aux dirigeants en défendant à l’aveuglette leurs décisions mêmes les plus irresponsables. Les partis qui se portent bien sont ceux dont les instances se renouvellent régulièrement, où se tiennent des primaires à l’occasion desquelles les candidats parlent de leurs valeurs et idées, de leurs parcours, les opposent à ceux des autres et les critiquent aussi, et enfin où le choix revient aux militants les seuls souverains du parti. Le seul détecteur de la souveraineté dans un peuple est l’ensemble de ses militants, nul ne doit accaparer sa souveraineté. Les partis politiques sont pris en otage par ceux qui disent aspirer à la démocratie et se battre pour elle. Elle doit être libérée de leurs mains accaparantes.
Ibrahima SANOH
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