J’ai lu avec une attention soutenue, cette tribune de Mon frère Tibou Kamara. Et j’ai compris qu’il s’exprime en qualité de soutien à la candidature du Président Alpha Condé, à la prochaine élection présidentielle. Ce n’est point une surprise au regard du cheminement de l’homme depuis maintenant une décennie. Donc issu du système de la gouvernance en place, il n’y va pas du dos de la cuillère. Il le magnifie. Or le Christ dit, en Jean 5,31 : si je rends témoignage sur moi-même, mon témoignage n’est pas véritable. En conséquence, l’autorité de Moïse, comme celle de tous les autres princes, devait être fondée sur le consentement du peuple promettant obéissance.
Sauf que dans le cas guinéen, la promesse d’obéissance dont il est question, se trouve fortement ébranlée entre autres par des diverses manifestations de rue, à travers le pays dont les conséquences à court terme fragilisent considérablement le vivre ensemble. Des sages et coordinations régionales sont ainsi dans une dynamique d’alliance contre le prince. Et comme vous le savez, Monsieur Tibou Kamara, la Doctrine de Spinoza enseigne que l’alliance est constituante d’un nouveau droit : si deux individus s’unissent ensemble et associent leurs forces, ils augmentent ainsi leur puissance et par conséquent leur droit ; plus il y aura d’individus ayant aussi formé alliance, plus tous ensemble auront de droit.
Je ne vous apprends pas non plus que, Jean-Jacques Rousseau, dans son expression de l’ordre civil note que : tant qu’un peuple est contraint d’obéir et qu’il obéit, il fait bien ; si tôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le secoue, il fait encore mieux ; car recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie ou il est fondé à la reprendre, ou l’on ne l’était point à la lui ôter.
Dans une jeune démocratie animée par une aspiration des jeunes qui se questionnent sur leur avenir, (quoi de plus normal) l’ordre social est un droit sacré face aux mystères des desseins inavoués d’une frange de la classe dirigeante (n’est-ce pas Dieu a été inventé pour donner une explication aux mystères ?).
Monsieur Tibou Kamara, quand votre journal « L’observateur » m’avait désigné, sur votre instruction d’ailleurs, pour assurer la couverture médiatique du procès du leader Alpha Condé, pour moi c’était une consécration. Inutile de revenir sur ce pan de l’histoire. Maître Paul Yomba Kourouma, un des éminents avocats de l’accusé peut en témoigner, combien de fois, Alpha Condé m’inspirait confiance. Les idées d’Alpha Condé étaient source d’espoir. J’avais forte conviction qu’une fois devenu prince ou législateur, il ne perdrait pas le temps, pour construire un État de droit exemplaire dans la sous-région. Mais hélas, l’espoir fondé en l’homme par une bonne partie de l’élite africaine à la période postindépendance, du fait de son engagement et de la constance de ses idées laissait augurer des lendemains meilleurs, pour le pays. Confronté à la réalité du pouvoir, l’on découvre le vrai visage de celui qui se prétend être le Nelson Mandela en foulant par terre les principes sacro-saint de la démocratie et de l’État de Droit.
Dans ce rêve éternel, je ne désespère toujours pas quant à la prise de conscience du prince sur l’état de déliquescence du pays. Car comme Saint Jérôme (331-420), je persiste à croire que les premières impressions de la jeunesse s’effacent difficilement : quand une fois la laine a été teinte en violet, il est impossible de lui rendre sa couleur naturelle.
Et à l’instar de Chip Kidd auteur de La première impression, je voudrais vous réitère cher confrère Tibou Kamara, que la vie est éphémère, ce qui demeure : les idées, l’inspiration, l’amour. Je prie le Tout-Puissant Allah, pour que cette trilogie soit celle que le prince léguera à la Guinée de demain. Amin !
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