Guinéennes, Guinéens, chers compatriotes,
La Guinée a été, depuis 1958, parmi les champions du panafricanisme. Nous savons tous les sacrifices que notre peuple a consentis pour soutenir les mouvements de libération. L’armée guinéenne a vaillamment participé à la libération de nos frères de Guinée Bissau. Il y a eu même des moments où le président défunt, Lansana Conté, dirigeait des contingents à partir de Boké. Le MPLA a été fondé en Guinée.
Le président Mandela et son frère M’Beki ont eu l’entrainement militaire a Kindia. Nous avons assisté nos frères d’Angola, de Mozambique et du Congo. Et donc, c’est par responsabilité nationale et sous régionale que nous avons accepté un report léger de la date des élections. Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade, mais la fidélité à ce qu’a été de la Guinée hier, qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle sera demain.
N’oubliez pas que dans la nouvelle Constitution, nous avons écrit que la Guinée est prête à se fondre dans un ensemble plus vaste. Voilà pourquoi nous devons rester toujours dans le cadre de la CEDEAO et de l’Union africaine. Bien-sûr, certains vont jubiler en disant que c’est de la capitulation. Voilà donc, la lettre que j’envoie au président en exercice de la CEDEAO.
Je sais que beaucoup d’entre vous vont être mécontents, deçus et révoltés. Mais, la Guinée faisant partie du panafricanisme, peut-elle s’isoler de ses pays frères ? Nous disons non. Mon passé est là : ancien président de la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France), défenseur du panafricaniste, ancien président de l’Union africaine. Vous avez tous vu comment j’ai défendu l’indépendance de l’Afrique et comment je me suis battu pour que les gouvernements africains soient libérés par les africains.
Donc, c’est fort de cette responsabilité et de l’esprit panafricain et guinéen que j’ai accepté ce report. Je rappelle encore aux militants, sympathisants et à tous les Guinéens qui voulaient exercer leur droit le 1er mars, que c’est un grand sacrifice je leur demande. Je sais que beaucoup ne dormiront pas ce soir, beaucoup vont pleurer, beaucoup vont se révolter, mais il est de la responsabilité d’un Chef d’Etat de défendre les intérêts de son pays mais aussi l’intérêt de la sous-région et de l’Afrique.
La Guinée, par son passé, doit être toujours parmi les leaders du panafricanisme. Nous restons fidèles à notre histoire. Tant pis pour ceux qui vont croire que c’est un recul ! L’avenir nous montrera que nous sortirons grandis de cette épreuve et que le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés. Et je persiste encore, et c’est important : ne sont concernés que les partis politiques qui sont en règle devant la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante). Je précise très bien, cela n’engage que les partis déjà engagés dans la compétition électorale.
Merci chers compatriotes.
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