A son excellence le président actuel de la République de Guinée Conakry, Monsieur Alpha Condé.
Je vous écris ce message en une période critique de l’Histoire de Guinée, et de l’Afrique de manière générale.
Monsieur le Président,
Vous avez été durant vos débuts politiques (dans l’opposition) un héroïque et fervent défenseur de la démocratie. Défenseur qui fut même envoyé en prison pour ses convictions.
Aujourd’hui au pouvoir, vous l’ex-détenu politique prodémocratie, vous incarcérez illégitimement à foison. Pire vous faites assassiner ceux qui ont le malheur de s’opposer à votre tragique dérive dictatoriale.
Vous étiez un espoir, vous êtes en train de devenir un cauchemar. À cause de quoi ? À cause de votre amour maladif du pouvoir.
Vous souhaitez un 3e mandat . Et la majeure partie du peuple s’y oppose. Elle ne s’y oppose pas uniquement parce qu’elle tient religieusement à la loi des 2 mandats maximum pour un président. La majorité du peuple guinéen s’oppose aussi à votre 3e mandat, car dans les faits vous n’avez rien fait de bon sur le terrain de la justice sociale durant vos 2 mandats. Et il y a un adage qui dit jamais 2 sans 3.
Corruption, népotisme, enrichissement d’une minorité, paupérisation de la majorité. Triste est le bilan.
Monsieur le Président, si vous aimez l’Afrique plus que le pouvoir, je vous en conjure, arrêtez le massacre. Retirez-vous avec dignité, présentez vos excuses aux familles de ceux de vos compatriotes que vous faites assassiner. Libérez ceux qui comme mon courageux frère et ami Élie Kamano, ont été injustement incarcérés, car (comme vous auparavant) ils se battent pour la liberté.
Monsieur le président, chaque persécution a un début et une fin. Vous êtes à une période où vous avez les pleins pouvoirs dans vos mains et vous vous pensez sans doute intouchable. Mais n’oubliez jamais qu’aucun président n’est éternel, et tôt ou tard si vous ne vous retirez pas avec dignité, le peuple finira par vous déloger. Et à ce moment-là, c’est le pire que vous risquerez.
Kemi Seba, président de l’ONG Urgences panafricanistes