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Attaques jihadistes au Burkina Faso: 1.650 civils et militaires tués en cinq ans

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Les attaques jihadistes perpétrées au Burkina ont tué, en cinq ans, plus de 1.650 civils et militaires burkinabè sur l’ensemble du territoire, selon un rapport publié mercredi sur les violences dans ce pays sahélien.

Dans le même temps, les forces de sécurité burkinabè sont accusées de la mort de 588 civils.

« Entre avril 2015 et mai 2020, les groupes terroristes ont mené au moins 580 attaques ciblant surtout l’armée, des commissariats de police, des milices avec lesquelles l’Etat coopère, des écoles, des mairies. De nombreux autres incidents ont été rapportés dans les médias et sur les réseaux sociaux, ce qui laisse supposer que le nombre total d’attaques commises pendant cette période est vraisemblablement bien plus élevé », a indiqué l’Observatoire pour la démocratie et les droits de l’homme (ODDH), dans ce document intitulé « Burkina Faso. Risque d’un nouveau Rwanda ? ».

« Des 580 attaques terroristes, au moins 221 attaques ont été menées contre les Forces de défense et de sécurité (FDS), tuant 436 éléments de ces forces, et blessant 310 autres. Au moins 359 attaques terroristes ont été dirigées contre des cibles civiles, causant la mort de 1.219 civils dont 595 personnes, par assassinat ciblé et blessant au moins 349 autres citoyens », selon le rapport, qui recense également « 76 cas d’enlèvement, totalisant 181 victimes ».

Au moins 45 attaques (sur 580) ont été commises à l’aide d’engins explosifs improvisés, visant presque dans la totalité des cas les FDS, note l’ONG.

Selon le président de l’ODDH, Lookman Sawadogo, ce bilan a été établi à partir de plusieurs sources, dont le gouvernement burkinabè, les médias et les ONG et concerne les attaques commises « entre le 4 avril 2015 et le 31 mai 2020 » par les groupes armés jihadistes.

Sur la même période, les forces de sécurité burkinabè sont accusées de la mort de 588 civils, selon différentes ONG. « La très grande majorité de ces civils tués par les FDS appartient à la communauté peule », souligne le rapport.

Les groupes islamistes armés recrutant notamment parmi les Peuls, les amalgames sont fréquents entre cette communauté et les jihadistes. Les groupes jihadistes attisent d’ailleurs ces tensions, et les représailles contre les Peuls se sont multipliées en 2019.

« Pour avoir un génocide, il faut qu’on isole une ethnie et c’est ce qui est en train de se passer au Burkina Faso », a commenté Lookman Sawadogo, évoquant la « stigmatisation » des Peuls.

Selon l’ODDH, le Burkina Faso a enregistré un « premier massacre ethnique » en janvier 2019, dans le village de Yirgou lorsque 220 Peuls selon des ONG, 43 selon le gouvernement, ont été tués par des membres d’un groupe d’autodéfense, en représailles à un l’assassinat.

Par ailleurs, les forces de sécurité et les groupes d’autodéfense sont accusés d’être responsables de la mort de plus de 900 civils, depuis 2018, selon l’ONG.

« Le nombre de meurtres a également augmenté à cause des exactions commises par les FDS, les forces paramilitaires et les groupes d’autodéfense – ayant tué, selon les différentes enquêtes d’ONG et les médias, au moins 925 civils depuis 2018 à ce jour », d’après le rapport.

Le Burkina Faso est le théâtre d’attaques jihadistes, souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires, depuis 2015, qui ont contraint plus d’un million de personnes à fuir leurs foyers.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec plus de cinq mille soldats dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

AFP

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