La pandémie mondiale du Coronavirus a permis de révéler au grand jour le visage hideux de sombres « prophètes » de l’apocalypse qui ne se sont pas gênés, au mépris des chiffres et des faits, d’activer leur imagination fertile. L’Afrique, continent le moins touché jusqu’à l’heure, et de très loin, serait donc condamnée à compter très prochainement ses morts, par millions, tous fauchés par le satané virus, sous le regard impuissant de nos Etats moribonds.
On en oublierait presque la pénurie de masques ou d’appareils d’assistance respiratoire qui a pris de court les Puissants, les dizaines de milliers de cadavres sur les centaines de milliers d’individus infectés en Occident et en Asie, tant les loupes de Lucifer, installées au-dessus du continent noir – perçu près de 4 mois après le déclenchement de la crise sanitaire mondiale, comme une anomalie ! -, n’arrivent pas à satisfaire les lubies de nos meilleurs « amis ».
Et pourtant, le Coronavirus aura au moins servi à prouver essentiellement une chose : la course effrénée à la richesse, au détriment du Vivant, de la famille, des enfants de ce monde, des faibles et des impotents, de ceux qui souffrent et qui vivent dans des situations misérables, l’abandon des personnes âgées à la solitude ou dans des maisons de retraite, le rejet de toutes ces valeurs nobles qui font de nous des êtres de sang et de chair, n’est que vanité et vaine illusion. Tant d’efforts fournis pour que tout reste bien immobile et la nature nous a fourgué ça ; cette bestiole invisible qui nous fait perdre la voix, bouleverse nos certitudes, divise la communauté scientifique, humilie des chefs d’Etats arrogants, roule dans la farine oppositions et révolutionnaires du dimanche, et en bouche un coin à tous ces parvenus, arrivistes, moins que rien, si pressés d’exhiber leurs nouvelles acquisitions matérielles.
L’Afrique, si méprisée par ignorance crasse de son passé (et les Africains sont en tête de liste dans ce mouvement pathétique !), devient une terre d’enjeux stratégiques, un endroit sûr où on peut se mettre à l’abri, si vaste, si « peuplé », si riche, au point de donner des idées à des farfelus qui ne souhaitent pas moins que l’application des thèses les plus répugnantes de Malthus (1).
C’est à croire que l’Afrique n’était plus notre propriété à nous, et que les premiers homos sapiens-sapiens (homme deux fois sage) ne servaient plus à rien. C’est à croire que dans la mentalité ambiante, une certaine idée biaisée du continent noir, née de la sombre période de l’esclavage, renforcée en Occident par des philosophes malhonnêtes et les conquêtes honteuses de Napoléon Bonaparte, et bien entendu la colonisation, devait être maintenue coûte que coûte. Il y a quelques années, quelqu’un est passé dans une université, au nom si respectable de Cheikh Anta Diop, pour nous servir, du haut de sa posture de chef d’Etat, une logorrhée surréaliste, actant que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Treize ans après, pour noyer les soucis et les céphalées provoqués par le Covid19, l’Afrique est redevenue une sorte de punching-ball où n’importe qui, avec de bas préjugés, des desseins inavouables, dissimulés sous des œillères du 18è-19è siècles, peut se défouler pour sortir ses compatriotes du stress provoqué par le… confinement.
Pour nos leaders et nos intellectuels pris dans les lianes dans la jungle politique, il faudra bien un jour regarder la réalité en face et comprendre, enfin, que ceux qui nous déclarent si généreusement leur flamme, en ces moments graves, nous aiment comme la corde du condamné à mort aime le pendu. Bien entendu, il faudra agir en conséquence, en changeant de paradigme, en sortant de la gestion brouillonne du quotidien pour afficher de vraies ambitions face à un monde de plus en plus violent, de plus en plus vil, et de plus en plus immoral.
Car, en définitive, devant l’hostilité bruyante ou sournoise, l’Afrique qui compte moins de malades infectés au
Coronavirus que de morts en Espagne, en France ou en Italie, doit faire face aux basses manœuvres et à une forme de parole libérée qui la traite avec condescendance. Mais il faudrait beaucoup plus que de simples lettres de protestations acheminées par… voie diplomatique pour résister à ce complot aussi abject que misérable. En attendant, afficher notre sens élevé des responsabilités dans le combat contre ce mal qui menace cette humanité, qui a vu le jour sur notre continent, nous sauvera tous. A commencer par ceux qui croient encore, à tort, au mythe du « Hamite civilisateur », celui-là même qui, tel un mystérieux navigateur s’embarquant dans le Titanic ou ce poussiéreux cavalier blanc enfourchant l’Orient express, serait venu apporter la flamme de la « civilisation » chez nous. Dommage qu’il ait disparu aussitôt et qu’on ne retrouve plus ses traces (défense de rire) !
Plus sérieusement, l’Afrique est jeune, ce qui reste une force inestimable face au Covid19. Mais nous avons encore besoin de ces bibliothèques vivantes que sont nos vieillards. Alors, respectons les gestes barrières et les mesures d’hygiène conseillés par les scientifiques ; évitons les contacts intempestifs pour rompre la chaîne de contamination et, surtout, pour renvoyer le virus d’où il nous a été importé. Ce sera une belle manière de rabattre le caquet à tous ces loups qui nous « aiment » tant.Ce qui est sûr, avec des « amis » comme ça, on n’a plus besoin d’ennemis…
SS
- Thomas Robert Malthus, né près de Guildford (Surrey) le 13 février 1766 et mort à Bath (Somerset) le 29 décembre 1834, est un économiste britannique de l’École classique, et également un prêtre anglican. Le malthusianisme inclut une politique active de contrôle de la natalité pour maîtriser la croissance de la population.
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