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Reconstitution assassinat Sankara : Remake d’un film tragique avec Diendéré

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Cette fois ce n’était qu’une simulation. Il y a un peu moins de 33 ans, la réalité était autrement plus tragique. Hier jeudi 13 février 2020, le Tribunal militaire a procédé à la reconstitution des faits sur l’assassinat de Thomas Sankara. Un jeudi comme ce fatidique 15 octobre 1987, et bien sûr sur les lieux du crime, le célèbre Conseil de l’entente en plein centre-ville, où était censé avoir lieu un exercice des Forces de défense et de sécurité  dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Un film tourné hier en présence des témoins, des parties civiles et de toute personne jugée nécessaire par les juges, notamment les accusés aux premiers rangs desquels le général Gilbert Diendéré, un élément-clé du dossier, sorti exprès de la Maison d’arrêt et de correction des armées où il purgeait une peine de 20 ans dans le cadre de l’affaire du putsch manqué de 2015. La séance d’hier aura aussi permis à la justice de voir ce que les différentes parties prenantes ont éventuellement pu faire ce jour-là.

Cette reconstitution devrait permettre de savoir ce qui s’est passé véritablement, même si les principaux acteurs n’ont pu participer au tournage : ni le président Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire depuis sa chute en octobre 2014, ni l’adjudant Hyacinthe Kafando, lui aussi en fuite depuis 2015, tous les deux sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice burkinabè.

A n’en pas douter, c’est une avancée majeure dans l’instruction de ce dossier, littéralement gelé sous le régime de Blaise Compaoré et opportunément décongelé sous la Transition par le « fait du prince », pour reprendre l’expression du président intérimaire, Michel Kafando. Depuis cette période, l’affaire semble mettre le turbo. Il y a eu l’exhumation de ce qui était censé être les restes du leader du CNR, même si jusque-là toutes les expertises d’ADN commanditées n’ont pas été concluantes.

A la faveur de son séjour à Ouagadougou en novembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, avait promis de déclassifier les dossiers relatifs à cette affaire. Une promesse effectivement suivie d’effets, puisque deux lots ont été reçus par le Burkina, et un troisième serait attendu selon les avocats de la famille Sankara.

On comprend donc que Me Bénéwendé Sankara, l’un des conseils des ayants-droit du défunt président du CNR, estime que « c’est une sérieuse avancée… on évolue favorablement vers le procès ». Manifestement on s’achemine vers le bouclage de l’instruction sauf rebondissement judiciaire sans qu’on sache trop quand ce dossier brûlant sera appelé à la barre, et avec qui dans le box des accusés. 23 personnes ont été en effet inculpées pour attentat, assassinat et recel de cadavres. Même si pour beaucoup de Burkinabè, l’identité du commanditaire de ce drame n’a jamais fait l’objet du moindre doute, à savoir Blaise Compaoré, celui à qui le crime a profité, qui sera sans doute jugé par contumace.

L’Observateur Paalga

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