Le vendredi 15 novembre 2024 restera une date marquante dans l’histoire politique et sociale de la République de Guinée. Un collectif d’anciens membres du gouvernement, rassemblant des personnalités de premier plan, s’est réuni à la grande mosquée Fayçal de Conakry pour une cérémonie de prières en faveur du Général Mamadi Doumbouya, Président de la Transition. Ce moment de spiritualité, inédit dans les annales politiques guinéennes, visait à exprimer un soutien explicite au Chef de l’État et à implorer des bénédictions divines pour la paix et la stabilité du pays.
●Un geste inédit qui brise les codes politiques.
Dans une société politique guinéenne marquée par des ruptures fréquentes entre anciens ministres et autorités en place, cette démarche étonne et interpelle. Habituellement, les anciens membres du gouvernement, dès leur départ, adoptent une posture d’opposition ou se réinventent en dirigeants politiques, parfois en s’opposant directement à leurs anciens collaborateurs.
On se souvient des exemples de figures emblématiques comme Sidya Touré, François Lonsény Fall et Lansana Kouyaté, anciens Premiers ministres sous le régime du Général Lansana Conté, devenus des opposants farouches. À leurs côtés, des noms comme Jean-Marc Telliano, Siaka Barry, Makalé Camara ou encore Papa Koly Kourouma illustrent cette tradition d’antagonisme post-gouvernemental.
Cependant, le collectif des anciens ministres réunis ce vendredi a choisi une voie résolument différente. À travers cette initiative, ils se démarquent par un acte de gratitude et de soutien à l’égard du Président Mamadi Doumbouya, rompant avec un schéma traditionnel d’affrontement politique.
●Une cérémonie chargée de symboles
La grande mosquée Fayçal, lieu emblématique de la foi et de la cohésion sociale, a servi de cadre à cette cérémonie. Le choix de ce lieu sacré témoigne de la dimension spirituelle que les initiateurs de l’événement ont voulu insuffler à leur démarche.
Parmi les figures politiques présentes, on notait Aly Seydouba Soumah, ancien ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures et l’actuel Conseiller chargé des questions d’Energie du Général Mamadi Doumbouya, Alphonse Charles Wright, ancien Garde des Sceaux, et Yaya Sow, ancien ministre des Travaux publics. Ces anciens hauts responsables, issus de différents secteurs clés de la gouvernance, ont uni leurs voix pour appeler à la paix, à l’unité nationale et à la réussite de la transition.
●Des messages de cohésion et d’espoir
Lors des allocutions qui ont suivi la prière, les organisateurs ont insisté sur l’importance de cette initiative dans le contexte actuel de la transition. Selon eux, cette période exige une solidarité nationale accumulée pour permettre au pays de surmonter les défis politiques, économiques et sociaux.
Les anciens ministres ont également salué les réformes entreprises sous la direction du Général Mamadi Doumbouya, notamment dans les domaines institutionnels et socio-économiques. Ils ont souligné l’urgence de préserver la paix et la stabilité, des conditions indispensables pour construire une Guinée forte et prospère.
●Un acte politique et spirituel inédit.
Ce geste symbolique, bien que spirituel en apparence, porte une charge politique significative. Il marque une rupture avec les pratiques habituelles, où la critique ou l’opposition sont privilégiées au détriment de la reconnaissance et du soutien.
À travers cette cérémonie, ces anciens responsables montrent une nouvelle manière d’exister politiquement après leur passage au gouvernement : celle de l’accompagnement constructif. Ce choix illustre leur volonté de transcender les clivages pour œuvrer en faveur du bien commun et de l’unité nationale.
●Une inspiration pour l’avenir.
Ce rassemblement pourrait inspirer d’autres initiatives du même genre, où les acteurs politiques, malgré leurs divergences, pourraient unir leurs forces pour soutenir des projets nationaux et des dirigeants engagés dans la transformation du pays.
Alors que la Guinée continue de traverser des moments cruciaux de son histoire, ce type d’initiative rappelle que la solidarité et la cohésion restent des piliers essentiels pour relever les défis communs.
Par Aboubacar SAKHO,
Juriste-Journaliste
