CHRONIQUE. L’élimination prématurée de l’équipe guinéenne à la Coupe d’Afrique des nations a suscité une vive indignation, alors que les révélations sur les frais engagés par la Fédération de football défraient la chronique.
Un petit tour et puis s’en va ! Le séjour égyptien du Syli national, la sélection guinéenne, fut bref et terne. À aucun moment, le pachyderme (syli signifie éléphant en langue nationale soussou) n’a réussi à coller à l’événement. Repêché in extremis, au terme du premier round, la team de Naby Keïta a été rapidement stoppée par la redoutable machine algérienne. Un match nul, une petite victoire, deux défaites ! Un maigre bilan, mais un coût pharaonique. Normal, me direz-vous, on est au pays des pyramides ! Plus de 60 milliards de francs guinéens, soit entre 6 et 7 millions d’euros selon notre confrère, Guinéenews !
Une défaite prématurée et beaucoup de questions
Près de 3 millions d’euros rien que pour le transport opéré sur la base d’un contrat signé de gré à gré avec l’agence de voyages SMC Négoce. Il ne s’agit là que des dépenses effectuées à la date du 25 juin. Il faudra y ajouter le séjour des joueurs, du staff technique, des officiels et des 500 supporteurs (choisis sur quels critères ?), le billet retour, l’achat des équipements sportifs et sanitaires et bien d’autres petites bricoles aux frais du contribuable dans un pays où le salaire moyen avoisine les 56 dollars et où près de 40 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Il est vrai que le football n’est plus une simple question de crocs-en-jambe et de coups de pied en l’air. C’est devenu un fait de société, que dis-je, l’indicateur majeur de notre civilisation ludique, jouisseuse et mondialisée. C’est aussi et surtout la machine à tout faire : le fric, le pouvoir, les dieux du stade et les croisés du ballon rond. Une aubaine pour les affairistes et les politicards ! Dans certains pays, il est devenu un sujet sensible au même titre que le sexe, la politique ou la religion. Il est normal, voire vital pour nos États, de veiller sur nos équipes, surtout à la CAN – le seul espace où Noirs, Malgaches et Arabo-Berbères se sentent pleinement africains –, mais alors avec l’art et la manière. Le président malgache, par exemple, a attendu que sa prodigieuse jeune équipe atteigne les quarts de finale pour mettre la main à la poche. Deux avions affrétés, 800 supporteurs invités : les anciens footballeurs, des gamins issus de quartiers défavorisés, des citoyens méritants. Non, nos dirigeants ne sont pas des saints, mais enfin, pour peu qu’ils y mettent la forme, cela suffit à notre joie.
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