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Le déficit de liberté économique : une menace pour la démocratie

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Le bien-être économique des femmes et des hommes a progressé durant des siècles dans le monde occidental. L’amélioration du revenu mondial par habitant a été particulièrement impressionnante au cours des 70 dernières années. Elle a suivie la croissance économique qui a impacté tous les pans de la société. Ainsi, le PIB mondial par habitant, corrigé de l’inflation, a été multiplié par quatre environ en moyenne depuis 1950. La population mondiale est passée de 2 milliards à plus de 7 milliards au cours de la même période, tandis que la population vivant dans la pauvreté absolue s’est réduire à environ 1 milliard.

Le terreau du développement

D’une manière certes schématique mais évidente, le meilleur terreau du développement économique est la liberté économique et politique. Autrement dit, il s’agit de créer un environnement incitatif pour que les individus poursuivent leur intérêt en cherchant à obtenir les meilleurs revenus avec le moins d’interférence possible de la part de l’administration. Donner aux acteurs économiques la liberté d’acheter et de vendre, d’employer ou d’être employé (e), d’embaucher ou de licencier, d’épargner et d’investir à leur guise est un environnement qui permet de créer de la richesse. Cela signifie aussi pouvoir créer librement de nouvelles entreprises offrant des produits et services capables de concurrencer le marché existant. De plus, les gouvernements doivent être en mesure de protéger ces libertés, de protéger l’épargne et la propriété. L’État de droit est un ingrédient essentiel pour une action économique libre. L’égalité devant la loi est une base nécessaire.

Les fossoyeurs de la liberté économique

Pourquoi alors les pays échouent-ils à trouver le bon équilibre entre le poids de la législation et la liberté économique de manière à générer du progrès économique? C’est une question importante parce que la liberté économique soutient fortement l’intérêt général grâce à une économie forte.  Ce qui saute tout de suite aux yeux, c’est que tous ceux qui tirent des intérêts de leur proximité du gouvernement, pour des raisons ethniques ou religieuses, ont peu d’intérêt à voir la liberté économique progresser. Cela les obligerait à quitter leur petit entre-soi protégé et facile pour affronter la vraie compétition. Fini les licences qui les protègent contre la concurrence, locale et étrangère, ou leur offrent un accès privilégié à des droits miniers ou fonciers de grande valeur.

Ajoutons que les fonctionnaires responsables de la réglementation régissant l’activité économique ont aussi un intérêt économique dans le maintien du statu quo. Cet environnement « feutré » leur garantit des emplois sûrs et bien rémunérés offrant des avantages bien supérieurs à la moyenne, notamment des droits à la retraite. Ainsi, par essence, ils n’ont aucun intérêt à devenir des réformateurs. Une faible liberté économique fait leur affaire au détriment de la grande masse des populations qui galère.

Liberté économique et démocratie : un destin commun

Le think tank Freedom House étudie le niveau de liberté démocratique dont jouissent tous les pays. Le Fraser Institute du Canada, quant à lui, a été le premier à mesurer de manière comparative la liberté économique dans le monde. On constate, si l’on rapproche les chiffres que les classements des pays en termes de liberté économique, réalisés par le Fraser Institute, et en termes de liberté politique mesurée par Freedom House, sont fortement corrélés. Par exemple, les pays scandinaves obtiennent de bons résultats dans les deux groupes. La Finlande, la Norvège et la Suède enregistrent un maximum de 100 points pour la liberté politique. Les États-Unis obtiennent un score de 86 pour la liberté politique et 80,3 pour la liberté économique.

On remarque, en observant les différents pays du monde que lorsqu’il y a un déséquilibre entre la liberté économique et la liberté politique il y a toujours un impact
négatif.

On constate par exemple qu’un score relativement élevé de liberté économique peut être obtenu sans grande liberté politique, comme en Chine, en Russie et au Vietnam. Ce contexte est difficilement soutenable et il reste fragile. Les expériences de planification économique centralisée de ces pays  montrent qu’il faut forcement réprimer les libertés démocratiques pour maintenir l’ordre central. Combien de temps cela sera possible ?

Sans surprise, le score de l’Afrique du Sud en matière de liberté économique est très médiocre tout en étant meilleur en terme de liberté politique, sans toutefois être excellent. On constate une diminution de son score de liberté économique ces dernières années (actuellement à 64,5/100), ce qui lui confère un faible rang, soit le 110ème sur 160 pays. Le score de 79/100 est obtenu pour la liberté politique mesurée par Freedom House. L’Afrique du Sud est dans le deuxième quartile des pays libres. Mais, les tendances récentes du pays ne vont pas dans le bon sens, à la fois pour la liberté politique et la croissance économique. Le gouvernement sud-africain hypertrophié et ses entreprises étatiques offrent un bon haut niveau de vie à ceux qui travaillent pour eux ou les fournissent à des conditions très favorables. L’appartenance au parti au pouvoir a également été une source précieuse pour obtenir des revenus plus élevés. Il s’agit bien d’un modèle de réussite reposant sur une appropriation sélective qui laisse le plus grand nombre dans les difficultés.

Ces intérêts particuliers seront-ils dépassés un jour? Nous ne pouvons qu’espérer que l’Afrique du Sud, compte tenu des dangers de la stagnation économique, fasse preuve de davantage de bons choix pour renforcer son environnement de liberté économique.

Kantor, directeur de l’institut de recherche d’Investec Wealth & Investment. Article initialement publié en anglais par la Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique

Article publié en collaboration avec Libre Afrique

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