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Note de lecture/Le Cercle des tropiques d’Alioum Fantouré

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BIOGRAPHIE DE L’ AUTEUR

Alioum Fantouré est né en 1938 à Forécariah, en République de Guinée. Après des études très poussées de sciences économiques en France et en Belgique, il a travaillé comme économiste dans différents organismes de coopération internationale, notamment aux Communautés Economiques Européennes à Bruxelles. Il est actuellement un des spécialistes du développement industriel auprès des organisations internationales

RESUMÉ

Le narrateur Bohi Di nous raconte la vie après les indépendances au Cercle des Tropiques. Dans ce pays Africain imaginaire, Baré Koulé a pris le pouvoir à force de manigances et de meurtres. On avait fait miroiter les indépendances au peuple comme une solution à tous leurs problèmes. Apres le remplacement de l’administration coloniale par celle de Baré Koulé, le peuple du Cercle des Tropiques a l’impression de vivre un cauchemar. Le Messie-Koï et ses sbires tourmentent la population. Tout le monde doit adhérer à leur idéologie ou périr. Une idéologie qui n’est en fait qu’un culte malsain de la personnalité (excusez le pléonasme) de Baré Koulé. Bohi Di se retrouve malgré lui entrainé au début dans les événements qui ont permis à ce dictateur de prendre le pouvoir. Ensuite c’est du côté de la résistance qu’il s’embarque sans vraiment contrôler ce qui se passe. Le peuple croule sous le poids de la misère et de la terreur sans voir la moindre occasion de s’en sortir. Pourtant certains hommes osent aspirer à la liberté. Parmi eux, le docteur Malêkê, Méllé Houré et Benn Na. Dans cette lutte pour une réelle indépendance et dignité, beaucoup perdront la vie. Vaut-il mieux vivre dépendant et constamment apeuré ou mourir en essayant de conquérir sa liberté? Sachant qu’en Afrique les hommes politiques changent mais le système demeure, le renversement d’un dictateur signifie-t-il une meilleure ère automatiquement pour le peuple? « Le cercle des tropiques » est plein de rebondissements jusqu’à la dernière ligne.

Comment certains auteurs arrivent-ils à créer un monde qui nous arrache de la réalité mais en même temps nous la rappelle constamment? Alioum Fantouré a publié « Le cercle des Tropiques » en 1972. Il semble que les même maux pullulent notre continuent aujourd’hui. C’est un crime chez nous de vouloir jouir de sa liberté. Dès que vous voulez donner de la voix, vos proches ont peur pour votre vie et vous demandent de vous taire. Et pour cause, c’est dans le sang que l’on réprime l’opposition. La colonisation a été un mal pernicieux qui continue de nous affecter. Mais nos pays bien que dits libres continuent de subir la domination de quelques personnes en mal de pouvoir. Notre seul recours est la prière et l’espoir en des lendemains meilleurs. On espère que quelques uns (mais pas nous même) oseront se lever pour revendiquer un mieux être. On espère qu’un jour nos dirigeants seront intègres et auront à coeur le bonheur du peuple. En attendant que ce rêve se réalise, lisons, et éduquons nous car si l’on peut emprisonner un corps l’esprit lui peut demeurer libre entre les barreaux.

Alioum Fantouré a reçu le Grand prix littéraire d’Afrique Noire pour son premier roman. Je vous invite à découvrir « Le cercle des Tropiques » pour comprendre que cette récompense est amplement méritée.

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