Soumaïla Cissé est décédé, vendredi 25 décembre, à Paris où il était soigné après avoir contracté le Covid-19. Plus que tout autre quartier à Bamako, Badalabougou est en deuil. L’ancien chef de l’opposition au Mali y avait établi sa maison familiale. C’est également le quartier du siège de son parti, l’Union pour la république et la démocratie (URD), qui salue sa mémoire. À Niafunké, la ville de son enfance, l’émotion est grande aussi.
Devant la maison de la famille Cissé, dans le quartier de Badalabougou, une tente a été montée à la hâte pour accueillir les nombreuses personnalités et anonymes qui affluent. Le décès brutal de Soumaïla Cissé, à l’âge de 71 ans, est vécu comme un choc. Les mots de réconfort et de condoléances à destination de sa fratrie s’enchaînent. Amadou Alhousseini Touré, le beau-frère du défunt, est abasourdi :
« C’est l’oncle de mes enfants. Je ne peux rien dire d’autre que la perte incommensurable pour nous, pour la famille, pour le Mali. Mais je pense en ce moment surtout à son épouse Assa, à Paris, je pense à ses quatre enfants. »
« Malgré tout ce qu’il a subi, l’homme est resté debout, au service du Mali, de la démocratie »
Outre un père de famille, Soumaïla Cissé était une personnalité de premier plan au Mali et dans le quartier surtout. À Badalabougou, tout le monde le connaissait. Mahoumoudou Aldiana Bangou, partisan et sympathisant de Soumaïla Cissé depuis 2002, se rappelle son humanisme. Il en parle encore un peu présent :
« Dès qu’il vous croise, qu’il vous connaisse ou qu’il ne vous connaisse pas, on dirait que ce n’est pas un Malien. Soumaïla ressemble plus à un Américain. À chaque fois que vous rencontrez un Américain, il vous rencontre avec un gros sourire, il vous dit » Hi ! » et vous avez l’impression de le connaître. Soumaïla Cissé avait ce style-là. »
Jusqu’à la tombée de la nuit, des dizaines de personnes étaient encore présentes devant la maison familiale. Tous attendent le retour de la dépouille de Soumaïla Cissé pour lui rendre un dernier hommage lors des funérailles, dont la date n’a toujours pas été annoncée.
Né à Tombouctou, c’est à Niafunké que Soumaïla Cissé a grandi. Cette ville est devenue son fief. Et aujourd’hui, on pleure sa disparition. « Soumaila, c’est le fils de Niafunké. Soumaila, c’est tout Niafunké. Tout Niafunké se retrouve en Soumaila. Quand on dit Niafunké, c’est Soumaila. Quand on dit Soumaila, on pense automatiquement à Niafunké. Voyez ce que cela fait quand vous perdez un chef comme ça », explique Samba Bah, le maire de Niafunké.
Boubacar Karamoko Coulibaly, vice-président de l’Union pour la république et la démocratie, parle de « l’héritage » laissé par Soumaïla Cissé. Cet héritage, « c’est d’abord le sens du combat qu’il a mené sur le plan politique : l’amour de la patrie, l’engagement pour le pays. Malgré tout ce qu’il a subi, l’homme est resté debout, au service du Mali, de la démocratie ». Boubacar Karamoko Coulibaly l’assure : « Son combat ne sera pas vain. »
RFI
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